Critique Ciné : Stolen Girl (2025, direct to SVOD)

Critique Ciné : Stolen Girl (2025, direct to SVOD)

Stolen Girl // De James Kent. Avec Kate Beckinsale, Scott Eastwood et Jordan Duvigneau.

 

Stolen Girl, réalisé par James Kent, aurait pu être un film marquant. Inspiré d’une histoire vraie, il raconte la quête d’une mère prête à tout pour retrouver sa fille enlevée. Mais à force de vouloir mêler drame et action, le film finit par se tirer une balle dans le pied. Ce n’est ni un thriller haletant, ni un drame bouleversant. C’est un mélange hésitant, bancal, qui transforme un sujet grave en divertissement formaté. Mara (Kate Beckinsale) est une mère célibataire d’Ohio. Entre un travail qu’elle supporte à peine et un père malade dont elle s’occupe seule, sa vie tient déjà du parcours du combattant. Sa seule lumière, c’est sa fille, Amina. Jusqu’au jour où, le temps d’un détour à la pharmacie, l’impensable se produit : la fillette disparaît. 

 

Une femme américaine passe plus de dix ans à retrouver sa fille, enlevée et emmenée au Moyen-Orient par le père de l'enfant.

 

Rapidement, Mara découvre que son ex-mari, Karim (Arvin Kananian), a kidnappé leur enfant pour l’emmener au Moyen-Orient. À partir de là, tout s’effondre. Les autorités américaines ne peuvent rien faire, les recours légaux s’épuisent, et les années passent sans que Mara obtienne la moindre réponse. Le film démarre là, dans cette lente descente vers l’obsession. Pendant un temps, Stolen Girl donne l’impression d’assumer un ton sobre, presque documentaire. Beckinsale joue une mère rongée par la culpabilité, une femme qui refuse d’abandonner malgré l’indifférence du système. À ce moment-là, le film tient quelque chose.

 

Et puis, sans prévenir, Stolen Girl change complètement de visage. Après des années d’enquête infructueuse, Mara croise la route de Mitchell (Scott Eastwood), un ancien Marine reconverti dans la traque d’enfants disparus. Il lui propose un marché : rejoindre son équipe de « sauveurs » internationaux pour retrouver d’autres enfants enlevés, tout en continuant à chercher Amina. C’est ici que le film part en vrille. D’un drame intime sur la maternité et la perte, Stolen Girl devient un pseudo-film d’espionnage façon Taken low-cost. Les scènes de deuil et de solitude sont remplacées par des poursuites à Mexico, des fusillades floues en Albanie et des soirées infiltrées au Liban où Kate Beckinsale, robe moulante et regard vide, joue soudain à James Bond.

 

Ce basculement est déroutant, et pas dans le bon sens. Le scénario semble vouloir à tout prix injecter de l’action, comme si le drame ne suffisait plus. Le résultat, c’est une perte totale de cohérence. Ce qui aurait pu être une histoire poignante devient un enchaînement d’épisodes sans lien, où la psychologie des personnages passe à la trappe. Beckinsale est clairement le moteur du film. On sent qu’elle croit à son rôle, qu’elle veut donner à Mara une densité émotionnelle. Son visage fatigué raconte plus que tous les dialogues du film. Elle parvient à rendre tangible la douleur d’une mère qui s’accroche à l’impossible. Mais même son jeu sincère ne peut pas compenser la direction hésitante de James Kent.

 

Le réalisateur, qu’on a connu plus inspiré dans The Aftermath, ne semble pas savoir quel film il veut faire. Par moments, Stolen Girl se veut réaliste et pudique, puis bascule sans transition dans l’action survoltée. Les scènes de mission, filmées caméra à l’épaule, donnent l’impression d’être montées sans plan clair. Ça tremble, ça coupe trop vite, et au final, on ne comprend plus rien à ce qu’il se passe. Quant à Scott Eastwood, il fait du Scott Eastwood : mâchoire serrée, regard d’acier, charisme limité. Son personnage n’a aucune profondeur, et la romance artificielle qui s’installe entre lui et Beckinsale n’aide pas. On a plus l’impression d’assister à une parenthèse contractuelle qu’à une vraie relation.

 

Stolen Girl avait pourtant un matériau fort. L’enlèvement parental international est un drame réel, souvent invisible, et la promesse d’un film « inspiré d’une histoire vraie » laisse espérer un traitement humain et nuancé. Sauf que le scénario de Kas Graham et Rebecca Pollock ne prend jamais le temps d’explorer cette réalité. L’inscription « basé sur des faits réels » apparaît deux fois à l’écran, mais le film ne dit jamais de quel cas il s’inspire vraiment. Le sujet aurait mérité de la pudeur et de la rigueur. À la place, Kent offre des clichés : un Moyen-Orient filmé à travers un filtre orange poussiéreux, des figurants interchangeables, des scènes d’action sans tension. Ce choix visuel daté fait glisser le film dans le stéréotype, loin de toute authenticité.

 

Le vrai problème de Stolen Girl, c’est qu’il ne sait pas ce qu’il veut raconter. Est-ce l’histoire d’une mère qui reconstruit sa vie après un drame ? Un thriller d’espionnage international ? Un film sur la culpabilité, ou sur la résilience ? À force de vouloir tout dire, le film finit par ne rien dire du tout. L’émotion du début est noyée dans le bruit des balles et les clichés de l’action hollywoodienne. Même la conclusion, censée surprendre, tombe à plat. Elle laisse l’impression d’un film amputé, sans émotion ni message clair. Et c’est dommage, car derrière le chaos se devine un vrai potentiel. Certaines scènes — notamment celles entre Mara et son père malade — laissent entrevoir ce qu’aurait pu être Stolen Girl : un portrait de femme brisée, lente à renaître, prête à tout pour un espoir minuscule. 

 

Mais ces moments sont rares et vite sacrifiés au profit d’une intrigue prévisible. L’affiche de Stolen Girl vendait un thriller nerveux, une héroïne prête à braver le monde pour retrouver son enfant. Ce qu’on obtient, c’est une succession de maladresses, de choix incohérents et de scènes recyclées. Le film aurait gagné à choisir : soit le drame pur, soit l’action assumée. En cherchant à combiner les deux, James Kent perd l’essentiel. Ce n’est pas un désastre total, mais c’est un rendez-vous manqué. Stolen Girl avait de quoi marquer : une histoire vraie, une actrice investie, un thème puissant. Mais il s’égare dans ses propres ambitions. Entre un scénario mal cousu, une mise en scène tremblotante et des personnages sans âme, le film passe à côté de son sujet.


Kate Beckinsale mérite mieux que ce rôle d’héroïne perdue dans un film qui ne sait pas où aller. Elle reste la seule raison de ne pas décrocher avant la fin. Pour le reste, difficile de ne pas penser que le titre du film porte bien son nom : quelque part dans ce chaos, l’émotion a été… volée.

 

Note : 3/10. En bref, Stolen Girl avait de quoi marquer : une histoire vraie, une actrice investie, un thème puissant. Mais il s’égare dans ses propres ambitions. Entre un scénario mal cousu, une mise en scène tremblotante et des personnages sans âme, le film passe à côté de son sujet.

Prochainement en France en SVOD

 

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