Critiques Séries : MobLand. Saison 1. Episode 3.

Critiques Séries : MobLand. Saison 1. Episode 3.

MobLand // Saison 1. Episode 3. Plan B.

 

Après un premier épisode engageant et un second plus hésitant, MobLand poursuit sa route avec un troisième chapitre qui tente de relancer la machine, sans parvenir à effacer complètement les maladresses installées auparavant. Intitulé « Plan B », cet épisode oscille entre intensité brutale, humour noir et inertie narrative. Si certains éléments fonctionnent, d’autres freinent toujours l’immersion dans l’univers de la série. L’épisode s’ouvre sur une conséquence directe du cliffhanger précédent : le corps mutilé de Tommy Stevenson. Sa tête, soigneusement conservée, sert à identifier formellement la victime. 

 

Ce détail à la fois glauque et théâtral donne le ton. Richie, son père, n’est pas encore au courant, mais les préparatifs pour sa vengeance commencent déjà à prendre forme. L’étau se resserre autour de Harry, obligé de réagir avant que la situation ne devienne incontrôlable. Ce qui frappe dès les premières minutes, c’est la manière dont la série continue à jongler entre un drame criminel classique et des tonalités presque absurdes. Le personnage de Richie, prêt à réduire des maisons en cendres pour obtenir justice, incarne cette démesure. Pourtant, ces élans de violence peinent à s’ancrer émotionnellement dans une réalité crédible. 

Ils semblent davantage répondre à une logique scénaristique qu’à une évolution cohérente des personnages. Le personnage de Harry Da Souza reste le pilier de la série. Interprété par Tom Hardy, il navigue entre fidélité, agacement et instinct de survie. L’épisode le place une nouvelle fois au cœur de l’action, contraint de trouver des solutions pour calmer Richie tout en gérant les pressions internes à la famille Harrigan. Ce rôle de médiateur qui lui colle à la peau depuis le premier épisode devient ici encore plus ambigu : Harry ne semble plus totalement passif, mais il refuse aussi de prendre les rênes officiellement.

 

Ce paradoxe alimente un sentiment d’incompréhension : Harry agit comme un homme d’influence, capable de convoquer les membres clés du clan, de faire pression, de négocier. Pourtant, il continue de se décrire comme un simple pion, enfermé dans un système qu’il ne maîtrise pas. Ce décalage crée une tension intéressante, mais aussi une frustration. À force de maintenir cette ambivalence, la série freine l’évolution de son personnage principal, qui reste coincé entre deux postures. L’épisode tente également d’étoffer certaines relations secondaires, notamment celle entre Harry et Bella. Les échanges entre eux laissent entendre un passé commun trouble, mais le récit ne prend pas le temps de creuser. 

Le triangle amoureux latent entre Harry, Bella et Jan Da Souza reste flou, souvent parasité par d'autres enjeux narratifs mal intégrés. Tout est survolé, comme si la série refusait de s’engager pleinement dans ses propres intrigues sentimentales. À l’inverse, la dynamique entre Harry et Kevin fonctionne beaucoup mieux. Paddy Considine apporte une vraie présence à l’écran, et ses scènes partagées avec Tom Hardy respirent une certaine complicité, presque fraternelle. Leur duo, notamment lors de l’interrogatoire du club manager Valjon, réussit à captiver, même si la séquence, trop longue, finit par diluer sa tension initiale.

 

Justement, cette scène avec Valjon cristallise les limites de l’écriture actuelle. Ce qui aurait pu être un moment fort devient une longue parenthèse où menace et humour se mélangent maladroitement. L’objectif est clair : faire porter à Valjon la responsabilité de la mort de Tommy, même si tout le monde sait que ce n’est qu’une façade. Le ton hésite entre comédie noire et réel suspense, sans jamais vraiment choisir. L’absurde s’invite, mais pas toujours à bon escient. Le malaise l’emporte parfois sur l’intérêt. Difficile de dire si cette mise en scène a pour but de désamorcer la violence ou de souligner la cruauté des personnages. 

Ce flou artistique devient problématique lorsque l'intrigue dépend de ces moments pour avancer. La série ne recule pas devant la brutalité. Ce troisième épisode le confirme encore, notamment à travers des menaces explicites, des gestes impulsifs, des dialogues chargés. Mais contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’un récit de guerre entre familles criminelles, cette violence perd en impact. Elle semble surgir de nulle part, puis disparaître aussi vite, sans toujours générer des conséquences claires ou tangibles.

 

Maeve, par exemple, propose froidement d’assassiner la mère de Tommy. Un énième moment de surenchère, presque gratuit, où le personnage semble vouloir affirmer son autorité par tous les moyens. Mais à force d’exagération, l’effet dramatique s’émousse. Cette volonté de montrer Maeve comme une stratège redoutable finit par sonner creux, tant ses actions paraissent détachées d’un objectif véritablement lisible. Ce qui persiste au fil des épisodes, c’est l’impression que la série hésite sur ce qu’elle veut être. Le premier épisode proposait un équilibre assez subtil entre enjeux familiaux, jeux de pouvoir et tension criminelle. 

Le deuxième avait déjà montré des signes d’essoufflement, en multipliant les aller-retours scénaristiques et les scènes inutiles. Ce troisième volet confirme cette tendance à l’éparpillement. Il y a bien des idées. Des pistes intéressantes émergent ici et là : la question du pouvoir réel de Harry, le rôle de Maeve, la pression policière, la fragilité de certains membres du clan… Mais à trop vouloir tout évoquer, rien ne prend véritablement forme. Même les confrontations majeures manquent de densité. Les dialogues, souvent construits autour de métaphores ou de demi-vérités, laissent peu de place à une réelle progression.

 

Malgré ses défauts, l’épisode n’est pas dénué d’attrait. La performance de Tom Hardy continue de porter la série, en partie grâce à sa capacité à faire exister Harry dans chaque scène, même lorsqu’il n’y a rien de neuf à apprendre. Sa relation avec la police, notamment avec l’inspecteur Fisk, laisse espérer des rebondissements futurs. Et certains choix visuels ou de montage parviennent encore à donner du rythme à des séquences autrement anecdotiques. Il reste aussi la question de Richie. Sa réaction à la mort de son fils pourrait faire basculer la série dans une direction plus tranchée, plus organique. 

Mais pour cela, encore faudrait-il que le scénario accepte de cesser les tours de passe-passe narratifs et se concentre sur ses fondamentaux : la loyauté, la trahison, la famille, la survie. Avec trois épisodes diffusés, MobLand semble coincée dans une phase de transition permanente. L’impression que tout est encore à venir pourrait fonctionner si la construction était plus maîtrisée. Mais l’accumulation de mystères non résolus, de personnages mal définis et de scènes au ton incertain commence à peser. Ce qui me retenait au départ — l’univers, les interprètes, une certaine ambition de style — commence à s’effriter au profit de surcharges narratives peu engageantes. 

 

Il est difficile de s’investir émotionnellement quand l’histoire refuse d’avancer franchement, préférant jouer avec les apparences plutôt que d’aller au cœur de ses enjeux. L’épisode 3 de MobLand confirme une impression qui s’installe : la série reste prisonnière de ses ambitions, sans réussir à les traduire efficacement à l’écran. Il y a toujours quelque chose qui donne envie de continuer, principalement parce que certains personnages — Harry en tête — ont encore un potentiel narratif. Mais la lassitude commence à s’installer. Les retournements de situation n’ont plus le même impact, les dialogues perdent en tranchant, et le sentiment que la série tourne en rond devient difficile à ignorer.

 

Il faudra plus qu’un simple regain de tension ou une explosion inattendue pour redresser la barre. Ce qui manque, ce n’est pas la matière, mais la clarté. La suite dira si MobLand est capable de se recentrer pour raconter enfin l’histoire qu’elle semble vouloir raconter depuis le début.

 

Note : 6.5/10. En bref, après les hésitations de l’épisode précédent, MobLand reprend du poil de la bête. 

Disponible sur Paramount+

 

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