Critique Ciné : Poisson Rouge (2023)

Poisson Rouge // De Hugo Bachelet, Clément Vallos et Matthieu Yakovleff. Avec Guillaume Arnault, Julie Gallibert et Andy Pimor.

Poisson Rouge a l’originalité d’être construit en grande partie autour de dialogues imaginés par les comédiens eux-mêmes. L’improvisation dans le cinéma peut faire des miracles parfois mais ce n’est pas spécialement le cas de Poisson Rouge. En se reposant justement sur la créativité des comédiens, Poisson Rouge a énormément de mal à sortir de situations attendues et déjà vues. Cela rend le film terriblement prévisible et le manque cruel de péripéties dans le voyage proposé ne permet pas de réellement apprécier le résultat final. Les personnages sont assez faméliques et n’offrent jamais de quoi s’attacher réellement à eux. Il y a des idées mais les comédiens ne sont pas spécialement bons et l’histoire manque d’idées pour tenir la longueur. A certains moments, Poisson Rouge cherche à être drôle, à d’autre touchant mais en oscillant constamment entre les deux sans trop savoir quoi faire, le récit n’est jamais vraiment drôle ou touchant. Il est dans une salle d’attente, dans l’attente que quelque chose se passe. 

Guillaume, 33 ans, perd la mémoire de façon irréversible et va rentrer dans un centre spécialisé. Dans l'espoir de lui laisser un souvenir heureux, ses potes d'enfance lui organisent un dernier week-end festif. Ils se lancent dans un road trip qui permettra peut-être à Guillaume de régler ses problèmes avant qu'il ne les oublie…

Pourtant, la thématique de la perte de mémoire irréversible est intéressante. C’est même un sujet fort qui mérite d’être porté au cinéma. Mais le trio de réalisateurs ne donne jamais d’envergure au récit et se contente de situations convenues, de personnages mal écrits et d’une trame qui ne fonctionne pas. Par chance, Poisson Rouge réussi tout de même une chose : nous faire ressentir la franche camaraderie qu’il y a entre tous les membres du casting. On sent qu’ils donnent l’impression d’être une belle bande de potes et c’est presque l’élément le plus rassurant ici. Ce n’est pas bon mais au moins on peut se consoler avec ça. J’adore l’improvisation mais au cinéma cela peut fonctionner comme être un immense raté. Dans le cas de Poisson Rouge, l’idée est louable mais le résultat est aux antipodes. 

Certains comédiens donnent même l’impression de ne pas savoir ce qu’ils font sur le plateau. A vouloir jouer sur plusieurs plans à la fois sans avoir une vraie structure de dialogues, Poisson Rouge ne fonctionne pas. A cheval entre l’émotion et le rire, le récit ne tient pas ses promesses. Etant donné qu’une grande partie de l’évolution de celui-ci est liée à ce que les comédiens tentent de construire, je suis déçu. C’est sans parler de la fin qui n’est pas vraiment une fin et donne l’impression que Poisson Rouge veut laisser au spectateur le soin de l’imaginer (comme ses comédiens ont imaginé la plupart des dialogues). 

Note : 2/10. En bref, l’idée est louable et le côté fauché aurait pu être génial mais l’ensemble n’arrive jamais à faire décoller un récit bancal sans idées. 

Sorti le 27 septembre 2023 au cinéma - Disponible en VOD