Critique Ciné : Gunslingers (2025, direct to SVOD)

Critique Ciné : Gunslingers (2025, direct to SVOD)

Gunslingers // De Brien Skiba. Avec Nicolas Cage, Stephen Dorff et Heather Graham.

 

Le cinéma de genre réserve parfois des surprises, bonnes ou mauvaises. Avec Gunslingers, il s’agit plutôt de la seconde catégorie. Ce western, porté par Nicolas Cage, tente de s’inscrire dans la tradition du genre, tout en jouant la carte du décalé. Mais l’expérience qui en découle ressemble davantage à un exercice désordonné qu’à une œuvre cohérente. Dès les premières scènes, le ton est donné : une ambiance poussiéreuse, une ville isolée nommée Redemption (et avec ça, le film peut déjà nous laisser imaginer la catastrophe à venir), et une poignée de personnages aux passés troubles qui s’apprêtent à régler leurs comptes.

 

Thomas Keller et Ben sont guidés par le chef spirituel Jericho dans leur quête de vengeance.

 

L’idée de base pourrait fonctionner – un classique du western revisité avec un soupçon de modernité – mais rapidement, le film dévoile ses limites, à commencer par une mise en scène qui ne parvient jamais à s’élever au-dessus du minimum syndical. Difficile d’ignorer Nicolas Cage, qui, fidèle à lui-même, s’implique avec une énergie particulière. Il incarne Ben, un ancien tireur reconverti en homme de foi, tiraillé entre ses convictions religieuses et son passé violent. Sa prestation ne laisse pas indifférent : lunettes teintées en forme de croix, voix rocailleuse presque incompréhensible, gestuelle saccadée… 

 

Tout est exagéré, presque parodique. À défaut d’être marquant pour de bonnes raisons, son interprétation finit par devenir involontairement comique, un ovni au sein d’un film déjà bancal. Mais malgré toute sa volonté, Cage ne peut sauver un scénario qui s’effondre sous le poids de ses incohérences. Le personnage de Ben, censé incarner une figure tragique, finit par ressembler à une caricature. Même ses répliques semblent sorties d’un mauvais sketch, évoquant davantage un prêcheur halluciné qu’un ancien justicier repenti.

 

Le fil conducteur du film repose sur la venue d’un hors-la-loi, Thomas Keller (Stephen Dorff), dans la ville de Redemption, refuge de marginaux en quête de paix. Mais l’arrivée d’un groupe de chasseurs de primes vient perturber cet équilibre fragile. Jusque-là, rien de très original. Le problème, c’est que Gunslingers ne prend jamais le temps de développer ses personnages ou de construire un véritable enjeu dramatique. La plupart des rôles secondaires manquent cruellement de substance. Des figures pourtant familières du cinéma de genre, comme Stephen Dorff ou Costas Mandylor, tentent de donner un peu de corps à leurs personnages, mais le script ne leur en laisse pas l’occasion. 

 

Heather Graham, dans un rôle de mère blessée, peine à exister dans cet univers surchargé. Quant à la jeune fille qu’elle protège, elle semble surtout là pour provoquer l’empathie… sans succès. Pire encore, certains choix de casting ou de dialogues dénotent totalement. Scarlet Rose Stallone, par exemple, débite des expressions contemporaines totalement anachroniques, ce qui brise toute immersion. On se demande parfois si certaines scènes n’ont pas été écrites en dépit du bon sens.

 

Un western sans fusillades n’en serait pas vraiment un. Pourtant, Gunslingers parvient à rendre ces moments d’affrontement peu engageants. Les scènes d’action, trop souvent montées à la hache, perdent toute lisibilité. Il devient difficile de comprendre qui tire sur qui, d’où viennent les balles ou même où se situe l’action. Chaque échange de tirs est parasité par un montage frénétique et un usage excessif de sang numérique, dont la teinte artificielle renforce l’aspect cheap de l’ensemble. Ces séquences devraient être le cœur du film, ce qui le rend haletant ou nerveux. 

 

Au lieu de ça, elles deviennent de simples interludes bruyants, déconnectés de l’émotion ou de la tension narrative. Le spectateur reste à distance, jamais vraiment impliqué dans ce qui se joue à l’écran. Le décor principal du film, cette ville censée être un havre pour ceux qui fuient leur passé, n’est jamais crédible. On ne ressent ni l’ambiance du Far West ni le sentiment d’un lieu à part. Le décor semble figé, artificiel, presque décoratif. Cela participe à l’impression générale que Gunslingers est un assemblage de clichés mal exploités plutôt qu’un film avec une vision claire.

 

Même la promesse de tension entre les habitants, tiraillés entre loyauté et survie, tombe à plat. Aucun conflit n’est vraiment approfondi. Tout semble trop vite expédié, comme si le film voulait avancer sans jamais prendre le temps de poser ses enjeux. Derrière la caméra, Brian Skiba peine à donner une cohérence à l’ensemble. Le film oscille entre le pastiche involontaire et le drame spaghetti sans jamais choisir son camp. Le résultat est un mélange confus de tentatives narratives et esthétiques, jamais abouties. Chaque plan semble servir uniquement à amener le suivant, sans intention de construire un univers immersif ou une tension progressive.

 

Même les rares tentatives de style – jeux de lumière, ralentis ou cadrages serrés – paraissent maladroites, comme si elles avaient été ajoutées pour combler un vide plus profond. Gunslingers avait peut-être une idée en tête : remettre le western au goût du jour en y injectant un casting hétéroclite et une dose d’humour noir. Mais faute d’une direction solide, le film s’éparpille et laisse un goût d’inachevé. Nicolas Cage, même s’il parvient à attirer l’attention, reste prisonnier d’un rôle trop excentrique pour toucher juste. Le reste de la distribution fait ce qu’elle peut, mais sans véritable matière à jouer, difficile de briller.

 

Au final, le film laisse une impression d’inutilité, comme un exercice de style raté. Si certains moments peuvent prêter à sourire, ce n’est jamais pour les bonnes raisons. Ceux qui espéraient un western un peu décalé ou une performance mémorable de Cage risquent d’être déçus. Ce Gunslingers-là tire à blanc.

 

Note : 0/10. En bref, Gunslingers avait peut-être une idée en tête : remettre le western au goût du jour en y injectant un casting hétéroclite et une dose d’humour noir. Cependant, c’est probablement l’un des pires trucs que j’ai vu ces dernières années. Même Nicolas Cage par son jeu parodique ne parvient pas à m’amuser. 

Disponible en France en SVOD

 

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