4 Juillet 2025
And Just Like That… // Saison 3. Episode 6. Silent Mode.
Il arrive parfois qu’une série, même bien installée dans son univers, se prenne les pieds dans le tapis narratif. L’épisode 6 de la saison 3 de And Just Like That… en est un exemple. Pas catastrophique, mais certainement en deçà de ce que j’attendais. Un épisode qui peine à maintenir l’attention, non pas à cause d’un manque de contenu, mais plutôt à cause de la manière dont il l’aborde : tout est évoqué, rien n’est vraiment exploré. Carrie et Aidan forment depuis toujours un duo qui soulève des questions sur ce qu’est une relation à long terme. Après le fameux pacte de cinq ans et les retrouvailles espacées par les allers-retours en Virginie, un moment de confrontation semblait inévitable.
Et pourtant, jusqu’ici, rien n’avait vraiment été dit sur un sujet central : le sexe, l’exclusivité, et la réalité du quotidien quand deux adultes choisissent de mettre leur relation sur pause. La série choisit enfin d’aborder ce point. Un échange entre Carrie et Aidan où la question du “Tu pensais vraiment que je n’aurais pas de rapports pendant cinq ans ?” vient percer la bulle d’un accord flou. Sauf que, même si cette conversation arrive, elle n’éclaire pas grand-chose. L’épisode reste à la surface. On entrevoit une tension, un désaccord de fond, mais la suite ne s’en empare pas. C’est presque comme si la série avait peur d’aller au bout de ce qu’elle soulève. Ce qui m’a frappé, c’est le manque d’intensité dans les échanges. Aucun cri, aucun conflit, aucun vrai moment d’émotion brute.
Aidan avoue avoir couché avec son ex-femme, et la réponse de Carrie est d’une neutralité presque déconcertante. Elle comprend. C’est dit, c’est terminé. La scène se ferme sans suite. Ce n’est pas une question de vouloir du mélodrame, mais de réalisme émotionnel. Ce genre de révélation n’est pas anodin. Ici, elle est traitée comme un simple constat logistique. Cela me laisse penser que le problème n’est pas tant ce qui est raconté, mais comment cela l’est. Il manque ce grain de folie, ce désordre affectif, cette fougue qui faisait la force des relations dans Sex and the City. A force de vouloir montrer des adultes équilibrés, la série gomme trop de relief. Ironiquement, ce qui aurait pu tirer l’épisode vers le bas — les thématiques du deuil et de la maladie — s’avère plus intéressant que le cœur du récit.
Lisa, par exemple, se retrouve confrontée à la mort de son père. Là encore, le traitement est parfois bancal, mais on y trouve plus de matière émotionnelle que dans les autres intrigues. Son sentiment de culpabilité, son absence au moment du décès, et le clash avec la collègue fantasque de son père apportent une densité bienvenue. Même si le ton reste inégal — entre pathos et théâtre musical — l’histoire ne laisse pas indifférent. Charlotte aussi traverse une épreuve silencieuse. L’annonce du cancer de Harry et sa volonté de garder cela pour elle ajoutent un poids intérieur à son personnage. On sent sa volonté de ne pas alarmer ses proches, de protéger sa bulle familiale. Ce n’est que lorsque le hasard la met face à Carrie dans une pharmacie qu’elle craque.
Un moment touchant, sobre, qui rappelle que la série peut encore réussir à capter la vulnérabilité sans l'exagérer. Un des défauts récurrents de cette troisième saison, et qui se cristallise dans cet épisode, c’est l’éparpillement. Les intrigues se développent, mais rarement ensemble. Lisa, malgré ses liens avec Charlotte, semble évoluer dans un univers parallèle. Miranda, quant à elle, voit son arc avec Joy et Brady expédié en deux scènes sans suite ni impact. À force de vouloir tout traiter, la série finit par survoler. Même les moments censés être comiques, comme Aidan en costume trop petit au milieu d’un enterrement façon comédie musicale, tombent à plat. Non pas par manque d’humour, mais parce que ces séquences détonnent avec le reste, sans véritable cohérence.
On passe d’un drame familial à une pantalonnade sans transition, ce qui donne l’impression d’un patchwork émotionnel plus qu’un récit construit. Il serait injuste de dire que tout sonne faux. Certains dialogues trouvent leur cible. Quelques silences parlent davantage que les mots. Et dans les instants où les amies sont là les unes pour les autres, comme dans cette scène entre Carrie et Charlotte, la série se reconnecte à son essence. Cela ne sauve pas l’épisode dans sa globalité, mais cela rappelle ce que And Just Like That… peut encore offrir quand elle cesse de trop en faire. Ce sixième épisode laisse une impression d’inachevé. Des pistes sont ouvertes — fidélité, deuil, culpabilité — mais aucune n’est vraiment explorée avec suffisamment de profondeur.
L’ensemble paraît presque timide, comme si les scénaristes hésitaient à faire entrer leurs personnages dans des zones inconfortables. Pourtant, c’est là que résident les récits les plus intéressants. Plutôt que de s’attarder sur des détails anecdotiques ou des clins d’œil forcés, la série gagnerait à ralentir pour mieux creuser ce qui mérite de l’être. Cet épisode avait du potentiel, mais il s’est éparpillé. Reste à espérer que le suivant rééquilibre les choses, et surtout, que And Just Like That… retrouve le goût du risque émotionnel.
Note : 5/10. En bref, l’ensemble paraît presque timide, comme si les scénaristes hésitaient à faire entrer leurs personnages dans des zones inconfortables. Pourtant, c’est là que résident les récits les plus intéressants. Plutôt que de s’attarder sur des détails anecdotiques ou des clins d’œil forcés, la série gagnerait à ralentir pour mieux creuser ce qui mérite de l’être.
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