Critiques Séries : Only Murders in the Building. Saison 5. Episode 10 (season finale)

Critiques Séries : Only Murders in the Building. Saison 5. Episode 10 (season finale)

Only Murders in the Building // Saison 5. Episode 10. The House Always…

SEASON FINALE

 

Regarder le dernier épisode de la saison 5 d’Only Murders in the Building m’a laissé un goût particulier. Pas d’explosion spectaculaire, pas de twist totalement inattendu, mais une forme de conclusion qui choisit la sobriété plutôt que la démesure. L’intrigue se ferme, les coupables se dévoilent, et pourtant, une impression d’inachevé persiste. Cet épisode, intitulé “The House Always…”, se vit comme une respiration après plusieurs semaines d’enquête, une pause avant ce qui semble déjà se profiler comme un nouveau départ. Depuis plusieurs saisons, la série joue sur une mécanique bien rodée : un meurtre, un trio d’enquêteurs improbables, et une galerie de suspects plus extravagants les uns que les autres. 

 

Cette fois encore, la formule fonctionne, mais elle montre aussi ses limites. Le dévoilement de l’assassin de Lester, longtemps attendu, manque de souffle. Le fameux “moment Aha !” ne provoque pas la satisfaction espérée. Tout se résume à une révélation à huis clos, avec des indices que le spectateur n’a jamais réellement pu relier de lui-même. Cette sensation de distance entre l’enquête et celui qui la regarde rend le dénouement moins percutant. Pourtant, certains instants parviennent à réveiller la tension. Mabel, fidèle à elle-même, prouve une nouvelle fois son flair et son sang-froid. 

Le geste décisif — trancher un faux doigt pour révéler la vérité — symbolise bien son évolution : elle n’est plus seulement l’observatrice cynique du début de la série, mais une véritable enquêtrice prête à aller jusqu’au bout. Sa mémoire, sa capacité à relier un détail oublié à une vérité enfouie, rappellent que Only Murders in the Building reste avant tout une histoire de persévérance et d’intuition. L’un des aspects les plus touchants de ce final réside dans la solidarité retrouvée au sein de l’Arconia. Après plusieurs saisons où les habitants voyaient Charles, Oliver et Mabel comme des fauteurs de troubles, l’épisode offre un renversement intéressant : cette fois, tout le monde se mobilise pour eux. 

 

Les voisins, les employés, les visages familiers des couloirs — tous finissent par participer, directement ou non, à la résolution du mystère. Ce changement de dynamique redonne un souffle collectif à la série, et rappelle que derrière l’intrigue policière, Only Murders in the Building parle aussi de vivre ensemble. Voir l’Arconia redevenir un personnage à part entière, c’est retrouver l’âme de la série. Ce lieu, avec ses secrets, ses murs chargés d’histoires et ses habitants hauts en couleur, a toujours été le cœur du récit. Le fait que tout le monde se rassemble dans les moments critiques apporte une chaleur inattendue à ce dernier épisode. 

Cela permet aussi de redonner de la légitimité à un trio qui commençait à s’essouffler, enfermé dans sa propre légende de podcasteurs-enquêteurs. L’épisode s’ouvre sur des flashbacks, un procédé que la série affectionne, et qui ici permet de comprendre les liens complexes entre les protagonistes. Les motivations se dévoilent peu à peu, et le puzzle se met en place autour du maire Tillman, dont la culpabilité finit par éclater au grand jour. Ce dernier n’a pas seulement causé la mort de Lester, il incarne surtout la corruption et la vanité de ceux qui veulent s’approprier l’Arconia pour en faire un symbole de pouvoir.

 

Ce qui m’a frappé, c’est la manière dont la série continue d’utiliser la comédie pour traiter des thèmes plus sombres. Les scènes d’action frôlent parfois le ridicule, les dialogues restent légers même dans la tension, et c’est précisément ce décalage qui rend Only Murders in the Building unique. Derrière les rires et les maladresses, il y a toujours une réflexion sur la loyauté, la vérité et la façon dont chacun choisit de se souvenir des autres. L’épisode final joue constamment sur un équilibre fragile : la tension du dénouement d’un côté, et la nostalgie d’une époque qui s’achève de l’autre. Les trois héros sont épuisés, marqués par les années d’enquêtes et de drames successifs. 

Charles, toujours en proie à ses doutes, confie enfin sa peur de vieillir et d’être remplacé. Oliver, fidèle à son théâtre intérieur, cherche encore à mettre en scène sa propre vie. Quant à Mabel, elle oscille entre le désir de tourner la page et l’incapacité de quitter ce bâtiment qui l’a définie. Ce mélange d’humour et de gravité rend l’épisode à la fois doux et amer. Même si la révélation du meurtrier manque de puissance, la série réussit à renouer avec ce qui faisait sa force : le lien entre trois solitudes qui se sont trouvées presque par hasard. Leur complicité, parfois maladroite, reste l’émotion la plus sincère de ce final.

 

Mais la série ne s’arrête pas là. La dernière séquence, comme toujours, prépare le terrain pour la saison suivante. Le meurtre de Cinda Canning, la podcasteuse à l’origine de toute cette aventure, ouvre une perspective inattendue. Sa mort à la porte même de l’Arconia, dans une scène presque théâtrale, relance immédiatement la machine à mystères. Et cette fois, tout semble indiquer que l’histoire dépassera les frontières de New York. L’idée d’un passage à Londres, évoquée dans les dernières minutes, m’intrigue. Si la série ose enfin quitter le cadre familier de l’Arconia, elle pourrait s’offrir une nouvelle respiration. Après cinq saisons, ce changement d’environnement paraît presque nécessaire. 

Le risque, évidemment, serait de perdre l’ancrage qui fait l’identité de Only Murders in the Building. Mais si ce départ s’accompagne d’une évolution émotionnelle des personnages, alors le pari pourrait être réussi. Avant de refermer cette saison, l’épisode prend le temps d’offrir un hommage à Lester, dont la disparition avait tout déclenché. Sa veuve, silencieuse, observe la cour depuis sa fenêtre. Un geste, une lettre, un souvenir : tout ramène à cet homme discret qui veillait sur les autres. Le choix de terminer sur lui donne à la série un ton plus humain, presque contemplatif. L’enquête se termine, mais les traces de ce qu’il a représenté demeurent. 

 

Cette attention aux personnages secondaires fait partie de ce que j’apprécie le plus dans la série : même les figures de l’ombre trouvent leur place dans la mémoire collective de l’Arconia. En refermant cette cinquième saison, je ressens un mélange d’attachement et de lassitude. La série reste agréable, toujours bien rythmée, mais la mécanique du meurtre-résolution-cliffhanger commence à tourner en rond. Ce final, plutôt que de chercher à tout bouleverser, choisit de recentrer le récit sur l’essentiel : les relations humaines, les fragilités et la mémoire partagée.

 

Note : 5.5/10. En bref, une conclusion sans éclat qui fonctionne. Si l’avenir de Only Murders in the Building passe réellement par un renouveau — qu’il soit géographique ou narratif — alors cet épisode agit comme une transition nécessaire. Il clôt une page tout en laissant la suivante entrouverte, avec juste assez de mystère pour donner envie d’y revenir.

Disponible sur Disney+

Disney+ a renouvelé Only Murders in the Building pour une saison 6 qui se déroulera à Londres.

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