Critique Ciné : Safe House (2025, direct to VOD)

Critique Ciné : Safe House (2025, direct to VOD)

Safe House // De Jamie Marshall. Avec Brian Borello, Michael Bradway et Markina Brown.

 

Safe House, de Jamie Marshall, préfère faire tourner la roue à son rythme, sans prétention, mais avec une efficacité certaine. Ce long-métrage ne cherche pas à bouleverser le genre : il s’assume comme un huis clos nerveux, un divertissement carré, parfois prévisible, mais plutôt bien mené. Et c’est peut-être ça, sa plus grande qualité. J’ai toujours eu un faible pour ces petits films d’action “à l’ancienne”, tournés avec un budget limité mais portés par un vrai sens du rythme. Safe House fait partie de ceux-là : un film sans fioritures, qui va droit au but. Pas de grands effets numériques, pas de philosophie cachée, juste des agents fédéraux coincés dans une base secrète après une attaque, contraints de se battre pour survivre. 

 

Six agents fédéraux en cavale après une attaque terroriste à Los Angeles se méfient les uns des autres en réalisant que le coupable pourrait être parmi eux.

 

Simple, direct, efficace. Le film s’ouvre à Los Angeles, en pleine mission de sécurité autour du vice-président. L’agent Choi, interprété par Lewis Tan (Mortal Kombat), fait partie du convoi officiel quand une série d’explosions transforme le centre-ville en zone de guerre. Dans la panique, Choi récupère un dispositif nucléaire surnommé le Soccer Ball et se réfugie dans une planque gouvernementale. Là, il retrouve d’autres survivants : Anderson (Lucien Laviscount), un agent un peu dépassé, Owens (Hannah John-Kamen) et son coéquipier blessé Reeves (Michael Bradway), le nerveux Sorello (Ethan Embry) et le vétéran Halton (Holt McCallany).

 

L’idée est simple : attendre les ordres et sécuriser le lieu. Mais tout déraille quand un général les contacte pour leur annoncer que le signal de la bombe provient… de leur propre bâtiment. Autrement dit, l’un d’eux est peut-être le traître responsable de l’attentat. Dès lors, la méfiance s’installe, les nerfs lâchent, et ce “safe house” devient tout sauf sûr. L’intrigue, volontairement confinée, repose sur une mécanique classique mais toujours efficace : six personnages enfermés dans un lieu clos, des menaces extérieures, et une suspicion qui monte à chaque minute. Le film flirte avec le whodunit paranoïaque à la Profession Profiler, tout en multipliant les séquences d’action explosives. 

 

Rien de révolutionnaire, mais l’équilibre fonctionne. Jamie Marshall n’est pas un inconnu à Hollywood. Assistant réalisateur sur plusieurs blockbusters, il signe ici un film modeste mais solide. Il sait comment faire monter la pression, comment découper une scène de fusillade sans perdre le spectateur. On sent qu’il a appris son métier sur le terrain, au contact de grosses productions, et qu’il sait comment tirer parti d’un petit budget. La réalisation est fluide, nerveuse, sans trop d’esbroufe. Les fusillades sont bien rythmées, les combats au corps à corps ont de la tenue, et certains moments claquent vraiment à l’écran. Le film a beau ne pas être spectaculaire, il garde cette énergie brute qu’on retrouve dans les bons DTV des années 2000. 

 

Ce n’est pas du cinéma d’auteur, mais du cinéma d’artisan – et ça, je le respecte. La photographie, signée Michael Merriman, joue sur des contrastes marqués : la lumière froide des couloirs, les reflets métalliques, les ombres mouvantes. Tout participe à créer une atmosphère de tension permanente, presque oppressante. Ce n’est pas forcément élégant, mais c’est cohérent avec le ton du film. Le casting, sans être prestigieux, est plutôt bien choisi. Lewis Tan s’impose naturellement comme figure centrale. Il dégage un vrai charisme et prouve, une fois encore, qu’il mérite mieux que les seconds rôles auxquels Hollywood le cantonne. 

 

Sa présence physique donne du poids aux scènes d’action, et il parvient à insuffler un minimum d’émotion dans un personnage pourtant écrit de manière assez mécanique. Hannah John-Kamen (Ant-Man and the Wasp, Ready Player One) apporte une touche d’humanité bienvenue. Son personnage, marqué par la culpabilité et le stress post-traumatique, ajoute une nuance émotionnelle à l’ensemble. Quant à Holt McCallany (Mindhunter), il fait ce qu’il sait faire : jouer les vétérans désabusés avec autorité et profondeur. Même dans un film modeste, il impose une vraie présence. Là où le film pêche, c’est du côté des dialogues. Certains échanges manquent de naturel, et les flashbacks censés approfondir les personnages tombent souvent à plat. 

 

On devine des intentions (traumas, rivalités, loyautés brisées), mais elles restent esquissées. Du coup, les émotions paraissent un peu fabriquées, et le spectateur reste à distance. Côté action, Safe House remplit son contrat. Les affrontements s’enchaînent : attaques de mercenaires par les fenêtres, explosions, corps à corps brutaux, grenades lancées dans des couloirs étroits… C’est rythmé, varié, parfois même assez inventif dans la mise en scène. Le tout dure 90 minutes, sans temps mort inutile. Mais là où le film peine à convaincre, c’est dans la tension. Le scénario installe une atmosphère de méfiance, pourtant la peur ne prend jamais complètement. 

 

Les scènes où les agents se soupçonnent mutuellement manquent d’intensité. Peut-être parce que le film, à force de vouloir ménager le mystère, oublie d’approfondir les liens entre les personnages. Résultat : l’intrigue avance, mais l’attachement émotionnel reste limité. Le twist final, censé relancer la machine, arrive sans grande surprise. L’identité du traître se devine assez tôt, et la conclusion, un peu expédiée, laisse entrevoir une suite. C’est dommage, car Safe House aurait gagné à se suffire à lui-même. Malgré ses limites, je ne qualifierais pas Safe House de mauvais film. Il ne ment pas sur sa marchandise : c’est un thriller d’action modeste, honnête, conçu pour divertir sans prise de tête. 

 

Il ne révolutionne rien, mais il coche les bonnes cases. Le rythme est tenu, les acteurs y croient, et la mise en scène évite les excès. Ce genre de films, autrefois destinés aux bacs DVD, trouve aujourd’hui une seconde vie sur les plateformes. Et c’est tant mieux. Ils remplissent une fonction simple : offrir un moment de détente à ceux qui aiment les récits sous tension, les huis clos musclés et les mystères à tiroirs. Personnellement, j’ai passé un bon moment. Pas un grand moment, mais un moment sincère. J’ai aimé cette énergie un peu brute, cette manière de filmer les visages fatigués, les coups portés, les silences lourds de suspicion. Safe House ne joue pas la carte du prestige, mais celle de l’efficacité. Et parfois, c’est tout ce que je demande.

 

Note : 5/10. En bref, Safe House est un thriller d’action efficace et sans prétention, qui fonctionne grâce à son ambiance tendue et à un casting solide. Le scénario reste convenu, les personnages manquent de profondeur et le twist final déçoit un peu, mais le film assume son statut de divertissement carré. Pas un chef-d’œuvre, mais un bon petit film du samedi soir, nerveux, direct et plutôt bien ficelé.

Prochainement en France en VOD

 

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