Critique Ciné : Apartment 7A (2024, Paramount+)

Critique Ciné : Apartment 7A (2024, Paramount+)

Apartment 7A // De Natalie Erika James. Avec Julia Garner, Dianne Wiest et Jim Sturgess.

 

Depuis l'annonce du film Apartment 7A comme un prequel du célèbre classique de l'horreur de 1968 Rosemary's Baby, les attentes étaient élevées. Le film original, réalisé par Roman Polanski, reste un chef-d'œuvre du cinéma d'épouvante psychologique, ancré dans la paranoïa et les inquiétudes sociales de l'époque. Malheureusement, Apartment 7A n'arrive pas à capitaliser sur cet héritage, se révélant être une tentative décevante de raviver un classique tout en échouant à créer sa propre identité. En se positionnant comme un prequel à Rosemary's Baby, Apartment 7A attire immédiatement l’attention, mais cette promesse s’effrite rapidement. Là où le film de Polanski plongeait dans la subtilité, la lente montée en tension, et une exploration effrayante du doute et de la manipulation, ce nouveau film préfère s’appuyer sur des éléments prévisibles et des clichés trop souvent vus dans le genre. 

 

New York en 1965. Une danseuse se blesse. Bientôt, elle se retrouve entraînée vers des forces obscures lorsqu'un couple étrange de personnes âgées, lui promet une chance d'accéder à la célébrité.

 

Le film essaie de relier son intrigue à l'univers de Rosemary en s'intéressant à un personnage secondaire du roman et du film original, Terry Gionoffrio. Dans le film original, Terry était une jeune femme sans-abri recueillie par les inquiétants Castevet avant de mourir mystérieusement. Apartment 7A choisit de développer son histoire, mais sans grande profondeur ni inventivité. L’idée de donner à Terry un passé de danseuse avec des rêves de Broadway peut sembler intéressante sur le papier, mais elle n’apporte finalement rien de significatif au récit. Pire, elle rend incohérente la chronologie des événements et les motivations des personnages, notamment celles des Castevet, qui sont censés manipuler Terry pour atteindre leurs fins occultes. L'un des aspects les plus frappants de Rosemary's Baby était la complexité de ses personnages, chacun jouant un rôle dans la montée de l'angoisse et du doute chez Rosemary. Dans Apartment 7A, en revanche, les personnages sont dépeints de manière caricaturale. 

 

On peine à ressentir l'attachement ou l'empathie pour Terry, interprétée par Julia Garner, qui oscille entre une figure d’héroïne vulnérable et un personnage distant, presque insupportable par moments. Les interactions entre elle et les Castevet, joués par Dianne Wiest et Kevin McNally, manquent de la subtilité qui rendait l’original si captivant. Bien que Wiest et McNally soient des acteurs talentueux et fassent de leur mieux avec le matériel qu’on leur a donné, ils ne parviennent pas à élever l’ensemble. Le script ne leur donne tout simplement pas assez de matière pour recréer l’ambiance sournoise et manipulateur de Minnie et Roman Castevet tels qu’on les connaissait. La relation entre Terry et les Castevet est bancale, notamment lorsque Terry reçoit un appartement à elle – un choix narratif qui paraît illogique, car cela éloigne le contrôle que les Castevet devraient exercer sur elle, rendant l'intrigue encore plus confuse. Ce qui faisait la force de Rosemary's Baby, c'était cette sensation omniprésente d’angoisse et de perte de contrôle, un effet amplifié par la lenteur calculée avec laquelle Polanski installait sa narration. 

 

Chaque geste, chaque parole semblaient lourds de sous-entendus et d’incertitudes, poussant Rosemary, et le spectateur, à questionner la réalité qui l’entourait. Dans Apartment 7A, cette subtilité fait cruellement défaut.  Le film adopte un rythme lent, mais sans le développement narratif qui justifierait cette approche. Au lieu de faire monter la tension, il sombre dans l’ennui. Les scènes se succèdent sans réelle progression, et même les tentatives de « jump-scares » ou de moments de tension échouent à susciter la moindre émotion. Là où le film original captivait par une montée en puissance quasi imperceptible de la paranoïa, Apartment 7A semble désespéré d’injecter de l’horreur à tout prix, en utilisant des ressorts usés du genre. Malheureusement, même le dénouement du film tombe à plat. Là où Polanski nous offrait un final choc, terrifiant et mémorable, Apartment 7A se termine de manière prévisible et sans impact réel. Une scène de danse maladroite, censée apporter une certaine étrangeté, vire rapidement au ridicule. 

 

Et bien que le film tente de clore son intrigue avec une révélation surprenante, celle-ci échoue à surprendre ou à laisser une impression durable. Le tout se termine comme une tentative superficielle et dérivative de reproduire la magie de Rosemary's Baby sans vraiment en saisir l'essence. Apartment 7A se veut une extension de l’univers de Rosemary's Baby, mais il échoue à respecter l’esprit du classique de Polanski. Entre des personnages mal écrits, une intrigue mal exploitée et une tension absente, il ne parvient jamais à s’élever au-dessus du statut d’un film d’horreur générique. Malgré une bonne production visuelle et la présence de quelques acteurs talentueux, ce prequel est loin d’être à la hauteur de son prédécesseur et n’apporte rien de nouveau à l’héritage du film culte.

 

Note : 3/10. En bref, un prequel qui ne parvient pas à capturer l’essence de Rosemary’s Baby.

Disponible sur Paramount+

 

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