The Curse (2023) (Saison 1, 10 épisodes) : couple sous malédiction

Au début, je dois avouer que The Curse m’a un peu déconcerté. Ce n’est pas vraiment le genre de séries que l’on aime au premier regard mais qui, une fois qu’elle a gagné notre esprit, s’avère être l’un des meilleurs trucs que j’ai vu en 2023. Nathan Fielder et Benny Safdie ont créé une série aux antipodes de ce qu’elle pouvait nous laisser imaginer au départ et c’est justement ça qui fait toute la force de cette aventure. En dix épisodes (et je n’ai toujours pas envie de dire au revoir aux Siegel), The Curse mélange malédiction à un commentaire plus réaliste sur notre société et son état actuel. Dans le premier épisode, Asher tourne une scène, fait croire qu’il est là pour faire le bien et hors caméra décide de récupérer son argent. La jeune fille va alors lui jeter un sort. Un sort qui va avoir une influence sur le reste de la saison et ce qui se passe chez les Siegel. 

Mais The Curse c’est l’histoire d’un couple star d’une émission de rénovation. Il y a une critique assez cynique et en même temps acerbe de ces émissions en racontant leurs coulisses. Nathan Fielder n’en est pas à son coup d’essai. En 2022 il nous proposait l’excellente The Rehearsal. C’était déjà remarquable dans la façon de dépeindre les coulisses d’un business aussi étrange que fascinant. Avec The Curse, il raconte l’historie d’un couple qui malgré son assurance ne sait pas du tout quel est leur place dans le monde et qui font croire aux autres qu’ils sont leurs alliés pour mieux leurs planter des couteaux dans le dos. Notamment avec les indigènes du Nouveau Mexique qu’ils veulent se mettre dans la poche avec leur projet de maisons écologiques. Il y a beaucoup de choses à aimer dans The Curse (surtout si l’on aime le travail de Nathan Fielder) et l’une des plus belles choses que pouvait faire cette série c’est Emma Stone (Pauvres créatures).

L’actrice brille par sa façon d’interpréter Whitney. Elle est habitée par son personnage et nous permet de ressentir toutes les émotions de celui-ci. L’actrice est déjà fabuleuse dans d’autres productions mais si son personnage pouvait facilement tomber dans la mauvaise parodie, l’actrice parvient à le raccrocher au réel et à nous attacher à elle. Si j’aime beaucoup Nathan Fielder dans le rôle de son mari, Emma Stone est la pièce maîtresse de cette étrange comédie. The Curse, le titre de la série, est bien plus que le sort lancé dans le premier épisode. C’est une métaphore plutôt bien trouvée qui fait constamment écho aux thématiques étranges et à ce charme que la série projette. Le but même de la série était de montrer des gens imbus d’eux-mêmes et de s’en moquer de façon étonnante. Car oui, The Curse ne prend pas les choses avec des pincettes et aime aller au front. 

L’histoire de The Curse reste simple en soi mais l’humour est différent. C’est aussi ce qui permet de libérer toute la créativité de la série. J’aime ce concept tant l’originalité du script offre constamment des situations inconfortables et malaisantes. C’est tout le but, de montrer les coulisses d’un couple qui se prend pour des gens importants mais finalement ne sont rien du tout. Le côté malaisant de The Curse et de certaines situations fait finalement la force de cette comédie. Elle développe à la fois son humour de façon étonnante à chaque épisode et ajoute des situations qui donnent envie de voir Whitney et Asher au fond d’un trou. Car c’est drôle de les voir galérer et ramer tout au long de la saison. L’humour noir de The Curse n’est clairement pas accessible à tous mais A24 démontre une fois de plus pour moi qu’ils savent produire des trucs originaux et créatifs qui sortent des sentiers battus. 

The Curse explore donc comment une supposée malédiction va bousculer la vie de ce jeune couple qui cherche à avoir un enfant. Le couple va passer par plusieurs étapes et la façon de développer les insécurités des deux et les failles de la relation sont là aussi une autre force de The Curse. Il y a une situation hilarante dans le dernier épisode à la fois avec la sécurité de la porte mais surtout lorsque Asher se retrouve attiré par le plafond sans possibilité d’en décoller. C’est peut-être étrange pour certains (et au fond, la situation l’est) mais c’est tellement hilarant que cette scène symbolise à mes yeux parfaitement tout l’humour de cette série. Ce mélange d’idées et de personnages qui pensent être drôles en disant des choses mais ne le sont jamais fera forcément écho à des gens que l’on connait dans la vraie vie. Le côté très ancré dans son réalisme permet à The Curse d’être l’une des meilleures surprises de l’année passée. 

Note : 8/10. En bref, au fil des épisodes The Curse se révèle être l’une des meilleures nouveautés de l’année dernière et Emma Stone est brillante à souhait. 

Prochainement en France