25 Février 2025
Suits: L.A // Saison 1. Episode 1. Seven Days a Week and Twice on Sunday.
L’univers de Suits a marqué les esprits avec son mélange de joutes verbales ciselées, de jeux de pouvoir captivants et de personnages charismatiques. Après un succès fulgurant, notamment grâce à sa diffusion en streaming, la série originale semblait avoir tiré sa révérence de manière satisfaisante. Pourtant, l’appel du spin-off était trop fort compte tenu des performances de la série mère (notamment sur Netflix) depuis quelques années, et Suits : LA voit le jour avec l’ambition de prolonger cet héritage. Mais après avoir visionné le premier épisode, une question s’impose : cette nouvelle version parvient-elle à capturer l’essence de la série mère ? La réponse, pour l’instant, semble être un non nuancé.
Ted Black, un ancien procureur fédéral de New York, a trouvé un nouveau souffle à Los Angeles en représentant des clients puissants. Son cabinet traversant une période critique, il doit endosser un rôle qu'il n'a jamais aimé tenir dans le passé...
Dès les premières minutes, une impression dominante s’installe : tout va trop vite. Là où la série originale prenait le temps d’introduire ses personnages et de poser ses intrigues avec un équilibre soigné, Suits : LA semble vouloir en faire trop, trop rapidement. On assiste à un enchaînement de scènes où les dialogues fusent à un tel rythme qu’ils en deviennent parfois difficiles à suivre. Cette précipitation nuit à l’appréciation de l’épisode, empêchant le spectateur de savourer les quelques bons moments disséminés ici et là. Le problème principal de ce premier épisode réside dans son manque de respiration.
La narration donne l’impression de vouloir condenser l’équivalent de trois épisodes en un seul, ce qui nuit à l’installation progressive de l’intrigue et des dynamiques entre les personnages. Résultat : certaines scènes qui auraient mérité plus de profondeur sont expédiées, réduisant l’impact émotionnel des situations présentées. L’un des atouts majeurs de Suits était la force de ses personnages. Harvey Specter, Mike Ross, Donna Paulsen ou encore Louis Litt étaient instantanément reconnaissables, portés par des performances solides et une écriture affûtée.
Dans ce spin-off, aucun protagoniste ne semble réellement se démarquer, ce qui pose problème pour une série qui repose avant tout sur le charisme et les interactions de ses figures centrales. Ted Black, interprété par Stephen Amell, incarne un avocat brillant au passé trouble, mais son personnage manque de la finesse et de la prestance qui faisaient d’Harvey Specter un protagoniste inoubliable. Là où Harvey imposait son autorité par son assurance naturelle et sa répartie tranchante, Ted semble forcé, placé artificiellement dans des situations où il est censé briller sans en avoir véritablement l’étoffe.
Il est difficile de ressentir une véritable connexion avec lui, car ses motivations et son parcours restent flous, malgré les flashbacks qui tentent d’éclairer son passé. Erica Rollins (Lex Scott Davis) s’impose comme l’un des rares personnages intéressants de cet épisode. Ambitieuse et prête à tout pour décrocher une promotion, elle incarne un archétype déjà vu dans la franchise, mais qui reste efficace lorsqu’il est bien exploité. Sa rivalité avec Rick Dodsen (Bryan Greenberg) pourrait apporter une dynamique intéressante, à condition que les scénaristes prennent le temps de la développer au fil des épisodes.
Quant à Stuart Lane (Josh McDermitt), censé être un proche allié de Ted, son rôle tourne rapidement à la trahison, ce qui affaiblit considérablement l’impact émotionnel de son personnage. On ne ressent pas l’amitié ou la confiance qui auraient dû exister entre lui et Ted, rendant sa trahison presque anecdotique. Il est difficile d’être affecté par un retournement de situation impliquant un personnage auquel on n’a pas eu le temps de s’attacher. L’idée de transposer l’univers de Suits à Los Angeles avait du potentiel.
En intégrant des affaires impliquant des célébrités et en explorant les nuances du droit du divertissement, la série aurait pu se démarquer en proposant un regard neuf sur le milieu juridique. Cependant, ce premier épisode peine à exploiter efficacement cette opportunité. Les bureaux du cabinet Black Lane manquent cruellement d’identité. Là où Pearson Hardman affichait une esthétique sophistiquée, marquée par des bureaux en bois sombre et des baies vitrées imposantes, Black Lane semble générique et impersonnel. Ce manque de cachet visuel reflète en quelque sorte les faiblesses de la série elle-même : une tentative d’imitation qui n’atteint pas le niveau de l’original.
Visuellement, Suits : LA ne parvient pas à convaincre. La photographie de la série semble terne, loin du style léché de la série mère. L’éclairage et la colorimétrie rappellent davantage une production à budget limité qu’un drame juridique haut de gamme. Cette réalisation sans éclat renforce l’impression que le spin-off manque de personnalité. Les flashbacks censés enrichir l’histoire de Ted sont maladroitement intégrés. Plutôt que de servir la narration, ils la ralentissent et donnent un aspect décousu à l’épisode. L’un des moments les plus déroutants reste la révélation finale concernant son frère Eddie, qui s’avère être une simple illusion.
Cette tentative d’ajouter de la profondeur au personnage principal tombe à plat, faute d’un développement plus subtil et progressif. Malgré un démarrage en demi-teinte, tout n’est pas perdu pour Suits : LA. Le potentiel est là, mais il nécessite des ajustements majeurs. Le premier défi sera de ralentir le rythme pour permettre aux intrigues et aux personnages de respirer. Le second sera de mieux cerner ce qui faisait la force de Suits et d’y ajouter une touche d’originalité propre à cette nouvelle version. L’un des éléments à surveiller sera l’évolution de la dynamique entre Ted et Erica.
Si la série parvient à mieux exploiter leur relation et à développer leurs interactions avec plus de subtilité, cela pourrait ajouter une profondeur bienvenue. De même, le passé de Ted pourrait se révéler intéressant si la série prend le temps de l’explorer de manière plus cohérente. Enfin, Suits : LA devra trouver un équilibre entre l’héritage de la série originale et sa propre identité. Pour l’instant, ce premier épisode donne l’impression d’un projet qui cherche encore sa direction. Si les prochains épisodes parviennent à corriger ces erreurs de départ, il reste une chance que la série devienne un digne successeur de Suits.
Ce premier épisode de Suits : LA laisse une impression mitigée. Entre un rythme trop rapide, des personnages qui peinent à s’imposer et une mise en scène terne, la série démarre sur une note décevante. Toutefois, il est encore trop tôt pour enterrer le projet. Si les créateurs parviennent à ajuster le tir, à donner plus de consistance aux personnages et à retrouver une narration plus équilibrée, Suits : LA pourrait finir par trouver sa place. En attendant, il faudra voir si la suite de la saison parvient à ralentir le tempo et à mieux exploiter les forces potentielles de la série. L’univers de Suits mérite un spin-off digne de ce nom, mais pour l’instant, Suits : LA semble encore en quête de son identité. Espérons que les prochains épisodes rectifient le tir.
Note : 5/10. En bref, un départ précipité qui a un peu de mal au démarrage. L’avantage c’est que Suits: L.A ne cherche pas à imiter Suits mais à offrir une nouvelle perspective donc je suis curieux de voir ce que la suite peut offrir.
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