8 Avril 2024
Black Flies // De Jean-Stéphane Sauvaire. Avec Tye Sheridan, Sean Penn et Michael Pitt.
Présenté en compétition au Festival de Cannes 2023, Black Flies nous plonge dans le quotidien infernal des ambulanciers de New York. Que cela soit des interventions compliquées, les choix qu’ils doivent faire et surtout la main mise sur la vie des patients qu’ils ont. Black Flies est clairement là pour dramatiser encore plus les situations en offrant des tragédies et deuils à la pelle. Certaines scènes sont clairement exagérées afin de faire grimper la tension mais ce qui fonctionne le plus dans Black Flies c’est justement le mélange assez fort de séquences d’interventions. L’alchimie entre Tye Sheridan et Sean Penn est parfaite et c’est finalement ce qui fait toute la force d’un film anecdotique. Pour autant, Black Flies est bien plus intéressant pour ses qualités techniques que pour les émotions qu’il cherche à transmettre. Au bout d’une heure de film, il manque justement cette dimension émotionnelle qui pourrait rendre le film plus percutant (même si la violence de l’ensemble a de quoi choquer les esprits).
Ollie Cross, jeune ambulancier de New York, fait équipe avec Gene Rutkovsky, un urgentiste expérimenté. Confronté à la violente réalité de leurs quotidiens, il découvre les risques d'un métier qui chaque jour ébranle ses certitudes et ne lui laisse aucun répit.
Black Flies nous fait vivre ses séquences par le bruit. On a des bruits sourds (notamment de mouches), les sirènes sourdes des ambulances, les alarmes, les gens qui crient et qui s’insultent. Je n’ai pas été totalement convaincu par l’expérience. S’il y a de très belles scènes se rapprochant du documentaire avec les interventions souvent déprimantes, Black Flies manque d’un petit truc afin de nous impliquer réellement dans sa démarche. L’histoire du film est simpliste et ne déroge jamais de son idée de départ : filmer deux ambulanciers dans leur quotidien. Jean-Stéphane Sauvaire a d’ailleurs un goût pour le réalisme et il tente tout avec sa caméra (qu’elle soit en gros plans, subjective, ou encore en shaky cam façon Paul Greengrass dans la première scène d’intervention suite à une fusillade). En appuyant bien souvent sur les éléments les plus glauques et gores, Black Flies perd aussi de son propos de départ. Il n’y a aucune porte de sortie possible.
Sean Penn, renfermé dans ce rôle d’ambulancier blasé est assez sympathique mais c’est Tye Sheridan qui est le plus intéressant. Même Mike Tyson (finalement trop peu présent) apporte un petit quelque chose. En cherchant à nous rapprocher de la réalité tout en dramatisant au maximum les éléments, le récit perd rapidement pied. Cela ne raconte pas grand chose même si j’adore les fictions en immersion. Typiquement, sur cette façon de coller au mieux au quotidien des ambulanciers je rapproche Black Flies de Southland la série américaine qui nous plongeait dans le quotidien des flics de Los Angeles. Mais Black Flies n’est pas Southland et manque justement le coche de l’émotion. C’est assez rythmé, souvent assourdissant par une bande son envahissante et le casting erre alors de scènes en scènes. La morale finale manque de saveur elle aussi, comme un cheveu sur la soupe. Dommage, il reste alors les interventions.
Note : 5/10. En bref, les interventions gores, la morale glauque, Black Flies tape sur les ambulanciers et leur vie fauchée par les horreurs qu’ils voient au quotidien. Sympathique mais anecdotique.
Sorti le 3 avril 2024 au cinéma
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