30 Mars 2025
Carjackers // De Kamel Guemra. Avec Zoé Marchal, Franck Gastambide et Bosh.
Le cinéma d’action français cherche depuis quelques années à se réinventer, souvent avec l’aide des plateformes de streaming qui lui offrent une plus grande visibilité (et que j’ai envie de saluer pour leur audace de vouloir faire vivre le cinéma d’action made in France). Certaines tentatives ont été réussies (Balle perdue en est un bon exemple), mais d’autres peinent à convaincre. Carjackers s’inscrit dans cette seconde catégorie : un film qui coche toutes les cases du genre, sans jamais parvenir à se démarquer. Braquages, courses-poursuites, armes à feu, magouilles et trahisons… Tout est là.
Nora, Zoé, Steve et Prestance ont la vingtaine, ils sont voituriers, hôtesses, bagagistes et barmen dans des palaces. Ils y servent une clientèle fortunée qu’ils étudient en secret pour mieux les dévaliser sur la route. Ce sont les “Carjackers” : pilotes virtuoses, ils braquent à la pause-déjeuner en une heure top chrono pour ne pas être suspectés. Plus qu’un gang, ils sont une famille, soudés, intouchables, invisibles. Alors qu’ils préparent leur dernier coup, la directrice d’un Palace engage Elias, un tueur à gages redoutable, pour les traquer, les identifier et les faire payer. Malgré le danger qui les guette, Nora et ses complices arriveront-ils à réaliser leur ultime braquage ?
Mais le problème, c’est que Carjackers ne propose rien de réellement nouveau. Les codes du genre sont respectés à la lettre, à tel point que chaque scène semble déjà vue ailleurs, souvent en mieux. L’univers du film aurait pu se démarquer en apportant une touche personnelle, une signature visuelle ou narrative marquante. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Dès les premières minutes, l’introduction pose un rythme dynamique, avec des dialogues percutants et une mise en scène soignée. Mais très vite, l’ensemble s’essouffle. Le scénario s’enlise dans des facilités qui rendent les enjeux prévisibles.
Ce qui aurait pu être un thriller nerveux et haletant devient un enchaînement de scènes sans véritable tension. Franck Gastambide, qui s’est illustré dans des rôles comiques, peine à convaincre dans un registre plus sombre. Son interprétation manque de naturel, et ses dialogues sont souvent récités sans conviction. Le problème ne vient pas uniquement de lui : l’ensemble du casting semble en pilotage automatique, récitant un texte qui manque d’âme. Zoé Marchal, qui incarne l’un des personnages centraux, ne parvient pas non plus à apporter de nuance à son rôle.
Son jeu oscille entre surjeu et manque d’émotion, rendant son personnage peu attachant. La relation amoureuse qui lui est attribuée dans le scénario n’apporte rien à l’histoire et paraît artificielle. Une intrigue sentimentale peut enrichir un film d’action si elle est bien intégrée, mais ici, elle semble ajoutée pour remplir le cahier des charges. Un bon film d’action repose souvent sur un équilibre entre le spectaculaire et le crédible. Carjackers choisit le spectaculaire, mais en oubliant de rendre ses scènes plausibles. Les personnages sont censés être des experts en braquage et en évasion, mais leurs décisions manquent de logique.
Des erreurs grossières sont commises, des pièges évidents ne sont même pas envisagés, et certaines scènes frisent l’absurde. À plusieurs reprises, l’histoire semble faire des détours inutiles, multipliant les dialogues creux et les scènes qui n’apportent rien au récit. L’un des moments les plus frustrants du film concerne une opération autour de diamants volés. Les protagonistes, censés être des professionnels, ne prennent même pas la peine de vérifier s’ils sont traçables. Une négligence difficile à avaler qui réduit leur crédibilité à néant.
Visuellement, Carjackers n’est pas un mauvais film. Les scènes de poursuite sont bien filmées, les mouvements de caméra fluides et la photographie plutôt réussie. Cependant, la mise en scène manque d’audace. Les plans rappellent des publicités de voitures ou des clips musicaux, avec un montage parfois trop nerveux qui nuit à la lisibilité de l’action. Le film aurait gagné à prendre son temps, à installer des moments de tension au lieu d’enchaîner les scènes d’action sans réelle montée dramatique.
Il manque cette étincelle qui aurait pu transformer une scène classique en moment mémorable. Un autre point qui pose problème : la qualité du son. Les dialogues sont souvent chuchotés ou mal articulés, ce qui oblige à augmenter le volume pour suivre les conversations. À l’inverse, certaines scènes d’action sont inutilement bruyantes, créant un déséquilibre sonore désagréable. C’est un défaut que l’on retrouve parfois dans les productions récentes, mais qui ici devient un véritable frein à l’immersion.
Un bon mixage sonore permet d’appuyer l’intensité d’un film, ici, il perturbe plus qu’autre chose. La première partie du film laissait espérer quelque chose de prometteur. Un rythme dynamique, des dialogues travaillés et une mise en scène qui semblait vouloir imposer une certaine esthétique. Mais au fil des minutes, l’intrigue perd de sa force. À mi-parcours, le scénario s’enlise. On sent que les scénaristes, pourtant trois à travailler sur l’histoire, n’ont pas su comment prolonger leur récit de manière cohérente.
L’action devient mécanique, les retournements de situation sont prévisibles et le film finit par avancer en pilotage automatique jusqu’à un final expédié sans grande intensité. C’est toujours frustrant de voir un film qui aurait pu être bien mieux abouti s’effondrer à cause d’un manque de travail sur le script. Il y avait du potentiel, mais pas suffisamment d’exigence pour en faire un film marquant. En définitive, Carjackers n’est pas totalement raté, mais il est surtout oubliable. Il reprend des ingrédients qui ont fait le succès d’autres films d’action sans jamais y ajouter une véritable personnalité.
Les amateurs de courses-poursuites et de fusillades pourront peut-être y trouver un certain divertissement, mais ceux qui attendent un film plus travaillé, avec une tension bien construite et des personnages consistants, risquent d’être déçus. Le cinéma d’action français a encore du chemin à faire pour rivaliser avec les productions internationales. Il ne suffit pas d’aligner des cascades et des fusillades pour faire un bon film du genre. Il faut une histoire qui tient la route, des personnages crédibles et une mise en scène qui apporte un vrai regard. Carjackers passe à côté de tout cela et laisse une impression de rendez-vous manqué. Un film qui aurait mérité plus d’efforts pour sortir du lot.
Note : 4.5/10. En bref, Carjackers n’est pas totalement raté, mais il est surtout oubliable. Il reprend des ingrédients qui ont fait le succès d’autres films d’action sans jamais y ajouter une véritable personnalité.
Sorti le 28 mars 2025 directement sur Amazon Prime Video
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