4 Mai 2025
Doctor Who (2023) // Saison 2. Episode 4. Lucky Day.
Depuis son retour en grande pompe avec la nouvelle saison, Doctor Who a alterné entre épisodes expérimentaux et retours aux fondamentaux. Après le très remarqué « 73 Yards », qui avait réussi à marier frisson et émotion dans une ambiance presque surnaturelle, l’épisode 4 de cette saison 2, intitulé « Lucky Day », prend un virage différent. Moins inspiré, plus bavard, il laisse un arrière-goût d’inachevé. Non pas que l’épisode soit fondamentalement mauvais, mais il trébuche là où ses prédécesseurs avaient trouvé leur équilibre.
Le cœur de cet épisode repose sur Conrad Clark, un podcasteur arrogant et prétentieux dont la trajectoire croise celle du Docteur lorsqu’il est enfant, avant de retrouver Ruby Sunday des années plus tard. On comprend rapidement que cette rencontre initiale n’a rien d’anodin pour lui. Là où l’épisode tente d’explorer les conséquences d’un événement extraordinaire sur un individu ordinaire, il tombe dans le piège de l’exagération : Conrad devient vite une caricature d’antagoniste, plus irritant que réellement menaçant. Si Jonah Hauer-King, connu pour son rôle dans La Petite Sirène, s’implique avec énergie, le personnage qu’il incarne manque de subtilité.
Là où des figures iconiques comme Le Maître ou Davros savaient captiver, même dans la noirceur, Conrad donne davantage envie de couper le son que de suivre son évolution. Trop centré sur lui-même, trop bavard, il incarne cette figure de l’“influenceur” complotiste dont la fiction regorge ces dernières années. Le voir en action ne provoque ni peur, ni empathie, juste une lassitude croissante. Heureusement, l’épisode ne repose pas uniquement sur Conrad. Ruby, interprétée avec justesse par Millie Gibson, porte une partie de l’émotion de « Lucky Day ». Son parcours, marqué par la solitude et l’incertitude depuis son retour sur Terre, donne lieu à quelques scènes touchantes.
Sa relation ambiguë avec Conrad intrigue d’abord, avant de susciter l’inquiétude. On ressent chez elle un vrai désarroi, presque palpable, notamment lorsqu’elle évoque les répercussions psychologiques de ses voyages avec le Docteur. Une allusion à un possible trouble post-traumatique qui mérite d’être saluée pour sa rareté dans la série. Cette facette introspective aurait mérité plus de place. Elle offre à Ruby une profondeur nouvelle, bien plus intéressante que l’arc mystérieux autour de ses origines. Ce qui fonctionne ici, c’est la volonté de montrer qu’explorer l’univers n’est pas sans conséquences. Derrière les merveilles, il y a aussi la peur, le danger, et les cicatrices invisibles.
Comme dans « 73 Yards », le Docteur est peu présent dans cet épisode. Si cette absence laissait place à un récit fort dans le précédent, elle se fait ici sentir par un certain vide narratif. Ncuti Gatwa n’intervient que tardivement, dans une scène censée remettre Conrad à sa place... mais qui tombe à plat. Là où l’on attendait une confrontation marquante, on se retrouve avec un échange verbeux qui ne mène à rien. Conrad, fidèle à lui-même, reste imperméable à toute remise en question. Cette dynamique stagne et empêche l’épisode de prendre l’ampleur qu’il aurait pu atteindre.
Le potentiel était pourtant là : explorer la désinformation, le culte de l’image, et la manière dont certains manipulent les récits à leur avantage. Mais à force de survoler ces thèmes sans jamais les creuser, l’épisode laisse passer sa chance. Le retournement final, censé choquer ou surprendre, se révèle prévisible. L’épisode semblait vouloir jouer la carte du mystère et du faux-semblant, mais finit par s’enliser dans un schéma trop téléphoné. L’intervention de UNIT, si elle apporte un peu d’action bienvenue, ne suffit pas à sauver une intrigue déjà essoufflée. Même le twist autour de Mrs. Flood, censée faire avancer l’arc global de la saison, peine à susciter l’intérêt.
En comparaison directe avec les épisodes précédents, « Lucky Day » souffre d’un manque d’identité. Ni assez audacieux pour marquer les esprits, ni assez solide pour être une aventure classique réussie, il oscille sans jamais trouver sa voie. Un épisode de transition, certes, mais un épisode qui aurait pu — et dû — être bien plus marquant. « Lucky Day » est un épisode frustrant. Il frôle des idées intéressantes, notamment sur la santé mentale et les dangers de la désinformation, mais les traite de manière trop superficielle.
Le personnage de Conrad, trop caricatural, affaiblit l’ensemble, et même la performance sincère de Ruby ne parvient pas à redresser complètement la barre. Reste à espérer que les épisodes à venir corrigeront le tir et donneront un écho plus profond aux enjeux esquissés ici.
Note : 5/10. En bref, « Lucky Day » souffre d’un manque d’identité. Ni assez audacieux pour marquer les esprits, ni assez solide pour être une aventure classique réussie, il oscille sans jamais trouver sa voie. Un épisode de transition, certes, mais un épisode qui aurait pu — et dû — être bien plus marquant.
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