Critique Ciné : To the Moon (2024)

To the Moon // De Greg Berlanti. Avec Scarlett Johansson, Channing Tatum et Jim Rash.

Depuis des décennies, les théories du complot autour de l’alunissage d’Apollo 11 ont fasciné et intrigué. De nombreuses personnes restent persuadées que les premiers pas de l’homme sur la Lune auraient été tournés en studio, un mythe que le film To the Moon exploite pour tisser une histoire où la fiction se mêle à la réalité. Réalisé par Greg Berlanti, ce long-métrage tente de revisiter cet épisode historique en y injectant une dose de comédie romantique. Malheureusement, bien que l'idée soit intrigante, le film peine à réellement captiver. Dès le départ, To the Moon propose une idée audacieuse : et si l’alunissage d’Apollo 11 avait été mis en scène pour des raisons politiques et marketing ? Le film joue avec cette hypothèse sans jamais la confirmer ni la démentir, laissant planer un doute savamment entretenu. L'idée de mélanger la grande histoire avec une intrigue fictive est alléchante, mais l’exécution laisse à désirer. 

Chargée de redorer l'image de la NASA auprès du public, l'étincelante Kelly Jones, experte en marketing, va perturber la tâche déjà complexe du directeur de la mission, Cole Davis. Lorsque la Maison-Blanche estime que le projet est trop important pour échouer, Kelly Jones se voit confier la réalisation d'un faux alunissage, en guise de plan B et le compte à rebours est alors vraiment lancé...

Le scénario, qui aurait pu être une exploration fascinante des fake news et des manipulations médiatiques, se perd dans une comédie romantique maladroite et sans véritable direction. Le cœur du film repose sur la relation entre Cole, un directeur du programme spatial Apollo 11, rigoureux et déterminé, et une publiciste spécialisée dans le marketing, jouée par Scarlett Johansson. L’opposition entre ces deux personnages aurait pu offrir une dynamique intéressante, mais elle est desservie par un manque flagrant d'alchimie entre les acteurs. Channing Tatum et Scarlett Johansson, malgré leur talent indéniable, peinent à convaincre en tant que couple. Leur relation semble forcée et les quelques moments romantiques du film tombent à plat, sans réussir à émouvoir ou à captiver.

Ce qui est particulièrement décevant, c'est que le film ne parvient pas à trouver un équilibre entre ses ambitions romantiques et ses aspirations historiques. La romance prend le dessus, mais de manière stéréotypée, manquant de profondeur et d'authenticité. Les dialogues sont souvent convenus, et l'on peine à croire à cette histoire d'amour censée se développer dans un contexte aussi tendu et complexe que celui de la course à l'espace. L'un des aspects les plus réussis de To the Moon est sans doute sa direction artistique. Les décors, costumes et la photographie rendent hommage aux années 60 avec un esthétisme vintage qui est un régal pour les yeux. La reconstitution de l'époque est impeccable, et la bande-son, composée de morceaux rétro, ajoute une touche nostalgique qui fonctionne bien. Cependant, cette beauté formelle ne suffit pas à compenser les faiblesses du scénario.

La mise en scène, bien que dynamique, ne parvient pas à maintenir l'intérêt tout au long du film. La première moitié est plaisante, offrant quelques moments d'humour et une atmosphère légère, mais l'ensemble s'essouffle rapidement. Le film devient alors répétitif, et son sujet pourtant prometteur est traité de manière superficielle. Ce qui sauve partiellement To the Moon est sa critique sous-jacente de l'Amérique des années 60 et de sa course effrénée pour dominer l'espace. Le film n'hésite pas à pointer du doigt l'obsession des États-Unis à battre l'Union soviétique, quitte à manipuler l'opinion publique par des moyens discutables. Ce regard critique sur la politique américaine est intéressant et apporte une dimension supplémentaire au film, bien qu'il soit traité en filigrane. Le film souligne également l’importance du soft power dans la construction de l’hégémonie américaine, avec une analyse plutôt fine de l’utilisation des médias et de la publicité pour influencer les masses. 

Cette réflexion, bien que pertinente, arrive malheureusement trop tard dans le film pour véritablement marquer les esprits. En fin de compte, To the Moon est un film qui oscille entre la comédie romantique et la critique historique sans réellement trouver sa voie. Bien que visuellement attrayant et ponctué de bonnes intentions, il ne parvient pas à laisser une empreinte durable. Le potentiel de son sujet est gâché par une romance peu inspirée et une exécution inégale. Si le film offre quelques moments agréables, il est peu probable qu'il reste longtemps dans les mémoires. Un divertissement correct, mais qui, malgré son sujet fort, manque cruellement d’originalité pour se démarquer.

Note : 5/10. En bref, une tentative ambitieuse mais inégale de revisiter la conquête spatiale sous un angle plus romancé. Un film sympathique mais oubliable. 

Sorti le 10 juillet 2024 au cinéma