18 Mars 2025
The Last Showgirl // De Gia Coppola. Avec Pamela Anderson, Dave Bautista et Jamie Lee Curtis.
Dans The Last Showgirl, Gia Coppola dresse le portrait intime d’une femme dont le monde s’écroule du jour au lendemain. Shelley, une meneuse de revue d’âge mûr, voit son rêve de strass et de paillettes s’éteindre brutalement, la laissant face à un avenir incertain. À travers cette histoire, le film explore la question du vieillissement dans un milieu obsédé par la jeunesse et la perfection, tout en offrant une belle opportunité à Pamela Anderson de dévoiler une facette plus vulnérable de son jeu. Derrière une mise en scène naturaliste, parfois maladroite mais toujours sincère, The Last Showgirl s’attarde sur la difficulté de tourner la page quand une passion dévorante a dicté toute une vie.
Shelly, une danseuse de cabaret expérimentée, doit faire face à son avenir lorsque son spectacle à Las Vegas est brusquement interrompu, après 30 ans de représentation. Danseuse dans la cinquantaine, elle peine à trouver quelle suite donner à sa carrière. Et en tant que mère, elle cherche à réparer une relation tendue avec sa fille, qui a souvent été reléguée au second plan par rapport à sa famille d'artistes.
Si certaines maladresses scénaristiques empêchent le film de pleinement convaincre, il réussit néanmoins à toucher par la tendresse avec laquelle il dépeint son héroïne. Dès les premières images, The Last Showgirl impose une esthétique bien particulière. Tourné en 16mm, le film adopte une texture granuleuse qui renforce son aspect réaliste. Ce choix atténue l’aspect flamboyant du monde du cabaret pour mieux souligner ce qu’il dissimule : la solitude, la précarité et l’usure du temps. La caméra, souvent instable, reste au plus près des visages, capturant chaque ride, chaque regard empreint de mélancolie.
Ces plans serrés traduisent l’état d’esprit de Shelley, dont la vie se fissure sous le poids des années et des sacrifices. Pourtant, le film ne tombe jamais dans le misérabilisme. Gia Coppola pose un regard empreint d’empathie sur son personnage principal, évitant de juger ses choix, même lorsque ceux-ci semblent discutables. Shelley a dédié sa vie au spectacle, quitte à négliger ses relations, notamment avec sa fille. Elle s’est battue pour se faire une place dans ce monde impitoyable, enchaînant les performances sans se soucier de l’avenir. Aujourd’hui, alors que les projecteurs s’éteignent, elle doit réapprendre à exister en dehors de la scène.
L’interprétation de Pamela Anderson est sans doute l’un des points les plus marquants du film. Exit l’icône glamour des années 90 : ici, elle apparaît sans artifice, assumant pleinement son âge et ses fragilités. Son regard, chargé de vécu, suffit parfois à exprimer la détresse de Shelley, ce qui rend le personnage profondément humain. Difficile de ne pas voir dans ce rôle une mise en abyme de la propre carrière de l’actrice. Longtemps cantonnée à une image de bimbo, elle trouve ici un rôle qui fait écho aux problématiques de l’industrie du divertissement et à la façon dont les femmes, passés un certain âge, sont souvent mises de côté.
Son interprétation, tout en retenue, apporte une véritable sincérité au film. À ses côtés, Jamie Lee Curtis et Dave Bautista apportent une belle énergie. Le premier incarne une ancienne collègue, à la fois lucide et bienveillante, qui tente d’aider Shelley à faire face à la réalité. Le second, dans un registre plus surprenant, insuffle une vraie douceur au film. C’est notamment grâce à son personnage que le récit prend son envol dans sa deuxième partie, offrant une relation touchante et nuancée entre deux âmes en quête de rédemption.
Si The Last Showgirl séduit par sa sensibilité, il souffre néanmoins de quelques faiblesses structurelles. L’histoire, souvent répétitive, peine parfois à avancer. Certains passages s’attardent trop sur l’état d’esprit de Shelley sans véritable évolution, ce qui peut donner une impression de stagnation. La mise en scène privilégie l’intimité des personnages au détriment des scènes de spectacle, un choix qui se justifie par l’angle du film mais qui peut aussi frustrer. En restant constamment en gros plan, Gia Coppola empêche parfois le film de respirer, étouffant un peu la dynamique narrative.
Malgré cela, The Last Showgirl parvient à émouvoir grâce à la sincérité de son propos. Il dresse un portrait juste des difficultés rencontrées par les femmes vieillissantes dans un milieu où tout repose sur l’apparence. La relation entre Shelley et sa fille, bien que traitée en arrière-plan, apporte également une dimension supplémentaire au récit, questionnant la place des liens familiaux face à une carrière accaparante. En fin de compte, The Last Showgirl est un film imparfait mais touchant, porté par une Pamela Anderson qui se réinvente avec justesse.
Son personnage, tiraillé entre son passé glorieux et son avenir incertain, incarne une réalité souvent tue : celle des artistes dont la lumière finit par s’éteindre, et qui doivent alors apprendre à exister autrement. Gia Coppola signe ici une œuvre qui, malgré ses maladresses, réussit à capter l’essence d’un parcours de vie fait de rêves, de sacrifices et de désillusions. Un drame intimiste qui ne cherche pas à en faire trop, préférant la pudeur à l’excès, et qui trouve son équilibre dans la sincérité de son regard. Pour ceux qui apprécient les histoires de résilience et les portraits de femmes en quête de sens, The Last Showgirl offre un moment de cinéma délicat, où les paillettes s’effacent pour laisser place à l’humain.
Note : 6/10. En bref, une danseuse en bout de course face à son propre reflet. Touchant, Pamela Anderson est une révélation ici mais l’ensemble est parfois trop maladroit.
Sorti le 12 mars 2025 au cinéma
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