Critique Ciné : La Tête Froide (2024)

Critique Ciné : La Tête Froide (2024)

La Tête Froide // De Stéphane Marchetti. Avec Florence Loiret Caille, Saabo Balde et Jonathan Couzinié.

 

Le cinéma français a toujours su capter l'essence des débats sociaux actuels. Depuis quelques années, le thème des migrants, de leur périple exténuant pour franchir les frontières, et des interactions avec les habitants locaux a pris une place prépondérante dans les productions cinématographiques. Des films comme Welcome de Philippe Lioret, Ils sont vivants de Jérémie Elkaïm, Les Engagés d’Émilie Frèche, et Les Survivants de Guillaume Renusson ont mis en lumière les drames humains liés à la migration. Dans cette veine, La Tête froide de Guillaume Renusson se distingue par une approche légèrement différente, notamment par le personnage de Marie, une héroïne complexe et imparfaite. Marie, incarnée par Florence Loiret-Caille, n'est pas une "brave" Française typique. À la quarantaine, elle mène une vie parsemée de difficultés. Accablée par les dettes, elle habite dans une caravane dans le Briançonnais. 

 

Dans les Alpes enneigées, en plein hiver. Pour boucler ses fins de mois, Marie, 45 ans, trafique des cartouches de cigarettes entre la France et l’Italie avec l’aide de son amant Alex, policier aux frontières. Lorsqu’elle rencontre Souleymane, jeune réfugié, prêt à tout pour rejoindre sa petite sœur, elle s’embarque dans un engrenage bien plus dangereux qu’elle ne l’avait imaginé.

 

Pour joindre les deux bouts, elle s'implique dans le trafic de cigarettes à la frontière avec l'aide de son amant, un policier de la Police aux Frontières (PAF). Cette situation déjà précaire prend une tournure inattendue lorsque Marie rencontre Souleymane, un réfugié gambien qu'elle recueille sur une route enneigée. Ce dernier lui propose alors de se servir de son véhicule pour transporter d'autres migrants. La Tête froide s'inscrit dans une lignée de films traitant de la migration, mais il évite de tomber dans le piège de la simple répétition ou de la bien-pensance. L'originalité du film réside dans le traitement nuancé du personnage principal. Marie n'est ni un modèle de vertu ni une figure monstrueuse. Elle est une femme poussée à des choix moralement ambiguës par la précarité de sa situation. Le film explore comment elle devient une passeuse, non pas par idéalisme, mais par nécessité économique.

 

Ce qui rend La Tête froide captivant, c'est le dilemme moral auquel Marie est confrontée. Le trafic de migrants, bien que plus lucratif que celui des cigarettes, place Marie devant une question éthique cruciale : en transportant ces migrants, devient-elle un monstre exploitant la misère humaine, ou peut-elle prétendre à une certaine noblesse en offrant une traversée moins dangereuse que celle à pied dans la neige ? Cette tension morale est au cœur du film et soulève des questions pertinentes sur les motivations et les justifications de ses actions. Toutefois, La Tête froide pèche par un manque de profondeur dans l'exploration de ce dilemme moral. Bien que le film repose sur ce conflit intérieur, il ne creuse pas assez cette dimension. Le dernier tiers du film, qui se perd dans les hauteurs enneigées, dilue quelque peu l'impact du questionnement éthique initial. 

 

Malgré cette faiblesse, le film reste un ajout significatif au corpus cinématographique sur la migration, grâce à son approche nuancée et réaliste. En conclusion, La Tête froide de Guillaume Renusson, tout en s'inscrivant dans la tradition des films français sur la migration, se distingue par son héroïne atypique et les questions morales qu'il soulève. Le personnage de Marie, avec ses complexités et ses contradictions, offre un reflet authentique des dilemmes auxquels sont confrontées de nombreuses personnes dans des situations similaires. Bien que le film ne parvienne pas toujours à exploiter pleinement son potentiel dramatique, il reste une œuvre importante qui contribue à la réflexion sur les défis contemporains liés à la migration et à l'humanité de ceux qui y sont impliqués.

 

Note : 5/10. En bref, un film qui parle d’un sujet d’actualité et du dilemme moral de son héroïne mais qui ne creuse pas suffisamment celui-ci. 

Sorti le 17 janvier 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
delromainzika

Retrouvez sur mon blog des critiques de cinéma et de séries télé du monde entier tous les jours
Voir le profil de delromainzika sur le portail Overblog

Commenter cet article