7 Octobre 2024
Les premiers épisodes de Where’s Wanda?, diffusés sur Apple TV+, ont attiré mon attention par leur ton résolument original et leur approche inédite du genre. Créée par Oliver Lansley et Zoltan Spirandelli, la série combine avec habileté une enquête familiale désespérée et un humour décalé, offrant un mélange aussi surprenant que divertissant. Si le point de départ – la recherche d’une enfant disparue – pourrait suggérer une série dramatique lourde, le traitement de ce sujet est tout autre, oscillant constamment entre la comédie burlesque et le thriller. L'intrigue de Where’s Wanda? repose sur la disparition de Wanda, une jeune fille qui a été vue pour la dernière fois lors du festival de Nuppelwocken. Depuis, ses parents, Carlotta et Dedo Klatt, multiplient les tentatives pour la retrouver, allant jusqu’à s’introduire dans les maisons de leur quartier pour y installer des caméras espions.
Dedo et Carlotta Klatt sont prêts à tout pour retrouver Wanda, leur fille de 17 ans, qui a disparu il y a plusieurs mois sans laisser de trace. Alors que la police échoue dans ses recherches, la famille prend les choses en main et se procure des appareils de surveillance à l’aide de leur fils Ole, pro de l’informatique. En se faisant passer pour des employés d’un fournisseur d’éléctricité, ils mettent d’abord sur écoute leur quartier, puis la moitié de la banlieue dans laquelle ils vivent, découvrant que leurs voisins ne sont pas ce qu’ils prétendent être.
L’idée de suivre ces parents atypiques dans leurs manœuvres pour retrouver leur fille est intéressante, car elle se détache des récits classiques de disparition, souvent dramatiques. Au lieu de plonger dans un océan de désespoir, la série choisit la dérision, une option risquée mais maîtrisée dans les premiers épisodes. Cependant, malgré l’originalité du concept, je me pose des questions sur la capacité de la série à maintenir cette dynamique sur le long terme. En effet, chaque épisode se concentre sur un voisin différent, dévoilant à chaque fois des secrets plus ou moins loufoques, mais cette structure pourrait devenir répétitive. Le danger est que le spectateur finisse par se lasser de cette mécanique, qui, si elle est bien menée au début, risque de tourner en rond si elle n’est pas renouvelée. L’un des points forts de Where’s Wanda? réside dans ses personnages, en particulier Carlotta et Dedo Klatt. Heike Makatsch, dans le rôle de Carlotta, est tout simplement formidable.
Elle incarne avec justesse une mère dévastée par la disparition de sa fille, tout en apportant une dimension comique à travers ses colères exagérées et ses actions souvent absurdes. Son personnage oscille entre la douleur et l’exaspération, ce qui rend ses explosions de colère aussi drôles que touchantes. Dedo, joué par Axel Stein, est le stéréotype du mari maladroit et paumé, mais son rôle fonctionne bien aux côtés de Carlotta. Ensemble, ils forment un duo à la fois attachant et hilarant, qui nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, l’humour peut être une échappatoire. Ce contraste entre le drame de la disparition de leur fille et leur comportement burlesque crée un équilibre savamment dosé, même si, à mon avis, le côté burlesque pourrait finir par s’essouffler. Ce qui frappe dans Where’s Wanda?, c’est la capacité de la série à jongler entre des tonalités très différentes. On passe rapidement d’une scène humoristique où les parents mettent en place des plans de surveillance aussi absurdes qu’illégaux, à une scène plus sombre qui reflète la gravité de la situation.
Cette alternance crée un véritable ascenseur émotionnel pour le spectateur, qui se retrouve à rire, puis à être confronté à la douleur et à l’angoisse que peuvent vivre les parents. Néanmoins, cet équilibre précaire entre comédie et drame est parfois bancal. Il y a des moments où l’humour prend trop le dessus, minimisant la tension dramatique nécessaire pour maintenir l’engagement émotionnel du spectateur. À certains endroits, j’aurais aimé que la série explore plus en profondeur les émotions des personnages, plutôt que de s’en tenir à une approche trop légère. Visuellement, Where’s Wanda? est également très réussie. La réalisation, signée Christian Ditter, fait un excellent usage des couleurs vives et des cadrages dynamiques pour accentuer le contraste entre le ton léger de la comédie et le fond sombre de l’histoire. Chaque maison que les Klatts visitent a sa propre atmosphère, ce qui renforce l’aspect mystérieux de la série.
On ressent une attention particulière à l’esthétique, ce qui permet de plonger encore plus profondément dans l'univers chaotique et décalé des Klatts. Au-delà de l’humour et des mystères, Where’s Wanda? aborde aussi des thématiques plus profondes, notamment la parentalité et les relations familiales. La disparition de Wanda n’est finalement qu’un prétexte pour explorer les tensions au sein de la famille Klatt. Au fil des épisodes, on voit Carlotta et Dedo se reconnecter avec leur fils Ole, qu’ils avaient négligé. Leur quête désespérée pour retrouver leur fille devient également une quête de réconciliation familiale, et c’est peut-être là que la série trouve son véritable cœur. En résumé, Where’s Wanda? est une série qui ne laisse pas indifférent. Son mélange unique d’humour décalé et de mystère captivant fait de ces premiers épisodes une expérience rafraîchissante. Bien que la série ne soit pas sans défauts, notamment avec un risque de répétitivité dans le schéma narratif et quelques déséquilibres entre le drame et la comédie, elle parvient à proposer quelque chose de nouveau dans le paysage audiovisuel actuel.
Note : 6.5/10. En bref, si vous aimez les histoires qui sortent des sentiers battus et que vous appréciez l’humour noir, Where’s Wanda? vaut vraiment le détour. Reste à voir si elle saura maintenir le cap sur le long terme.
Disponible sur Apple TV+
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