Critique Ciné : Maintenance Requise (2025, Amazon Prime Video)

Critique Ciné : Maintenance Requise (2025, Amazon Prime Video)

Maintenance Requise // De Lacey Uhlemeyer. Avec Madelaine Petsch, Jacob Scipio et Katy O'Brian.

 

Maintenance Requise, réalisé par Lacey Uhlemeyer, s’oubliera dès le générique de fin pour quiconque tenterait l’expérience. Pourtant, sur le papier, tout semblait aligné : une romance moderne, un duo d’acteurs séduisants – Madelaine Petsch et Jacob Scipio – et un décor original, celui d’un garage automobile où les moteurs et les cœurs s’emballent. Sauf qu’ici, la mécanique du genre s’enraye rapidement. Le scénario de Maintenance Requise suit Charlie, une jeune mécanicienne qui tente de maintenir à flot le garage familial. Sa vie bascule quand une grande enseigne concurrente ouvre juste en face, dirigée par Beau, un cadre séduisant envoyé pour écraser la concurrence locale. 

 

Charlie, la propriétaire farouchement indépendante d’un garage exclusivement féminin est contrainte de reconsidérer son avenir lorsqu’un concurrent s’installe juste en face. En quête de réconfort, elle se confie à un mystérieux correspondant en ligne — sans savoir qu’il s’agit de Beau, le rival même qui menace son commerce.

 

Ce qu’ils ignorent, c’est qu’ils se connaissent déjà… virtuellement. Les deux échangent anonymement sur un vieux forum automobile, partageant leurs frustrations et leurs rêves, sans se douter qu’ils sont ennemis dans la vraie vie. Difficile de ne pas penser à Vous avez un message, mais transposé dans un univers de cambouis et de carrosseries rutilantes. Le film ne s’en cache même pas : les clins d’œil au classique de Nora Ephron sont nombreux, jusqu’à la révélation finale attendue. Problème : la recette a beau être connue, elle manque ici d’assaisonnement. Tout paraît programmé, comme si le scénario suivait une checklist standard de la rom-com.

 

Charlie aurait pu être une héroïne attachante : une femme indépendante, passionnée par son métier, cherchant à exister dans un environnement masculin. Mais le film la présente davantage comme une caricature – toujours impeccable, même les mains dans le cambouis. Madelaine Petsch fait ce qu’elle peut, mais son personnage reste coincé entre deux registres : celui de la femme forte qu’on veut nous vendre, et celui de la figure romantique traditionnelle que le scénario impose. Face à elle, Jacob Scipio incarne Beau, un cadre lisse et bien intentionné, incapable de dégager le moindre vrai charisme. Il est censé représenter l’antagoniste, puis le coup de cœur, mais finit par flotter entre les deux sans convaincre. 

 

Son jeu reste plat, tout comme les dialogues, souvent mécaniques, qui semblent avoir été écrits par un logiciel de romance. Autour d’eux, quelques seconds rôles tentent d’apporter un peu d’énergie : Madison Bailey et Katy O’Brian en amies complices, Matteo Lane en collègue gay tout en bons conseils. Ces personnages offrent quelques respirations bienvenues, mais leurs répliques humoristiques tombent souvent à plat. Tout sonne écrit, jamais spontané. Le problème principal de Maintenance Requise, c’est son absence totale de surprise. Chaque scène semble calquée sur un modèle préexistant. La rencontre, le malentendu, la révélation, la dispute, la course finale vers l’amour retrouvé… tout y est, dans le bon ordre et sans le moindre écart. 

 

Le film ne cherche jamais à se réinventer, ni même à moderniser la formule. Même la mise en scène reste sage. Les plans sont soignés, parfois jolis, mais d’une propreté publicitaire. Rien ne vibre, rien ne transpire. Quelques idées visuelles émergent ici ou là – un travelling circulaire dans le garage, une lumière douce au coucher du soleil – mais elles ne suffisent pas à donner de la personnalité à l’ensemble. On sent une direction artistique propre, mais sans âme. Le montage, lui, accélère les scènes au point de les vider de toute émotion. Les moments qui devraient nous toucher passent à toute vitesse, comme s’il fallait cocher la case séquence émotion avant de repartir vers la prochaine péripétie. 

 

Résultat : aucun attachement réel ne se crée. La romance, censée être le moteur du film, peine à démarrer. La complicité entre Madelaine Petsch et Jacob Scipio n’est pas inexistante, mais elle manque de naturel. Les échanges virtuels entre leurs personnages auraient pu être un terrain fertile pour explorer la solitude moderne, les illusions numériques ou le besoin d’authenticité. Mais Maintenance Requise survole ces thèmes sans jamais les creuser. Le film préfère accumuler les situations convenues : les quiproquos, les gaffes. Tout cela pourrait fonctionner si le ton assumait davantage la légèreté, mais la mise en scène semble hésiter entre la comédie et le drame romantique, sans jamais choisir.

 

Le film effleure par moments une critique sociale : celle des grandes entreprises qui écrasent les petits commerces, ou celle de la standardisation des relations humaines à l’ère des écrans. Beau, surnommé “The Closer”, incarne ce capitalisme destructeur avant de découvrir son humanité au contact de Charlie. Mais cette idée intéressante se dilue dans le ton romantique. Le propos anti-corporate reste superficiel, trop appuyé pour être crédible, et jamais vraiment assumé. Plus dérangeant encore, Maintenance Requise prétend défendre l’émancipation féminine tout en multipliant les plans qui sexualisent sa protagoniste. Charlie est censée être une femme forte dans un milieu d’hommes, mais le film la filme souvent comme une icône glamour sortie d’une publicité. 

 

Ce décalage entre le discours et la représentation crée une impression d’incohérence. Malgré toutes ces réserves, difficile de détester totalement Maintenance Requise. Il y a dans cette production un parfum de nostalgie : celui des comédies romantiques d’autrefois, simples, prévisibles mais rassurantes. Dans une époque saturée de drames sombres et de films conceptuels, ce genre d’histoire légère peut encore séduire, surtout pour une soirée sans prise de tête. Pour peu qu’on accepte son manque d’ambition, le film se laisse regarder. Certaines scènes ont un charme discret, notamment grâce à la lumière et à l’énergie sincère de Madelaine Petsch. 

 

C’est peu, mais suffisant pour ceux qui recherchent un moment de détente sans exigence. Maintenance Requise ressemble à un moteur bien huilé, mais sans âme. Tout fonctionne “comme il faut”, mais rien ne surprend, rien ne bouleverse. Le film coche toutes les cases de la comédie romantique moderne sans jamais trouver sa propre voix. C’est une œuvre sans réelle panne, mais sans étincelle non plus. Elle rappelle que le cinéma de la romance a besoin, plus que jamais, de sincérité et de prise de risque. Parce qu’à force de vouloir séduire tout le monde, Maintenance Requise finit par ne toucher personne.

 

Note : 3.5/10. En bref, Maintenance Requise ressemble à un moteur bien huilé, mais sans âme. 

Sorti le 8 octobre 2025 directement sur Amazon Prime Video

 

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