Critique Ciné : Le Procès du Chien (2024)

Critique Ciné : Le Procès du Chien (2024)

Le Procès du Chien // De Laetitia Dosch. Avec Laetitia Dosch, François Damiens et Pierre Deladonchamps.

 

Le cinéma regorge d’œuvres audacieuses, parfois maladroites, qui tentent de repousser les limites du format pour aborder des thématiques complexes. Le Procès du Chien, première réalisation de Laëtitia Dosch, appartient à cette catégorie de films. Ce long-métrage, oscillant entre comédie et drame, semble vouloir tout dire en peu de temps, mais finit par laisser une impression mitigée. Ce qui frappe, c'est son ambition : des personnages excentriques, des dialogues crus et percutants, des touches de burlesque, et une réflexion naissante sur la place de l'animal dans notre société. 

 

Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.

 

Mais tout cela suffit-il à en faire une œuvre mémorable ? Voici mon avis sur ce film au potentiel indéniable, mais dont la réalisation souffre de nombreux écueils. Laëtitia Dosch propose un univers peu conventionnel, où les personnages hauts en couleur se bousculent dans des situations rocambolesques. Dès les premières minutes, le ton est donné : un mélange de burlesque et de satire sociale, saupoudré de dialogues sans filtre. Cette approche audacieuse offre quelques moments de fraîcheur, notamment grâce à des scènes humoristiques réussies mettant en scène un chien au centre du récit. Ce dernier devient un protagoniste involontaire, apportant une touche d’absurde bienvenue dans ce procès aussi étrange qu’improbable.

 

Le casting, qui réunit des noms comme François Damiens et Mathieu Demy, apporte une certaine solidité au film. Malgré un scénario parfois décousu, ces acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, insufflant un peu de profondeur à des personnages parfois stéréotypés. Il faut également saluer la volonté de Dosch d'aborder des sujets sérieux, comme la maltraitance animale et les relations humaines, à travers le prisme de la comédie. Cependant, ces thématiques, bien que pertinentes, restent souvent survolées, comme si le film n’osait pas s’y aventurer pleinement. Malgré ses qualités, Le Procès du Chien pêche par son absence de structure claire. 

 

Le film semble souffrir d’un problème d’équilibre : trop de pistes narratives, trop de personnages, et pas assez de temps pour développer chacun de ces éléments. En seulement 1h23, Dosch tente d'explorer des sujets variés – parfois trop variés – ce qui donne au film une allure brouillonne. Chaque sous-intrigue s’effiloche rapidement, laissant au spectateur une impression d'inachevé. Le film jongle maladroitement entre les genres, incapable de trancher entre comédie légère et drame social. Cette indécision se traduit par une succession de scènes qui peinent à trouver leur tonalité. Certains gags tombent à plat, tandis que d'autres, trop appuyés, flirtent avec la caricature. 

 

Si quelques séquences burlesques parviennent à décrocher un sourire, elles sont souvent noyées dans une excentricité qui manque de subtilité. On a parfois l’impression que le scénario a été improvisé au fil du tournage, ce qui accentue cette sensation de désordre. Le ton du film, marqué par une volonté manifeste de faire rire tout en dénonçant, ne parvient pas toujours à trouver sa cible. Les tentatives d'humour oscillent entre le loufoque et le vulgaire, sans jamais atteindre un véritable équilibre. Certaines scènes frôlent l’absurde, mais sans la finesse nécessaire pour pleinement convaincre. Ce qui aurait pu être un cocktail rafraîchissant de satire sociale et de comédie grinçante se transforme souvent en un enchaînement de blagues peu inspirées.

 

En parallèle, le film tente d’adresser des problématiques plus profondes, notamment à travers des comparaisons maladroites entre les chiens et les humains, ou encore des réflexions sur le féminisme et le racisme. Cependant, ces thématiques sont abordées de manière trop simpliste, parfois même maladroite. Plutôt que d’inviter à une réflexion sincère, ces messages semblent imposés, ce qui peut laisser un goût amer au spectateur. Ce qui est frustrant dans Le Procès du Chien, c’est qu’il y a un véritable potentiel sous-jacent. L’idée de placer un animal au cœur d’un procès aurait pu ouvrir la voie à une exploration plus profonde de notre rapport à l’animalité, de notre hypocrisie sociétale, ou encore de la condition humaine. 

 

Malheureusement, la mise en scène ne parvient pas à tirer parti de cette richesse thématique. Le burlesque, qui aurait pu être un outil puissant, reste à l’état d’esquisse. Le film semble trop hésitant pour embrasser pleinement sa propre folie, ce qui le rend finalement superficiel. En fin de compte, Le Procès du Chien est une œuvre qui divise. Ceux qui s’attendent à une comédie hilarante pourraient être déçus par son humour inégal et sa structure désordonnée. À l’inverse, ceux qui n’ont aucune attente particulière pourraient y trouver un certain charme, voire une forme d’excentricité attachante. Il s’agit d’un film "à potentiel", une de ces premières réalisations qui laissent entrevoir un talent en devenir, mais qui manquent encore de maîtrise et de cohérence.

 

Pour ma part, je salue l’audace de Laëtitia Dosch, mais je ne peux ignorer les failles évidentes de son film. Le Procès du Chien aurait gagné à être plus abouti, à mieux structurer son propos et à affiner ses dialogues. En l’état, il reste une œuvre bancale, mais non dénuée d’intérêt. Une curiosité, certes imparfaite, mais qui mérite d’être vue pour ses moments de fraîcheur et sa volonté de sortir des sentiers battus. En somme, Le Procès du Chien est un film qui reflète bien les dilemmes d'une première réalisation. Laëtitia Dosch montre une créativité indéniable, mais peine à canaliser son énergie pour offrir une œuvre cohérente. 

 

Ce qui devait être un coup de gueule jubilatoire se transforme en une pelote d'idées emmêlées, dont le fil conducteur se perd rapidement. Si certaines scènes amusent et que le film possède des qualités indéniables, il ne parvient jamais à s’élever au-delà de son statut de "petit film". Une première tentative prometteuse, mais qui laisse espérer une œuvre plus aboutie à l’avenir.

 

Note : 3/10. En bref, une première réalisateur qui manque de chien. 

Sorti le 11 septembre 2024 au cinéma - Disponible en VOD

 

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