Critiques Séries : Only Murders in the Building. Saison 5. Episode 9.

Critiques Séries : Only Murders in the Building. Saison 5. Episode 9.

Only Murders in the Building // Saison 5. Episode 9. Lestr.

 

Regarder l’épisode 9 de la saison 5 d’Only Murders in the Building m’a donné une impression étrange, presque mélancolique. Comme si la série, après avoir longtemps joué avec ses propres codes, acceptait enfin de poser les armes. L’enquête avance, les masques tombent, mais ce qui me frappe surtout, c’est ce sentiment de fin imminente. L’Arconia, ce lieu qui a tout vu, tout entendu, s’effrite sous le poids de ses secrets et de ses souvenirs. Cet épisode, intitulé “LESTR”, porte bien son nom : il scelle le destin de Lester, le fidèle portier, tout en interrogeant la valeur de la loyauté, de la communauté et de l’attachement à un lieu.

 

La saison 5 n’a pas toujours su retrouver la magie des débuts. Le récit part parfois dans tous les sens, et certaines trouvailles technologiques – comme ce robot portier censé remplacer l’humain – m’ont semblé plus distrayantes qu’efficaces. Pourtant, cet épisode réussit là où d’autres avaient échoué : il ramène l’histoire à une échelle intime. L’intrigue ne repose plus sur la surenchère de caméos ou sur les rebondissements forcés, mais sur une forme d’adieu, à la fois doux et désabusé. Tout commence avec Randall, le nouveau portier, pris au piège par Mabel, Charles et Oliver. Les images de la caméra du “bird cam” l’ont trahi : il était présent la nuit où Lester est mort. 

Ce détail, déjà découvert dans l’épisode précédent, sert ici de point de départ à une confrontation aussi absurde qu’émouvante. Randall fuit, littéralement, et le trio – un vieil acteur fatigué, un metteur en scène en crise et une jeune femme qui rêve d’ailleurs – se lance maladroitement à sa poursuite. C’est un moment à la fois comique et triste, une métaphore parfaite de la série : trois marginaux, un peu perdus, toujours en retard sur les événements mais incapables de renoncer à comprendre. Au-delà de l’intrigue policière, l’épisode parle surtout de perte. L’Arconia va être vendue, transformée, vidée de son âme. Les habitants font leurs valises, les appartements se ferment les uns après les autres. 

 

Oliver refuse d’emballer ses affaires, comme s’il pouvait encore retenir le temps. Charles cherche désespérément un nouveau toit, mais ses recherches en ligne le mènent vers des maisons de retraite, preuve que son monde rétrécit. Quant à Mabel, elle regarde ailleurs, vers une invitation au soleil et un futur incertain avec Jay Pflug. Ce déséquilibre entre l’attachement au passé et l’appel du renouveau donne à l’épisode une tonalité presque mélancolique. Le podcast, symbole de leur aventure commune, semble appartenir à un autre âge. La dynamique entre les trois personnages reste touchante, mais elle se charge ici d’une nostalgie nouvelle. 

Charles et Oliver, surtout, peinent à admettre qu’ils se manqueraient l’un à l’autre. Leur dispute, puis leur réconciliation, résument parfaitement ce que la série a toujours su raconter : derrière l’humour et les mystères, il y a des gens qui ont simplement peur de se retrouver seuls. C’est dans ce contexte de désillusion que l’enquête reprend vie, presque par accident. Mabel, en compagnie de la détective Williams, découvre un passage secret reliant l’Arconia au pressing voisin, celui où le corps de Nicky avait été retrouvé. Ce tunnel oublié, caché derrière un mur du casino clandestin, relie tous les fils de l’histoire : les mensonges de Randall, les ambitions de Camila et les traces de Lester. 

 

Cette trouvaille relance brièvement le suspense, mais elle fonctionne surtout comme une image : le passé et le présent communiquent, malgré les cloisons. Le robot LESTR, nouvelle incarnation numérique du défunt portier, devient alors le témoin clé de l’affaire. Ses enregistrements révèlent enfin ce que tout le monde pressentait sans oser le dire : Lester n’était pas une victime innocente, mais un homme acculé, prêt à tout pour sauver le bâtiment. En tuant Nicky, il pensait protéger l’Arconia d’une mainmise mafieuse. Un geste tragique, à la fois égoïste et noble, qui humanise un personnage longtemps resté en arrière-plan. Cette révélation me touche davantage que les autres rebondissements de la saison. 

Peut-être parce qu’elle parle d’un attachement viscéral à un lieu, d’une fidélité mal placée mais sincère. Lester, dans son geste désespéré, devient le reflet de tous ceux qui ont refusé de voir l’Arconia disparaître. Sa mort n’est plus seulement un mystère à résoudre, mais le symbole d’une communauté prête à tout pour ne pas être effacée. L’épisode 9 se vit comme une longue préparation à la séparation. Les dialogues entre Charles et Oliver, notamment, traduisent cette peur d’un monde qui change trop vite. Leurs maladresses, leurs petites rancunes et leur humour fatigué font partie de ce charme un peu triste qui plane sur l’épisode. L’amitié devient le dernier refuge face au chaos : sans le bâtiment, sans le podcast, que leur reste-t-il ?

 

Même les touches comiques, souvent portées par Howard ou les apparitions absurdes du robot, résonnent différemment ici. Elles ne font plus rire autant qu’avant ; elles rappellent que le burlesque est parfois une manière d’éviter les adieux. Ce ton plus grave, presque crépusculaire, donne à l’épisode une cohérence que j’attendais depuis longtemps cette saison. Et pourtant, malgré ce regain d’émotion, une impression d’usure persiste. La série semble avoir perdu la légèreté et la précision de ses premières saisons. Les intrigues secondaires – entre héritages, casinos et réseaux sociaux – dispersent parfois l’attention. 

Les caméos célèbres n’apportent plus grand-chose, sinon la sensation d’un spectacle conscient de sa propre célébrité. Ce qui reste, au fond, ce sont ces personnages, cabossés et sincères, qui refusent d’abandonner leur histoire. La fin de l’épisode laisse la porte ouverte à un ultime rebondissement. Une trace suspecte, un détail près du réfrigérateur de Mabel, relance l’affaire et désigne une nouvelle coupable inattendue : la grand-mère Caccimelio, liée au pressing et à la disparition de Nicky. Ce dernier retournement, presque ironique, rappelle que la série n’a jamais vraiment su s’arrêter. Même au bord du vide, elle trouve encore un moyen de tirer un dernier fil.

 

Mais ce que je retiens surtout de cet épisode, c’est ce sentiment d’adieu contenu. Chaque plan semble dire au revoir à un univers familier, à ces couloirs tapissés de mystère et de complicité. L’Arconia n’est plus un simple décor : c’est un personnage en soi, et sa disparition marque la fin d’une époque. Les habitants se dispersent, les secrets sont presque tous dévoilés, et l’enquête touche à sa conclusion logique, sinon émotionnelle.

 

Je ne sais pas encore si la série réussira à clore dignement cette histoire dans son dernier épisode, mais celui-ci m’a rappelé pourquoi j’avais aimé Only Murders in the Building : pour sa capacité à parler du lien, de la vieillesse, de la peur de l’oubli. Sous ses airs de comédie policière, la série a toujours raconté autre chose — le besoin de se sentir utile, d’être écouté, de partager un mystère avant qu’il ne s’efface.

 

Note : 5/10. En bref, un épisode qui donne l’impression que la série touche à sa fin. Pas toujours réussi, mais il y a une certaine mélancolie touchante. 

Disponible sur Disney+

 

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