6 Septembre 2022
Vortex // De Gaspar Noé. Avec François Lebrun, Dario Argento et Alex Lutz.
Après avoir décrypté la fête sous toutes ses coutures, souvent les moins glorieuses (Climax), Gaspar Noé explore la vie dans son plus simple appareil avec Vortex. Probablement son film le plus intime en sens propre de la vie, Vortex est une plongée foudroyante dans la vie de deux êtres, en fin de vie. Ce qui me fascine avec le cinéma de Gaspar Noé c’est le fait que chacune de ses oeuvres est une expérience particulière qui laisse un goût particulier. Notamment celui de traumatisme. Vortex donne l’impression parfois qu’il a exorcisé tous ses démons dans ses films précédents afin de nous offrir ici un film intime et simple. Ce film, dépouillé des hallucinations dont il a pour habitude de nous faire profiter sur fond de musiques entêtantes, nous offre un coeur (enfin, deux pour le coup) ouverts. Quand le film s’ouvre sur « Mon amie la Rose » interprété par François Hardy, on cerne déjà que le film reprend les propos de la chanson « On est bien peu de choses ». Etrangement, Vortex nous offre ce seul moment paisible en ouverture pour mieux nous bouleverser par la suite.
La vie est une courte fête qui sera vite oubliée.
La force du film (2h22 tout de même !) ne tient pas que dans un scénario soigné mais aussi dans une idée de mise en scène : le split-screen. Durant la première demie-heure de Vortex, on a l’impression que ce n’est qu’un simple artifice, une énième façon pour Gaspar Noé de chercher notre approbation pour son inventivité. Pour autant ce qui semblait artificiel au début devient essentiel afin de nous montrer le regard de deux personnes, un couple, qui s’éloigne e de plus en plus. Le split-screen est là pour créer le faussé entre les deux personnages qui s’est creusé et qui ne parvient plus à se lier comme à la belle époque. On pourrait se dire que Vortex sera un long fleuve tranquille sur ces personnes âgées mais il n’en est rien. Le film est irascible dans sa façon de montrer l’horreur : à la fois la maladie qui ronge ce couple et les a séparé mais aussi la vie que les entour (le fils, le petit fils). Dans un sens, Vortex peut faire penser à Amour de Haneke. Il y a des éléments qui ne trompent pas et nous permettent de retrouver la force du film d’Haneke.
Car Vortex est un film fort qui dépasse ses propres attentes (ou en tout cas celles qu’il veut créer). Si je suis parfois dubitatif sur le jeu de Dario Argento (qui est récemment retourné derrière la caméra pour un retour aux sources), celui de François Lebrun est brillant. L’actrice transcende les scènes et nous offre ces moments, ces instants de vie que l’on est venu voir quand est devant ce film déconcertant. Il n’y a rien qui peut vraiment ressembler au cinéma de Gaspar Noé et il démontre une fois de plus qu’il est fort sans sa composition. Alex Lutz de son côté prouve aussi qu’il sait jouer des rôles complexes et forts. Il en a impose en fils irresponsable. Dans toute la filmographie de Gaspar Noé Vortex est l’une de ses oeuvres les plus marquantes. Un fer rouge qui a de quoi hanter après l’avoir vu. Non pas par le choc des images auquel nous a habitué le réalisateur mais le choc de voir ce couple, séparé par la maladie, malade et plongeant petit à petit vers la fin inévitable de leur vie.
Note : 9/10. En bref, une oeuvre magnifique sur la vie et le besoin de comprendre que l’on n’est pas éternels. Fort et marquant. Mention spéciale à Françoise Lebrun, époustouflante.
Sorti le 13 avril 2022 au cinéma - Disponible en VOD et DVD
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