8 Janvier 2025
Les séries criminelles inspirées de faits réels ont ce pouvoir unique de captiver les téléspectateurs en combinant la réalité brutale et le suspense narratif. Le Crime à la Racine (Genombrottet en suédois, The Breakthrough dans sa version internationale), mini-série en quatre épisodes, se penche sur un double meurtre non résolu pendant plus de 16 ans avant de connaître une issue grâce à des techniques de généalogie révolutionnaires. Bien que l’intrigue soit riche de promesses, l'exécution de cette œuvre divise.L’histoire démarre en 2004, dans une petite ville suédoise frappée par un crime effroyable. Un jeune garçon, Adnan, est sauvagement attaqué alors qu’il se rend à l’école. Une passante, Gunilla, tente courageusement de s’interposer, mais elle est elle aussi mortellement blessée.
Un inspecteur et un généalogiste font équipe pour trouver le coupable d'un double homicide choquant commis 16 ans plus tôt, avant que l'affaire ne soit définitivement classée.
Ce double meurtre, apparemment sans mobile, plonge une communauté entière dans le désarroi. Les proches des victimes, brisés par la douleur, espèrent que justice leur sera rendue. Cependant, les années passent sans qu’aucune piste solide ne permette de résoudre l’affaire. Ce n’est qu’en 2020, grâce à l’utilisation de la généalogie et de l’analyse ADN, que l’enquête trouve un dénouement. Cette avancée scientifique fascinante aurait pu être le socle d’un récit palpitant, mais le traitement scénaristique choisi par la série ne parvient pas toujours à maintenir cette promesse. Dès le premier épisode, Le Crime à la Racine installe une ambiance pesante et mélancolique. La douleur des familles et l'obsession des enquêteurs, en particulier celle de John, le personnage principal, sont palpables.
Mais après ce démarrage intrigant, la série semble s'essouffler. Les épisodes intermédiaires se concentrent davantage sur les frustrations des enquêteurs et la lenteur de l’investigation plutôt que sur des avancées ou des rebondissements qui pourraient maintenir le spectateur en haleine. Ce choix narratif, bien que fidèle à la réalité des enquêtes complexes, peut dérouter. Le spectateur, habitué aux séries policières pleines de suspens et de rebondissements, pourrait se retrouver frustré par l’absence de tension palpable dans une bonne partie du récit. Pourtant, l’intention est claire : montrer à quel point les enquêtes non résolues pèsent sur les protagonistes, qu’il s’agisse des familles ou des policiers. L’un des points forts de la série réside dans ses personnages, en particulier John, l’enquêteur déterminé à élucider l’affaire, et Per, le généalogiste qui joue un rôle clé dans la résolution du crime.
Ces deux hommes, bien que différents dans leurs approches, sont liés par un objectif commun : rendre justice. John est un personnage complexe, marqué par une obsession qui finit par empiéter sur sa vie personnelle. Son acharnement est à la fois admirable et frustrant, car il semble parfois plus motivé par son propre ego que par un véritable souci des victimes. Malheureusement, la série ne pousse pas suffisamment loin l’analyse psychologique de ce personnage, laissant de nombreux aspects de sa vie et de ses motivations dans l’ombre. De son côté, Per apporte une dynamique intéressante, en particulier dans sa relation avec John. Là où ce dernier est impulsif et émotionnel, Per est méthodique et pragmatique.
Leur collaboration aurait pu être l’un des axes narratifs les plus captivants, mais elle est sous-exploitée, tout comme les enjeux personnels de Per, notamment sa relation avec sa famille. Malgré ces limites, les performances des acteurs sont globalement solides. Peter Eggers, qui incarne John, parvient à transmettre l’intensité et les tourments de son personnage, même si le scénario lui donne peu de matière pour aller au-delà des stéréotypes du policier obstiné. Mattias Nordkvist, dans le rôle de Per, apporte une certaine sobriété à son personnage, mais là encore, le manque de développement scénaristique limite l’impact de sa prestation.
Les acteurs secondaires, notamment ceux qui interprètent les proches des victimes, réussissent à transmettre la douleur et la résilience face à une tragédie inexplicable. Cependant, ces personnages restent en arrière-plan, ne permettant pas d'explorer pleinement leur perspective sur le drame. Visuellement, Le Crime à la Racine opte pour une esthétique minimaliste, en phase avec son sujet sombre et réaliste. Les tons froids et les décors dépouillés renforcent l’ambiance mélancolique, mais l’ensemble manque de moments marquants sur le plan visuel. La réalisation, fonctionnelle mais sans audace, échoue à tirer parti de certains moments clés pour créer un impact émotionnel plus fort. En somme, l’aspect technique de la série sert son récit mais reste dépourvu d’éléments mémorables.
Au-delà de ses défauts, Le Crime à la Racine soulève des questions importantes sur la justice et la résilience face à l’adversité. Les longues années d’attente, les espoirs déçus, et les rares avancées sont autant de témoins du poids écrasant que représente une affaire non résolue. La série rappelle également l’impact des avancées scientifiques, comme la généalogie, dans la résolution de crimes complexes. Cependant, ces thèmes, bien qu’intéressants, sont traités de manière superficielle. En conclusion, Le Crime à la Racine est une série qui avait tout pour marquer les esprits : une histoire vraie captivante, des avancées technologiques fascinantes, et des personnages riches en potentiel.
Malheureusement, son rythme inégal, son manque de profondeur psychologique et une réalisation sans éclat empêchent cette mini-série de se hisser au niveau des grandes œuvres du genre. Pour les amateurs de récits criminels réalistes, cette série peut offrir un aperçu intéressant du travail de longue haleine nécessaire pour résoudre des affaires complexes. Cependant, ceux qui recherchent une intrigue haletante ou une réflexion profonde risquent de rester sur leur faim. Malgré ses défauts, Le Crime à la Racine mérite d’être vue, ne serait-ce que pour rappeler qu’au cœur de chaque affaire criminelle, il y a des vies brisées et des familles en quête de justice.
Note : 5/10. En bref, une mini-série qui n’offre rien de mémorable mais qui ravira ceux qui comme moi aiment les séries nordiques inspirées de faits divers.
Disponible sur Netflix
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