Critique Ciné : Le Médium (2024)

Critique Ciné : Le Médium (2024)

Le Médium // De Emmanuel Laskar. Avec Emmanuel Laskar, Louise Bourgouin et Noémie Lvovsky.

 

Le Médium, premier long-métrage d’Emmanuel Laskar, se veut une exploration douce-amère des relations entre vivants et morts, mais, au final, il manque de profondeur et de clarté. Présenté comme un mélange entre comédie burlesque et drame introspectif, ce film échoue à trouver son équilibre et laisse le spectateur sur sa faim. Si l’idée de départ est prometteuse, le résultat est malheureusement loin d’être convaincant. L’intrigue du film tourne autour de Michaël, un homme de trente ans un peu perdu, qui hérite des dons de médium de sa mère défunte. Il est incité par sa sœur, qui croit fermement en ses capacités, à marcher dans les pas de leur mère. Pourtant, ce n’est qu’à la rencontre d’Alicia, une jeune veuve incarnée par Louise Bourgoin, que Michaël se laisse tenter par le « métier ». 

 

Michael cumule les tracas. Il n’accepte ni sa rupture amoureuse, ni l’héritage de sa mère récemment décédée : le don de communiquer avec les morts. Débordé par son chagrin, il refuse d’assumer sa vocation de Médium. Mais sa rencontre avec Alicia, jeune artiste charismatique convaincue de la présence de son mari décédé, va le pousser à changer d’avis …

 

Attiré par cette femme énigmatique, il accepte de l’aider à entrer en contact avec l’esprit de son mari décédé. Le problème fondamental de Le Médium réside dans l’ambiguïté de son ton et de sa direction narrative. Le film hésite constamment entre la comédie et le drame sans réussir à se stabiliser. En optant pour un entre-deux qui ne se veut ni vraiment drôle, ni véritablement poignant, Laskar dilue les enjeux du film, et cela devient rapidement lassant. Le spectateur se retrouve à suivre une intrigue où rien de marquant ne se passe vraiment, laissant une sensation de platitude. Dans Le Médium, la relation entre Michaël et Alicia est censée apporter une touche de romance au récit. Cependant, cette dynamique tombe à plat en raison d’un manque de développement émotionnel et d’une alchimie quasi inexistante entre les personnages. Michaël, interprété par Laskar lui-même, peine à captiver dans son rôle de trentenaire perdu. 

 

Quant à Alicia, incarnée par Louise Bourgoin, elle est malheureusement cantonnée à un rôle de « veuve mélancolique » qui ne parvient jamais à susciter une réelle empathie.  On aurait pu s’attendre à une histoire d’amour touchante et complexe entre ces deux personnages hantés par leur passé, mais la maladresse de la mise en scène rend cette relation artificielle. L’émotion, qui aurait pu être le fil conducteur de cette romance, est ici absente, remplacée par une succession de scènes qui peinent à susciter un quelconque attachement du spectateur pour leurs tourments. Le Médium aurait pu être une comédie rafraîchissante en exploitant le côté burlesque du métier de médium. Cependant, Laskar ne parvient pas à faire ressortir l’aspect comique du sujet. Les apparitions des fantômes, censées apporter une touche d’humour et de légèreté, se révèlent anodines et sans impact réel sur le déroulement de l’intrigue. Ces moments comiques, au lieu d’ajouter un souffle de fantaisie, semblent déconnectés du reste du film.

 

Noémie Lvovsky, qui incarne la mère de Michaël dans des scènes d’outre-tombe, apporte un léger vent de fraîcheur grâce à son talent naturel. Cependant, ses apparitions sont trop éparses pour donner une véritable dimension comique ou émotionnelle au film. Finalement, ce qui aurait pu être une comédie de fantômes savoureuse se transforme en une série de petites blagues faiblement exécutées qui n'atteignent pas leur but. Laskar choisit de situer Le Médium dans le sud de la France, une région visuellement cinématographique à souhait. Le cadre du Var et ses paysages magnifiques auraient pu servir de toile de fond poétique à une histoire émotive et intime. Malheureusement, même si le décor ajoute une certaine beauté visuelle, cela ne suffit pas à combler les lacunes scénaristiques et la faiblesse du développement des personnages. Peut-être le plus grand défaut de Le Médium est-il l’absence de tension dramatique. Les enjeux semblent flous, et le spectateur peine à comprendre pourquoi il devrait s’investir dans cette histoire. 

 

Michaël accepte finalement d’assumer son rôle de médium, mais cette décision ne semble ni motivée par un désir profond, ni par un besoin impérieux de se reconnecter avec sa mère décédée. Même les quelques conflits entre les personnages manquent d’intensité, rendant le déroulement de l’histoire monotone et sans relief. En résumé, Le Médium est une tentative de combiner comédie et drame autour d’une histoire de médiumnité, mais le film échoue à captiver. En cherchant à explorer des thématiques mélancoliques sur fond de surnaturel, Emmanuel Laskar se perd dans une narration indécise et des personnages sans consistance. Louise Bourgoin, talentueuse et charismatique, semble étrangement hors de propos dans ce rôle, comme si même son charisme ne parvenait pas à sauver un film dénué de tension et de profondeur.

 

Pour ceux qui espèrent une comédie légère, Le Médium ne parvient pas à amuser. Pour ceux qui recherchent une réflexion touchante sur les liens entre les vivants et les morts, le film reste en surface, sans jamais oser plonger dans une vraie introspection. En somme, Le Médium est un film qui pourrait facilement être oublié, faute d’avoir laissé une impression durable. Pour les amateurs de comédies dramatiques ou de récits surnaturels bien construits, il y a bien d’autres films qui valent le détour.

 

Note : 2/10. En bref, un film qui hésite sur ce qu’il veut être et finit par ne rien faire. C’était gonflant. 

Sorti le 10 juillet 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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