Critique Ciné : Sauvage - Canicule 2 (2024, direct to Canal+)

Sauvage - Canicule 2 // De Robert Connolly. Avec Eric Bana, Anna Torv et Deborra-Lee Furness.

La sortie de Sauvage - Canicule 2 (Force of Nature: The Dry 2 en version originale) marque le retour du détective Aaron Falk, campé par Eric Bana, dans une enquête mêlant drame personnel et suspense. Suite directe du film Canicule (The Dry), ce deuxième opus s'aventure dans un récit plus complexe et ambitieux. Malheureusement, cette ambition n'est pas toujours bien exécutée, ce qui donne un résultat en demi-teinte. Si certains aspects restent réussis, d'autres viennent entacher l'expérience globale. L’histoire suit Falk, qui se joint à une mission de recherche après la disparition inquiétante d’Anna Torv, son informatrice, lors d’un séminaire d’entreprise en pleine nature. Ce cadre forestier, isolé et potentiellement dangereux, se prête parfaitement à une atmosphère de tension. 

En Australie, l'enquêteur Aaron Falk et sa coéquipière Carmen Cooper sont sur le point de faire tomber la société Bailey Tenants pour blanchiment d'argent. L’une des employées, Alice Russell, est l'informatrice qui doit leur fournir les dernières preuves décisives. Mais elle disparait mystérieusement lors d’une randonnée organisée par son entreprise. Aaron et Carmen rejoignent les enquêteurs qui tentent de la retrouver.

À mesure que Falk s’enfonce dans cette quête, son passé refait surface, mêlant souvenirs douloureux et traumatismes jamais guéris. Le film semblait vouloir jouer sur plusieurs tableaux : un thriller captivant, une introspection psychologique et un mystère criminel. Cependant, cette multiplicité de lignes narratives devient rapidement un piège. Le problème majeur de Sauvage - Canicule 2 réside dans son scénario. Contrairement à son prédécesseur qui brillait par sa simplicité et sa maîtrise de l’atmosphère, cette suite souffre d’une structure confuse. Trois arcs narratifs principaux s’entrelacent sans véritable harmonie. A commencer par le groupe en séminaire. Les tensions entre les collègues et leur lutte pour survivre dans cet environnement hostile auraient pu suffire à créer un thriller efficace.

Ensuite, les traumas d’enfance de Falk. Bien qu’ils apportent une certaine profondeur au personnage, ces flashbacks récurrents ralentissent le rythme du récit. Et enfin, la traque d’un tueur en série. Ce fil narratif, pourtant alléchant sur le papier, semble sous-développé et décevant dans sa résolution. À force de vouloir tout inclure, le film n’approfondit réellement aucun de ces aspects. Résultat : une intrigue qui manque de cohérence et qui peine à maintenir l’attention. Eric Bana demeure l’atout majeur de ce film. Son interprétation d’Aaron Falk est sobre et nuancée, fidèle à l’esprit du premier opus. Cependant, il semble bridé par un scénario qui ne lui donne pas assez de matière pour briller pleinement. Parmi les personnages secondaires, Anna Torv s’en sort bien, offrant une performance crédible et attachante. Deborra-Lee Furness, quant à elle, se démarque par une présence charismatique et mémorable. 

En revanche, beaucoup d’autres personnages paraissent fades ou caricaturaux, rendant difficile pour le spectateur de s’investir émotionnellement dans leur sort. D’un point de vue visuel, Sauvage - Canicule 2 ne déçoit pas. Les paysages australiens, filmés avec soin, apportent une dimension immersive indéniable. La forêt dense, à la fois majestueuse et menaçante, devient presque un personnage à part entière. La photographie élégante et la bande-son atmosphérique renforcent cette immersion. Cependant, malgré cette qualité esthétique, la mise en scène manque d’audace. Là où le premier film réussissait à installer une tension palpable, cette suite peine à retrouver la même intensité. Les décors naturels, bien qu’agréables à l’œil, ne suffisent pas à compenser le manque de dynamisme de la réalisation.

L’un des choix narratifs les plus discutables est l’usage intensif des flashbacks. Bien qu’ils visent à étoffer le personnage de Falk et à explorer ses blessures passées, leur insertion constante finit par briser le rythme du film. Plutôt que d’enrichir l’histoire, ces retours en arrière donnent une impression de lourdeur, voire de maladresse. Autre point faible : la résolution de l’intrigue. Certaines découvertes clés paraissent trop faciles, comme si elles tombaient du ciel pour faire avancer l’histoire. Par exemple, Falk trouve sans effort un lieu resté introuvable pendant des décennies, un raccourci qui laisse une impression d’artifice. Ces choix affaiblissent la crédibilité du récit et risquent de frustrer les amateurs de thrillers bien ficelés.

Le premier Canicule était parvenu à instaurer une atmosphère oppressante et unique, mêlant chaleur écrasante et mystère pesant. Dans cette suite, l’ambiance reste travaillée mais n’atteint jamais le même niveau d’intensité. Le changement de décor, passant des terres arides à la forêt, est certes rafraîchissant, mais il manque la singularité qui faisait la force du premier film. En fin de compte, Sauvage - Canicule 2 reste un polar correct, mais loin d’être mémorable. Si l’on peut saluer certains aspects comme le jeu d’Eric Bana et la qualité visuelle, le film souffre d’un scénario trop éclaté, de personnages secondaires inégaux et d’une mise en scène qui manque de personnalité. Il s’agit davantage d’un divertissement passable qu’un thriller marquant.

Pour les fans du premier opus, cette suite pourra offrir quelques moments plaisants, notamment grâce à son protagoniste et à son atmosphère mystérieuse. Cependant, elle risque aussi de décevoir par son manque d’ambition et son incapacité à retrouver la magie du premier film. Jane Harper, l’autrice des romans sur Aaron Falk, a publié un troisième livre qui pourrait bien conclure cette trilogie cinématographique. Espérons que cette hypothétique adaptation saura tirer les leçons de Sauvage - Canicule 2 et revenir à ce qui faisait la force du premier film : une intrigue solide, une tension maîtrisée et un Aaron Falk plus humain que jamais. En attendant, Sauvage - Canicule 2 reste une expérience mitigée. Pour moi, il s’agit d’une œuvre dispensable, qui peine à justifier sa place dans une série pourtant prometteuse.

Note : 4.5/10. En bref, une suite qui peine à égaler l’original.

Sorti le 16 octobre 2024 directement sur Canal+ - Disponible sur myCanal