Critique Ciné : Spirit in the Blood (2025, direct to SVOD)

Critique Ciné : Spirit in the Blood (2025, direct to SVOD)

Spirit in the Blood // De Caryl May. Borgstrom. Avec Summer H. Howell, Sarah-Maxine Racicot et Michael Wittenborn.

 

Spirit in the Blood bien qu'ambitieux dans ses thématiques et son esthétique, n'a pas su trouver son équilibre, laissant une impression de désordre narratif et émotionnel. Dès les premières scènes, Spirit in the Blood cherche à s’imposer comme une œuvre hybride, entre récit initiatique, drame sociétal et horreur surnaturelle. Le film suit Emerson, une adolescente confrontée à un univers oppressant après que sa famille ait déménagé dans une petite ville religieuse. L'apparition d'une créature inquiétante dans les bois, combinée à la découverte d’un cadavre mutilé, aurait dû insuffler une tension palpable. Pourtant, le film peine à installer une véritable atmosphère de suspense ou d'effroi.

 

Après qu'une jeune fille a été retrouvée morte dans une communauté religieuse isolée dans les montagnes, une bande d'adolescentes luttent contre les esprits maléfiques qui, selon elles, l'ont tuée, en embrassant leur propre nature sombre.

 

L'intrigue principale, centrée sur la quête de survie et de pouvoir des adolescentes face à un danger surnaturel et à une société patriarcale étouffante, avait tout pour captiver. Mais les personnages secondaires, notamment les adultes, manquent de profondeur. Ils se réduisent à des archétypes : le pasteur autoritaire, la mère dévouée uniquement définie par sa grossesse ou encore le prédateur insidieux. Ces figures simplistes affaiblissent l’impact du message féministe que le film semble vouloir transmettre. Le point fort du film réside dans la relation entre Emerson et Delilah, deux adolescentes liées par leur marginalité. Emerson, rationnelle et vulnérable, trouve en Delilah une alliée fougueuse et pleine d’assurance. 

 

Leur dynamique donne lieu à des moments touchants, notamment lorsqu'elles se regroupent avec d'autres filles pour former une sorte de sororité rebelle. À travers ces scènes de rituels et d'entraînement, le film réussit à capter l’essence de l’adolescence : un mélange de curiosité, de défi et de fragilité. Cependant, le traitement de Delilah, seule fille de couleur dans un environnement blanc, soulève des interrogations. Bien qu'elle soit un pilier de l’histoire, le scénario semble la sacrifier émotionnellement et physiquement pour permettre à Emerson de progresser. Ce déséquilibre narratif, bien que peut-être involontaire, renforce une sensation de malaise quant aux choix scénaristiques.

 

Spirit in the Blood ambitionne de dénoncer les abus d’une société patriarcale rigide. À travers les prières collectives, les chasses menées par les hommes et les comportements passifs ou oppressifs des adultes, le film dresse un tableau sombre d’une communauté dominée par la peur et l’intolérance. Toutefois, cette critique reste en surface, se limitant à des clichés sans explorer en profondeur les mécanismes complexes de ces dynamiques sociales. Le film pose également la question de la libération personnelle et collective. L’idée de « libérer l'esprit dans le sang », une métaphore puissante pour l’émancipation et la force intérieure, est séduisante. Malheureusement, cet aspect mythologique, pourtant central, est traité de manière trop expéditive, laissant le spectateur sur sa faim.

 

Visuellement, Spirit in the Blood excelle dans sa représentation de la nature sauvage et menaçante. Les scènes dans les bois, où danger et refuge se confondent, sont parmi les plus réussies. Elles traduisent parfaitement l'ambivalence de cet environnement, à la fois hostile et libérateur. Cependant, le ton général du film oscille maladroitement entre l’horreur, le drame et le surnaturel, sans parvenir à marier ces genres de manière cohérente. Certaines scènes censées être effrayantes tombent à plat, tandis que les moments émotionnels sont parfois atténués par des choix musicaux ou narratifs inappropriés. Cette fragmentation nuit à l'immersion et dilue l’impact du récit.

 

Malgré ses défauts, le film n’est pas dénué d’intérêt. Carly May Borgstrom, réalisatrice de cette première œuvre, démontre une réelle sensibilité pour les relations humaines et les questions identitaires. Les performances de Summer H. Howell (Emerson) et Sarah-Maxine Racicot (Delilah) apportent une authenticité bienvenue à un récit parfois chaotique. Ces jeunes actrices parviennent à transmettre la complexité des émotions adolescentes, entre amitié, loyauté et premières désillusions. Cependant, les nombreuses idées introduites dans le film, qu’il s’agisse des dynamiques de pouvoir, de la sororité ou de la lutte contre un ennemi surnaturel, ne sont pas suffisamment développées. 

 

Le spectateur est laissé avec une impression d’inachevé, comme si le film avait voulu trop en dire sans savoir comment structurer son propos. Spirit in the Blood est une tentative louable de mêler plusieurs genres et thématiques, mais le résultat manque de clarté et d’impact. Bien qu’il aborde des questions pertinentes, telles que l’oppression patriarcale et l’émancipation féminine, son exécution laisse à désirer. En fin de compte, le film souffre de personnages inégaux, d’une intrigue prévisible et d’un manque de nuances dans son traitement des relations humaines et sociales. C’est un film que je ne regarderai probablement pas une deuxième fois. Toutefois, il témoigne du potentiel de sa réalisatrice, qui, avec une vision plus resserrée et un scénario mieux construit, pourrait offrir à l’avenir des œuvres plus percutantes et mémorables.

 

Note : 4/10. En bref, une bonne idée et ambitieuse ternie par un récit désordonné. 

Prochainement en SVOD en France

 

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