17 Mai 2024
Making Of // De Cédric Kahn. Avec Denis Podalydès, Jonathan Cohen et Stefan Crepon.
Cédric Kahn, à qui l’on doit l’excellent Le Procès Goldman (2023) nous plonge avec Making Of dans l’univers du cinéma et son enfer. A travers l’idée de faire un Making Of d’un film sur le combat d’ouvrier pour sauver leur usine, Cédric Kahn raconte tous les problèmes que les réalisateurs peuvent rencontrer. Notamment avec les producteurs qui veulent changer la fin du film car elle n’est pas suffisamment en phase avec ce qu’ils veulent. C’est une façon assez intelligente de discuter d’un problème dans le cinéma qui coupe la créativité des réalisateurs et scénaristes pour le bien-être de gens qui ne font que mettre de l’argent sur la table et ne sont pas les spectateurs finaux. Pour autant, Making Of n’est pas ce que Cédric Kahn a fait de mieux. Si j’ai adoré son film l’an dernier, Vie Sauvage (2014) était lui aussi d’excellente facture. Making Of ne s’arrête pas au problème qui gangrène le cinéma, il se veut aussi politique. Making Of parle d’ouvriers et d’une usine qui ferme (qui n’est d’ailleurs pas reprise dans la réalité).
Simon, réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé par les événements. Abandonné par ses financiers, Simon doit affronter un conflit social avec sa propre équipe. Dans ce tournage infernal, son seul allié est le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of.
Making Of est donc certes une comédie sociale qui rend un certain hommage au 7ème art, plus artisanal, mais finalement offre une critique du secteur du cinéma par ce besoin constant d’aller chercher la rentabilité. Par chance, nous avons Denis Podalydès. Ce dernier sauve une bonne partie de Making Of. Le film n’est pas mauvais mais aurait pu être un brin plus travaillé dans sa rythmique. On sent que le mélange ne prend pas toujours entre des scènes amusantes avec Jonathan Cohen en acteur star opportuniste qui s’incruste chez l’ouvrier dont il incarne le personnage à l’écran. Mais finalement, c’est Denis Podalydès par son calme et ce sens du jeu qui parvient à donner un sens à tout le film. Cédric Kahn est assez habile dans sa mise en scène pour garder tout de même de bonnes idées. On sent que le réalisateur veut pointer du doigts certaines scènes et au fond ça fonctionne très bien.
Je reste persuadé que Making Of avait plus à offrir et qu’il aurait pu être plus engagé. Comme si ce que Making Of dénonce était aussi quelque chose que le film avait réellement subit. J’ai bien aimé l’idée de cette plongée dans le monde de la création d’une oeuvre de cinéma. Mais je trouve que Making Of a du mal à tenir toutes ses promesses avec son scénario. Le récit reste un brin décousu, oscillant entre les scène au doigt mouillé. C’est dommage car l’on perd assez souvent de l’intensité de ce que Making Of veut nous dire. Si Making Of reste probablement réaliste dans sa façon de dépeindre les coulisses, je dois avouer que je m’attendais à un film plus étonnant, mieux construit et surtout plus mémorable. Mais je garde tout de même des idées de mise en scène intéressante et Denis Podalydès qui pour le coup tient toujours très bien ses rôles.
Note : 5/10. En bref, à moitié convaincu.
Sorti le 10 janvier 2024 au cinéma - Disponible en VOD et DVD
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