7 Janvier 2025
Remnant // De Mike Horan. Avec Megan Bell, Remi Webster et Shaun Foley.
Le cinéma de genre a souvent été un espace de créativité et de prise de risques, mais toutes les tentatives ne parviennent pas à transformer une idée ambitieuse en une œuvre captivante. Remnant, réalisé par Mike Horan, se présente comme un film à petit budget et à concept audacieux. Cependant, malgré un certain potentiel, il oscille trop souvent entre l’inspiration et l’exécution laborieuse. Si son hommage aux maîtres du suspense et de l’horreur tels qu’Hitchcock, Romero et De Palma est évident, il peine à atteindre le même niveau d’impact. Dès les premières minutes, Remnant tente d’installer une atmosphère intrigante avec ses images de nuages menaçants et de champs balayés par le vent.
Un accident tragique, un esprit fracturé, un corps guéri par une technologie expérimentale. Une jeune femme devient surnaturellement liée aux horreurs de son passé. Hantée, pourchassée, tourmentée, elle doit découvrir la vérité pour être libre.
Ces éléments visuels sont réussis, mais l’effet s’essouffle rapidement, notamment à cause d’un rythme qui manque de vivacité. L’héroïne, Grace (interprétée par Megan Bell), est plongée dans une situation chaotique après un accident de voiture traumatisant, mais l'intensité initiale se dilue dans une narration trop contemplative. Si l’introduction d’un univers à la frontière entre rêve et réalité aurait pu captiver, elle s’étire en longueur, multipliant les symboles sans que ces derniers ne trouvent toujours leur sens ou leur utilité. L’hésitation entre le mystère et le surnaturel finit par frustrer plus qu’elle ne fascine. À ce stade, j’ai ressenti que le film me demandait beaucoup de patience sans offrir suffisamment en retour.
Le choix de développer plusieurs arcs narratifs parallèles – une intrigue slasher, une dimension psychologique et même une amitié secondaire – est louable sur le papier. Malheureusement, à l’écran, cette ambition se transforme en un éparpillement qui rend difficile l’implication émotionnelle. Les dialogues explicatifs alourdissent la première partie du film, et les scènes censées approfondir les personnages, bien que sincères, manquent souvent d’énergie et de concision. À 112 minutes, Remnant aurait gagné à être plus resserré. J’ai trouvé que certains passages, notamment ceux consacrés aux relations interpersonnelles de Grace, ralentissaient inutilement l’intrigue principale. Si Isabelle Weiskopf offre une performance solide dans un rôle secondaire, son personnage n’apporte pas grand-chose à l’ensemble.
C’est seulement dans sa deuxième moitié que le film commence à révéler ses qualités. Mike Horan démontre qu’il sait manier l’esthétique du cinéma de genre avec une certaine adresse. Les éléments horrifiques se renforcent, et le travail de mise en scène devient plus immersif. Une séquence culminante, tournée dans un théâtre historique, parvient même à capturer un véritable moment de tension visuelle et dramatique. Cette scène illustre ce qu’Horan est capable d’accomplir lorsqu’il canalise ses idées de manière plus concise et percutante. Cependant, ce sursaut de qualité arrive trop tard pour compenser les longueurs du début. Même dans ces instants plus dynamiques, l’impact reste limité par des effets qui manquent parfois de finesse.
Plutôt que de me tenir en haleine, j’ai trouvé que le film peinait à maintenir une cohérence émotionnelle et narrative, alternant entre ambition visuelle et exécution inégale. Comme pour souligner son penchant pour l’excès, Remnant introduit une scène en milieu de crédits qui bascule dans le body horror et la science-fiction. Si cette tentative d’élargir l’univers du film est intéressante, elle apparaît plus comme une case à cocher que comme une véritable nécessité narrative. Ce revirement, loin d’apporter une conclusion satisfaisante, donne plutôt l’impression d’une expérimentation de trop. Il serait injuste de ne pas reconnaître les efforts de Mike Horan pour créer un film ambitieux avec des moyens limités. Il est évident qu’il aime le cinéma et qu’il a une vision, mais cette vision manque parfois de clarté.
À force de vouloir embrasser trop de genres et de thèmes, Remnant perd en cohérence et en rythme, offrant une expérience tout juste passable. En tant que spectateur, j’ai été intrigué par certaines idées et impressionné par quelques moments de mise en scène, mais l’ensemble m’a souvent laissé indifférent ou distrait. Le film donne l’impression d’une esquisse prometteuse qui n’a pas encore trouvé sa forme finale. Si Remnant témoigne d’un potentiel chez Mike Horan, il reste encore du chemin à parcourir pour transformer cette ambition en une œuvre véritablement marquante. En résumé, Remnant est un film qui tente de mordre à pleines dents dans le cinéma de genre, mais dont le résultat, malgré quelques réussites isolées, s’avère souvent trop décousu pour pleinement convaincre.
Note : 4.5/10. En bref, une belle tentative, certes, mais qui ne dépasse jamais vraiment le stade de l’exercice de style.
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