Critique Ciné : Hors du Temps (2024)

Critique Ciné : Hors du Temps (2024)

Hors du Temps // De Olivier Assayas. Avec Vincent Macaigne, Micha Lescot et Nora Hamzawi.

 

Aller au cinéma est, pour moi, une opportunité de m’évader, de découvrir des histoires qui touchent, divertissent ou stimulent la réflexion. Malheureusement, certaines œuvres échouent à remplir cette promesse, et Hors du Temps, d’Olivier Assayas, en est un parfait exemple. Ce film, qui ambitionne de revisiter les souvenirs du confinement et d’explorer les thèmes de l’héritage familial, m’a laissé avec un sentiment d’ennui profond et d’agacement face à une prétention omniprésente. Appréciant habituellement le travail d’Olivier Assayas, je me suis lancé dans le visionnage de Hors du Temps avec une certaine confiance. Ajoutez à cela la présence de Vincent Macaigne, un acteur que j’estime pour sa sensibilité et sa finesse de jeu, et j’avais toutes les raisons de croire que j’allais passer un bon moment.

 

Paul, réalisateur, et son frère Etienne, journaliste musical, sont confinés à la campagne dans la maison où ils ont grandi. Avec eux, Morgane et Carole, leurs nouvelles compagnes. Chaque pièce, chaque objet, les arbres du jardin, les sentiers parcourant les sous-bois leur rappellent les souvenirs de leur enfance, et leurs fantômes.

 

J’ai volontairement évité de lire les critiques, préférant découvrir l’œuvre par moi-même. Ce fut une erreur. Dès les premières minutes, j’ai compris que le film prenait une direction déconcertante. Situé dans un cadre bucolique photographié avec soin, presque comme un tableau impressionniste, il aurait pu être une belle exploration visuelle. Mais cette esthétique ne fait que masquer un vide narratif criant. Très vite, le film s’enfonce dans une introspection nombriliste, où des dialogues interminables, truffés de références culturelles, créent une barrière entre les personnages et le spectateur. Assayas s’aventure ici sur le terrain de l’auto-fiction, un genre exigeant qui demande équilibre et subtilité. Hélas, cet équilibre est absent dans Hors du Temps. 

 

L’humour, présent dans les premières scènes, s’essouffle rapidement. Ce qui aurait pu être une comédie légère et introspective devient une succession de moments d’un ennui abyssal. Les personnages, distants et caricaturaux, peinent à susciter la moindre empathie. Vincent Macaigne, qui incarne un alter ego du cinéaste, n’aide pas à relever le niveau. Son interprétation, marquée par une diction affectée et une lenteur pesante, finit par agacer. Pire encore, la voix off qui accompagne le récit frôle le ridicule. Plutôt que d’apporter de la profondeur, elle renforce l’impression d’assister à une œuvre enfermée dans ses propres codes, inaccessible à quiconque n’appartient pas à cet univers élitiste.

 

Le confinement, pour beaucoup, a été une période marquée par des défis personnels, des réflexions ou des moments de solidarité. Mais ici, il devient un prétexte pour explorer les états d’âme d’une famille enfermée dans sa maison de campagne, évoluant dans une bulle totalement hors-sol. Les discussions, saturées de références culturelles, ne parviennent pas à créer de réels enjeux. Ce cinéma, qui se complaît dans sa propre intellectualité, finit par aliéner même les spectateurs les plus patients. La thématique de l’héritage, abordée dans une scène de transmission patrimoniale, aurait pu apporter un peu de gravité ou d’émotion. Mais au lieu d’explorer la mémoire ou les racines familiales, le film célèbre implicitement les privilèges de ses protagonistes. 

 

Ce qui aurait pu être un moment poignant devient une énième démonstration de déconnexion avec la réalité. Plutôt que de toucher ou de faire réfléchir, le film s’égare dans des réflexions creuses et stériles. J’ai essayé de rester investi tout au long de la projection, espérant un retournement de situation ou une scène capable de racheter l’ensemble. Mais ce moment n’est jamais arrivé. Chaque dialogue, chaque scène semblait me repousser un peu plus. À mesure que l’histoire avançait, le film s’enfonçait dans une répétition mécanique d’humour forcé et de situations insipides. Avec Hors du Temps, Olivier Assayas semble avoir perdu de vue ce qui faisait la force de son cinéma. 

 

Là où ses œuvres précédentes savaient capter des émotions universelles ou explorer des thèmes complexes avec finesse, ce film s’enferme dans un exercice d’autocélébration déconnecté des attentes des spectateurs. L’autodérision, qui aurait pu sauver le projet, se révèle être une façade. Au lieu de se moquer réellement de lui-même, le cinéaste semble célébrer son propre univers, avec une tendresse qui frôle l’arrogance. En conclusion, Hors du Temps est une œuvre que je ne saurais recommander, même aux amateurs d’Olivier Assayas. Ce film, qui ambitionnait de revisiter le confinement et d’explorer les souvenirs, s’avère finalement creux, déconnecté et profondément ennuyeux. Ce qui aurait pu être une introspection touchante se transforme en un spectacle d’égocentrisme et de prétention.

 

Note : 1/10. En bref, une plongée dans l’ennui et la prétention cinématographique. Le cinéma, lorsqu’il est bien fait, a le pouvoir de nous transporter, de nous faire réfléchir ou de nous émouvoir. Hors du Temps échoue sur tous ces points. 

Sorti le 19 juin 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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