Critique Ciné : Smashing Machine (2025)

Critique Ciné : Smashing Machine (2025)

Smashing Machine // De Benny Safdie. Avec Dwayne Johnson, Emily Blunt et Lyndsey Gavin.

 

La boxe a toujours été une passion pour moi. J’ai grandi fasciné par les combats et les gestes précis de chaque boxeur, malgré l’avis de mes parents qui pensaient ce sport trop violent. Aujourd’hui, je pratique la boxe en loisir, et elle fait partie de ma vie. Elle m’a appris la discipline, la patience et la manière de gérer l’énergie et la frustration. Le MMA, lui, reste une autre dimension, un mélange d’arts martiaux où chaque affrontement semble tester les limites physiques et mentales des combattants. Quand Smashing Machine a été annoncé, retraçant la carrière de Mark Kerr avec Dwayne Johnson dans le rôle principal, je me suis senti curieux et un peu inquiet.

 

Dwayne Johnson est Mark Kerr, légende du MMA des années 90, surnommé « The Smashing Machine » tandis qu’Emily Blunt incarne son épouse, Dawn Staples.

 

Curieux de voir comment l’intensité de ce sport serait rendue à l’écran, inquiet que le film ne parvienne pas à capturer la complexité d’un combattant et de sa vie hors de la cage. Le film commence par montrer Kerr dans son quotidien de combattant : les entraînements, les combats, la discipline acharnée. Benny Safdie, réalisant pour la première fois en solo après ses collaborations avec son frère, choisit une approche très réaliste. Chaque mouvement, chaque coup est capté avec précision, presque documentaire, et on sent l’effort physique derrière chaque geste. 

 

Cette mise en scène a un côté sec, presque clinique, mais elle permet de percevoir l’épuisement et la détermination d’un homme qui se bat sur plusieurs fronts : la compétition, les addictions et ses propres fragilités. Dwayne Johnson surprend par la sobriété de son interprétation. Loin du showman habitué à mettre en avant sa carrure, il incarne un Mark Kerr à la fois puissant et vulnérable. Ses regards, ses silences et son expression corporelle racontent plus que des dialogues parfois minimalistes. C’est là que réside la force de sa performance : il rend tangible le poids d’une carrière de champion et la solitude que cela implique. 

 

La transformation physique, certes impressionnante, n’écrase jamais l’émotion, et Johnson parvient à transmettre la tension, la fatigue et la fragilité d’un athlète de haut niveau. Emily Blunt, dans un rôle secondaire, apporte une présence subtile. Elle incarne une figure stabilisatrice dans la vie de Kerr, mais sa part dans le récit reste limitée. Sa présence met en relief la difficulté de concilier vie privée et carrière extrême, mais le scénario n’explore pas assez la profondeur de cette relation. Il aurait été intéressant de voir davantage la complexité émotionnelle qui naît de ces interactions, au lieu de se contenter d’illustrer la solitude du combattant.

 

Le film raconte principalement l’année 2000, une période charnière dans la carrière de Kerr. Les années précédentes sont rapidement esquissées et les conséquences de ses premières victoires et défaites restent en arrière-plan. Cette concentration sur un laps de temps restreint permet de suivre Kerr pas à pas, mais elle limite aussi l’impact dramatique. Le spectateur comprend les enjeux physiques et psychologiques, mais manque parfois d’un véritable fil émotionnel qui donnerait à l’histoire toute sa puissance. Smashing Machine ne se contente pas de montrer les combats. Il aborde aussi les addictions de Kerr, les tensions avec sa compagne et la pression extrême de ce sport sur sa santé mentale. 

 

Ces thématiques sont présentes, mais le traitement reste en surface. On comprend la gravité des situations, mais on ne les ressent pas pleinement. Le film observe plus qu’il ne fait vivre, et ce choix rend certaines séquences un peu froides, malgré la sincérité du jeu des acteurs. L’approche visuelle et sonore renforce cette impression. Les combats sont filmés de manière brute, sans effets dramatiques, mais cela peut paraître monotone et manque de tension. La bande-son accompagne parfois les scènes, mais sans toujours renforcer les émotions ou la tension. La photographie, volontairement vintage, permet de situer l’époque et ajoute un certain charme, mais elle n’emporte pas totalement le spectateur dans l’univers du MMA.

 

Pourtant, des moments frappants existent. Les scènes d’entraînement montrent Kerr dans sa routine de lutte et de préparation physique, et elles rendent palpable la pression quotidienne qu’impose ce sport. La manière dont Benny Safdie filme les combats, l’attention aux détails et l’intimité de certains plans permettent de ressentir, par petites touches, la fragilité et l’endurance d’un homme en quête de reconnaissance et de maîtrise. C’est là que Johnson est le plus convaincant : il donne une vie réelle à son personnage, avec ses forces et ses faiblesses. Le problème principal du film reste sa structure et son rythme. 

 

Il y a peu de surprises dans le déroulement, et les combats, malgré leur intensité physique, manquent de spectre émotionnel. Les enjeux dramatiques ne sont pas toujours clairs, et certains arcs narratifs, comme les tensions conjugales ou la dépendance aux opiacés, sont à peine effleurés. Le spectateur sort de la salle avec une impression mitigée : admiration pour la performance de Johnson et curiosité pour le MMA, mais frustration de ne pas avoir été totalement immergé dans la vie complexe de Kerr. En conclusion, Smashing Machine réussit là où beaucoup échouent : rendre crédible et humain un combattant emblématique. 

 

Dwayne Johnson offre l’une de ses performances les plus abouties, Benny Safdie filme avec précision et sensibilité, et le récit aborde des thématiques importantes comme la dépendance et la fragilité derrière la puissance. Mais le film reste frileux, manquant parfois d’ampleur émotionnelle et de rythme dramatique. Pour les amateurs de sport et de biopics, il vaut le détour, surtout si l’on souhaite découvrir le MMA sous un angle humain et réaliste. Pour ceux qui cherchent un film intense et bouleversant, l’expérience risque de sembler tiède par moments.

 

En fin de compte, Smashing Machine est un film sur la force et la vulnérabilité, sur la discipline et la solitude, sur un homme qui se bat autant contre lui-même que contre ses adversaires. Et pour moi, qui pratique la boxe, il fait écho à cette fascination pour la sueur, les efforts et le combat contre ses propres limites, même si le film n’exploite pas pleinement tout le potentiel dramatique de son sujet.

 

Note : 5/10. En bref, Smashing Machine plonge dans la vie d’un combattant de MMA avec réalisme et sensibilité, mais malgré la performance impressionnante de Dwayne Johnson, le film reste trop frileux et manque de tension dramatique.

Sorti le 29 octobre 2025 au cinéma

 

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