11 Juillet 2024
Scandaleusement Vôtre // De Thea Sharrock. Avec Olivia Colman, Jessie Buckley et Anjana Vasan.
Dès le début, on aurait pu penser que ce petit film, avec son casting brillant et son scénario intelligent, tiendrait toutes ses promesses. Malheureusement, l’expérience s’avère très inégale. Voici un tour d’horizon de ce qui a fonctionné et, surtout, de ce qui n’a pas marché. Tout d’abord, il est indéniable que la cinématographie est une réussite éclatante. Les plans sont magnifiquement composés, avec une utilisation experte de la lumière et des couleurs qui captivent l'œil. La musique, quant à elle, s'harmonise parfaitement avec l'ambiance du film, créant une atmosphère immersive et engageante. En ce qui concerne les performances, les acteurs livrent une véritable leçon d’interprétation. Chaque micro-geste, chaque expression faciale est maîtrisé avec une finesse remarquable. Les personnages sont dessinés avec une grande profondeur, ce qui rend leur présence à l’écran d’autant plus captivante.
Littlehampton, 1920. Lorsque Edith Swan commence à recevoir des lettres anonymes truffées d'injures, Rose Gooding, sa voisine irlandaise à l’esprit libre et au langage fleuri, est rapidement accusée des crimes. Toute la petite ville, concernée par cette affaire, s’en mêle. L'officière de police Gladys Moss, rapidement suivie par les femmes de la ville, mène alors sa propre enquête : elles soupçonnent que quelque chose cloche et que Rose pourrait ne pas être la véritable coupable, victime des mœurs abusives de son époque...
Cependant, presque tout le reste du film laisse à désirer. Le scénario, bien qu’intelligent à première vue, s’attaque de manière assez virulente au patriarcat supposé du début du XXe siècle. Tous les hommes y sont dépeints comme des idiots ou des blagues vivantes, avec des caractères superficiels et uniformes. En revanche, les personnages féminins sont stéréotypés de manière experte : la souris, la pratique, la religieuse, la raisonnable, la professionnelle. Cette caractérisation inégale crée un déséquilibre notable et peu convaincant. Le film tente également une réécriture historique ambitieuse, à la manière de séries comme Bridgerton ou La Reine Charlotte, en cochant des cases d'inclusivité à outrance. Cette distorsion historique est si prononcée qu’elle en devient difficile à suivre pour de nombreux spectateurs, rendant le film presque absurde dans son contexte.
L’aspect le plus critiquable du film reste son manque flagrant d’intelligence émotionnelle. Si l’objectif était de défendre la prééminence d'un point de vue féminin, pourquoi alors permettre au protagoniste principal de choisir une femme comme victime ? Cette décision narrative semble incohérente et manque cruellement de justification psychologique, rendant le film encore plus déconcertant. La comédie britannique, s’inspirant du contenu des lettres sur lesquelles se base l’intrigue, tombe souvent dans le vulgaire et le peu subtil. Les personnages sont en grande partie des stéréotypes : Edith, la pieuse et coincée, Rose, l’Irlandaise grossière, et une pléthore de misogynes (pratiquement tous les personnages masculins). Timothy Spall incarne un tyran déplaisant, et la relation initiale entre Edith et Rose, qui se détériore principalement à cause de son influence, suggère qu’un récit plus solide aurait pu émerger si le film avait osé sortir de son approche monotone et répétitive.
En conclusion, bien que ce film possède des moments de brillance, il donne globalement l’impression d’une occasion manquée. La qualité de la réalisation et des performances d’acteurs ne parvient pas à compenser les faiblesses d’un scénario déséquilibré et d’une réécriture historique excessive. Ce film aurait pu être une satire poignante et intelligente de son époque, mais il reste finalement une expérience mitigée et frustrante pour le spectateur.
Note : 5/10. En bref, médiocre dans son ensemble malgré un joli casting et décors.
Sorti le 13 mars 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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