2 Mai 2024
Border Line // De Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas. Avec Alberto Ammann, Bruna Cusi et Ben Temple.
Tout commence avec Diego et Elena alors qu’ils prennent le taxi à Barcelone pour rejoindre l’aéroport. A la radio, on parle de l’idée absurde de Donald Trump de construire un mur afin de séparer les Etats-Unis du Mexique. Si cela peut être anodin, cela a une résonance pour le reste du film. Car dans Border Line nous parlons d’immigration. Cela plante une partie du décor mais les deux réalisateurs sont surtout très malins pour créer une tension qui grimpe au fil du film. Le but est de nous faire douter, de tout remettre en question et de laisser notre libre-arbitre faire ses déductions. Cela me rappelle énormément Reality (2023) qui nous plongeait dans l’histoire de l’interrogatoire de la lanceuse d’alerte Reality Winner. Alors certes Border Line n’est pas inspiré de faits réels mais malgré tout, donne l’impression que c’est le cas. Pour un premier film, il exploite à merveille le sentiment de paranoïa qu’un aéroport et ses salles d’interrogatoire peut créer.
Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire. D'abord anodines, les questions des agents se font de plus en plus intimidantes. Diego et Elena sont alors gagnés par le sentiment qu'un piège se referme sur eux...
Forcément, la force de Border Line vient clairement des dialogues mais la mise en scène est malicieuse et le casting impeccable. Le fait que ce thriller ne cherche jamais à être spectaculaire permet justement de l’ancrer dans une réalité qui sonne plus que vrai (et qui a un arrière goût universel). D’ailleurs, afin de faire monter la tension d’un cran au fil du récit, Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas nous plongent en huis clos. Il n’y a jamais un moment du film où l’on est à l’air libre (que cela soit dans le taxi au départ, dans l’avion puis à l’aéroport, on le sort jamais de lieux clos). C’est presque anodin mais cela permet tout autant de renforcer le sentiment de paranoïa. L’autre réussite de Border Line c’est son final, brutal qui m’a laissé pantois. Je ne m’attendais pas du tout à un tel twist mais le twist est assez cynique. Grâce au (presque) temps réel, Border Line ne perd jamais son chemin et n’a de cesse de nous plonger dans la folie qui gagne les personnages.
Les questions des agents sont personnelles, intimes, dépouillent les personnages de toute leur humanité de leur côté pudique. C’est assez fou d’imaginer qu’une telle histoire pourrait se dérouler mais le minimalisme de Border Line parvient justement à rendre le tout plus que crédible. Le film révèle alors petit à petit ses secrets afin de nous questionner sur la véracité des évènements que l’on suit depuis le départ. C’est sans parler de la tension qui gagne Diego, pas à l’aise, tout au long du film et qui nous fait douter du personnage et de sa sincérité. Si le but des agents était de briser le couple, Border Line montre qu’avec des bons dialogues et une ambiance pesante tout est réellement possible. Grâce à une intensité de chaque minute, Border Line ne perd jamais de temps. Il faut dire qu’avec 1h17 de film il était difficile de créer des longueurs. Un thriller palpitant.
Note : 8.5/10. En bref, un thriller haletant qui se joue de nous jusqu’au twist brutal de fin.
Sorti le 1er mai 2024 au cinéma
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