30 Septembre 2024
Paradis Paris // De Marjane Satrapi. Avec Monica Bellucci, Charline Balu-Emane et Rossy de Palma.
Le film Paradis Paris de Marjane Satrapi, bien que porteur de belles intentions, m’a laissé sur ma faim. Ayant apprécié les œuvres précédentes de la réalisatrice, comme Persepolis ou The Voices, je m’attendais à retrouver cette touche d’humour, de sensibilité et de finesse qui caractérisait ses créations passées. Malheureusement, le film manque d’authenticité et peine à délivrer un message clair, ce qui en fait une expérience décevante. Tout d’abord, Paradis Paris se présente comme un film choral, avec une multitude de personnages issus de divers milieux et nationalités. À travers ces figures, Satrapi cherche à explorer les thèmes universels de la vie, de la mort et de l’amour, tout en rendant hommage à Paris, la Ville Lumière. Cependant, dès les premières minutes, le ton se révèle trop écrit, trop calculé. Le film enchaîne des scènes qui semblent avoir été élaborées avec une rigueur excessive, ce qui empêche les émotions de circuler naturellement.
Ex-star de l’opéra, Giovanna fulmine : alors qu’elle a été déclarée morte par erreur, les hommages de la presse tardent à venir. Mike, cascadeur anglais, peut-il décemment trembler devant la mort alors qu’il la défie tous les jours ? Fumer tue, mais Dolorès s’en fout : le jour des 15 ans de sa petite-fille, elle passe unilatéralement un pacte avec Dieu. Alors qu’elle essaie de se suicider, Marie-Cerise, ado harcelée, humiliée et déprimée, est kidnappée et va tout naturellement faire de son ravisseur son psy. Edouard, bien qu’il présente depuis des années une célèbre émission criminelle à la télé, accuse le coup quand sa mortalité se rappelle à lui.
À chaque instant, on sent que le scénario force les situations, rendant l’ensemble artificiel et décousu. Ce manque de spontanéité dans le récit nuit également au développement des personnages. Chacun d’eux semble prisonnier d’un rôle stéréotypé, sans réelle profondeur ni évolution. Que ce soit Monica Bellucci, André Dussollier ou les autres membres du casting, leurs performances ne parviennent pas à transcender les limites imposées par un scénario trop rigide. Bellucci, en particulier, peine à convaincre dans un rôle qui, pourtant, aurait pu lui offrir un terrain d’expression riche en nuances. Quant à Dussollier, son jeu paraît parfois trop mécanique, manquant de l’émotion nécessaire pour captiver le spectateur. Cela donne l’impression que le casting, pourtant talentueux, est utilisé comme de simples pions dans une mise en scène bancale. Un autre point qui m’a interpellé est l’absence de diversité culturelle dans un film qui se veut cosmopolite. Marjane Satrapi, d’origine iranienne, avait une opportunité unique de présenter un Paris multiculturel, ouvert au monde.
Pourtant, la diversité à l’écran se résume essentiellement à des personnages francophones, principalement européens et chrétiens. Cette vision étriquée de la ville contraste avec l’image que l’on pourrait attendre d’une métropole aussi riche et variée que Paris. L’omission de cultures pourtant très présentes dans la capitale, notamment celles liées à l’islam ou à l’Afrique, laisse un goût d’inachevé. Par ailleurs, le film tente de jouer sur l’opposition entre la vie et la mort pour insuffler une philosophie positive. « Côtoyer la mort pour apprécier la vie » est l’un des messages centraux que Satrapi souhaite faire passer. Cependant, cette idée, bien que louable, est traitée de manière superficielle et répétitive, sans jamais vraiment atteindre sa cible. Au lieu de créer une réflexion profonde sur ces thèmes, le film finit par les effleurer, laissant le spectateur perplexe quant au véritable propos de l’œuvre. Ce sentiment de confusion est renforcé par la structure du film, qui multiplie les histoires sans jamais les relier de manière cohérente. Chaque personnage semble évoluer dans son propre univers, sans que leurs destins ne convergent de façon significative.
Cela crée une sorte de fragmentation qui rend difficile la compréhension de l’ensemble. De plus, l’introduction de nouveaux personnages au fur et à mesure du film finit par noyer les intrigues principales, donnant une impression de surcharge narrative. Malgré tout, il serait injuste de dire que *Paradis Paris* est un film totalement raté. Certaines séquences, notamment grâce à l’intervention de l’actrice Rossy De Palma, parviennent à capter un moment de grâce. De Palma, avec son charisme naturel, apporte une touche d’humanité et d’authenticité à un film qui en manque cruellement par ailleurs. Ces quelques moments réussis donnent un aperçu de ce qu’aurait pu être le film s’il avait davantage misé sur la spontanéité et la simplicité. En conclusion, Paradis Paris est un film qui, en voulant trop en dire et en faire, finit par ne plus rien raconter d’important. Marjane Satrapi, autrefois reconnue pour son humour et sa capacité à toucher juste, semble ici avoir perdu de sa verve. Le résultat est une œuvre trop écrite, trop calculée, qui ne parvient ni à émouvoir, ni à captiver.
Bien que le casting soit alléchant, les acteurs restent prisonniers de personnages mal construits, et le message du film, pourtant porteur de belles idées, se perd dans une exécution maladroite. Un film que l’on oubliera probablement aussi vite qu’on l’a vu, ce qui est d’autant plus décevant compte tenu des attentes placées en Satrapi après ses réussites passées.
Note : 2/10. En bref, Marjane Satrapi ne parvient pas à raconter quoi que ce soit en dehors de quelques scènes réussies et d’un casting séduisant.
Sorti le 12 juin 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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