All’s Fair (Saison 1, épisodes 1 à 3) : luxe, chaos et ennui à l’état pur

All’s Fair (Saison 1, épisodes 1 à 3) : luxe, chaos et ennui à l’état pur

Cela fait des années que je n’ai pas vu une série être descendue avec autant de mépris. 0 % sur Rotten Tomatoes dès le départ, et on se demande sérieusement si Ryan Murphy n’a pas été envoyé par Netflix, après avoir bouclé son deal de cinq ans, pour brûler la baraque Disney. Après avoir accouché de la très mauvaise Doctor Odyssey pour ABC, voilà maintenant All’s Fair sur Hulu, une série où Kim Kardashian se retrouve au centre d’un casting de stars, mais où le scénario semble avoir pris un congé sabbatique de dix ans. Le plus frustrant dans cette aventure télévisuelle, c’est que Kim Kardashian n’est pas mauvaise. 

 

Des avocates en droit du divorce quittent une équipe très majoritairement masculine pour ouvrir leur propre cabinet. Ensemble, elles mettent leur expertise au service des femmes, prêtes à tout pour les aider à remporter la bataille face à leurs ex-maris dans les divorces les plus complexes. Dans un monde où l’argent est roi et où l’amour est un champ de bataille, ces femmes vont changer la donne.

Elle joue sérieusement, elle s’investit dans son rôle d’Allura Grant, et pourtant, entourée de Naomi Watts, Niecy Nash et d’autres femmes talentueuses, elle se débat dans un scénario qui ne suit jamais.  Dès les premières minutes, toutes les perversions classiques de Murphy sont déballées : on explore le donjon d’une maîtresse, on enchaîne sur des divorces de milliardaires, et tout cela sous des dialogues censés être mordants mais qui tombent à plat. Les décors sont parfois magnifiques, mais d’autres donnent l’impression d’avoir été construits en carton pour un clip de luxe low-cost. Avec une moyenne de 7 millions de dollars par épisode, il est évident que tout est passé dans le casting, laissant le scénario comme un arrière-plan flou.

 

All’s Fair, c’est exactement ce qu’on craignait : ce n’est même pas mauvais pour être divertissant. Non, c’est juste nul. On se fait littéralement chier. Où est passé ce génie de Ryan Murphy capable de faire caca dans la pièce mais créer un spectacle amusant ? Ici, on a l’impression qu’il a passé tous les soirs à boire de la verveine, en laissant ses créateurs secondaires Jon Robin Baitz et Joe Baken bricoler autour de ce qu’il restait. Et pourtant, même dans ce chaos, certaines choses fonctionnent : Kim Kardashian est investie, Sarah Paulson en Carrington Lane est fascinante, et Jessica Simpson fait un retour inattendu mais agréable. Mais ce ne sont que des îlots dans un océan de vide narratif.

La série se présente comme un drame juridique brillant et satirique, centré sur un cabinet dirigé par des femmes qui représentent des clients riches et célèbres dans des divorces chaotiques. En théorie, c’est alléchant. Dans la pratique, c’est un patchwork d’intrigues qui donnent l’impression que chaque épisode a été écrit à la va-vite, en improvisant sur la dernière vidéo de Beyoncé et en imaginant que cela pourrait devenir un moment mémorable. La vérité, c’est que tout tombe dans le décor : luxueux, clinquant, mais totalement vide de substance. On voit Liberty Ronson voler à New York pour aider un client à récupérer ses bijoux, ou Emerald Greene enquêter sur un mari trompeur habillé comme le Hamburglar. 

 

Tout cela aurait pu tenir dans un simple email, mais on nous vend le suspense comme s’il s’agissait d’une enquête épique. Le cold open de l’épisode trois est presque drôle, rappelant ce que Murphy sait faire de pire mais aussi de plus fun. Mais dès que l’histoire se remet en route, tout est figé, comme après 100 injections de botox. Les thèmes abordés – violence des hommes, manipulation, trahison – sont traités avec une subtilité proche de zéro. Qui s’habille pour monter des meubles dans une chambre d’enfants en sirotant du prosecco de luxe ? Qui invente des scandales d’embryons dignes de la mauvaise saison précédente d’American Horror Story, le tout sur fond de clips de Lana Del Rey ressemblant à une pub de parfum ? 

La série est ridiculement superficielle, et pourtant, ces scènes représentent presque le meilleur qu’elle puisse offrir. Pourtant, certaines performances brillent. Sarah Paulson en Carrington Lane est presque la seule raison de continuer à regarder avec Kim Kardashian. Psychopathe élégante et motivée par la vengeance après dix ans de snobisme, elle claque des répliques, explose des bureaux et incarne une tension crédible, rare dans cet univers aseptisé. Jessica Simpson, malgré un rôle limité, apporte un souffle de vie, jouant Lee-Ann avec une authenticité bienvenue dans ce monde de luxe vide. 

 

Mais même leurs performances sont souvent noyées dans un flot d’extravagances esthétiques : robes, cocktails, yachts, décors improbables, et dialogues pompeux. All’s Fair tente parfois de parler de sujets intéressants. Les divorces ne sont pas seulement des arrangements financiers, ils sont censés illustrer des thèmes de pouvoir, de trahison et de vengeance féminine. Mais tout cela est noyé dans une obsession pour l’apparence : les personnages parlent plus de marques de luxe et de cadeaux chers que de leurs motivations ou de leur psychologie. C’est comme si chaque scène avait été pensée pour une publicité de parfum plutôt que pour raconter une histoire. 

Même le chaos des divorces express, des mariages trahis, ou des intrigues sexuelles extrêmes ne suffit pas à donner du relief à l’ensemble. Le problème majeur, c’est que la série ne sait pas ce qu’elle veut être. Elle tente le drame juridique, le soap opulent, le clip vidéo esthétique, et l’exploration de thématiques sociales sérieuses. Le résultat ? Une série qui n’est ni l’une ni l’autre, une mosaïque d’images et de scènes qui semblent conçues pour impressionner visuellement plutôt que pour captiver narrativement. On en ressort avec l’impression d’avoir regardé un catalogue de luxe animé plutôt qu’une série télévisée. Le talent des actrices est gâché par un script qui ne leur laisse rien à jouer. 

 

Kim Kardashian est concentrée, sérieuse, et pourtant limitée par un personnage qui ne vit jamais vraiment à l’écran. Naomi Watts semble chercher son personnage à travers des poses dramatiques et des dialogues archi-artificiels. Niecy Nash, est la plus proche de ce que Murphy peut appeler comique, mais même elle est confinée dans des situations absurdes qui minent l’impact de ses répliques. Les guest stars passent comme des feux de signalisation, présentes mais inutiles, ajoutant à l’impression d’un décor vivant mais vide. Les intrigues sont superficielles. On a des mariages brisés, des infidélités, des divorces express, des manipulations financières et des scandales familiaux dignes de téléréalité, mais aucune tension dramatique n’émerge. 

La série pourrait être mauvaise mais fun ; elle est juste ennuyeuse et figée. Les seules séquences qui fonctionnent sont celles où les actrices semblent s’amuser, comme Carrington en mode psychopathe ou Jessica Simpson retrouvant un peu de chair et de sang dans son rôle. Les dialogues sont un autre désastre. Au lieu de répliques qui claquent et restent en mémoire, on a droit à des phrases pompeuses et superficielles, dignes d’une brochure de luxe. Même les moments censés être drôles tombent à plat, noyés dans un flot de glamour et de scènes trop parfaites. La satire sociale promise, celle sur le pouvoir des femmes, les hommes riches et la manipulation, est totalement absente. 

 

La série se regarde mais ne se vit pas, elle se consomme comme un magazine de mode animé plutôt qu’un récit captivant. La tentation de comparer All’s Fair avec des séries comme She the People (devenue Miss Governor en cours de route) ou les productions de Tyler Perry est immédiate. Là où ces séries, malgré leurs défauts, parviennent à mêler thèmes sociaux et divertissement, All’s Fair se contente du décor et de l’apparence. Les enjeux dramatiques sont invisibles, et la seule raison de continuer à regarder reste l’observation de la performance des actrices et les moments de chaos esthétique ponctuels. Même les scènes les plus dramatiques de la série, comme Allura découvrant la trahison de son mari ou manipulant les embryons, sont traitées avec un mélange de superficialité et d’excès visuel. 

On a des divorces réglés en cinq minutes, des séquences de violence conjugale édulcorées, et des manipulations financières résolues avec des vidéos compromettantes. Tout est expédié, monté pour l’image, pas pour l’histoire. En résumé, All’s Fair est un objet télévisuel fascinant dans son incapacité totale à produire du récit. C’est une mosaïque de luxe, de glamour et de chaos esthétique, où le talent des actrices est gaspillé et où les intrigues sont inexistantes. On sort de chaque épisode en se demandant comment tant de ressources, de talent et de temps ont pu produire quelque chose d’aussi plat et aseptisé. 

 

Pour résumer : Kim Kardashian fait de son mieux, Sarah Paulson s’éclate comme psychopathe calculatrice, Jessica Simpson apporte une touche inattendue, mais rien n’y fait. La série est une démonstration de luxe et de vide narratif. Même Ryan Murphy, maître du trash divertissant, semble s’être perdu dans la poudre aux yeux et les décors clinquants. Le spectacle est beau, froid, superficiel… et surtout, incroyablement ennuyeux. All’s Fair est donc l’exemple parfait d’un luxe sans fond, d’un chaos sans intrigue, et d’un talent gâché, où les actrices se battent pour donner vie à des rôles qui ne sont jamais vraiment écrits. C’est une expérience à regarder pour la curiosité, pour la beauté des images, ou pour constater à quel point une série peut être parfaitement inutile malgré tout le talent et l’argent investis.

 

Note : 1/10. En bref, All’s Fair est donc l’exemple parfait d’un luxe sans fond, d’un chaos sans intrigue, et d’un talent gâché, où les actrices se battent pour donner vie à des rôles qui ne sont jamais vraiment écrits. 

Disponible sur Disney+

 

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