Critique Ciné : Saw X (2023)

Saw X // De Kevin Greutert. Avec Tobin Bell, Shawnee Smith et Synnøve Macody Lund.

Kevin Greutert (Saw 6 et Saw 3D: Chapitre final) revient à la réalisation pour un volet assez différent et en même temps complémentaire de tout ce qui a été fait auparavant. Pour autant, on est tout de même loin des ratés de Saw 4 à Saw 6 qui étaient juste catastrophiques car ils ne racontaient plus rien. Saw X n’est pas un excellent film mais il s’avère bien plus satisfaisant que tout un tas d’autres volets de la franchise. La force de Saw X c’est Tobin Bell et le retour de ce sens de l’humour sarcastique qui faisait le charme de la franchise. J’aime la façon dont Tobin Bell incarne ce personnage qui restera probablement LE rôle de sa carrière. Il est présent dans toutes les scènes du film ce qui permet de sortir un peu de certains cadres crades qui laissaient uniquement Bell en voix off de son avatar sur son vélo. Comme dans d’autres films d’horreur qui savent bousculer un peu la dynamique, Saw X met John Kramer au centre de l’histoire. C’est le héros. Kevin Greutert exploite cela de façon plus intéressante que les précédents volets qui faisait finalement de Kramer un vilain présent au second plan et où les victimes sont les héros. 

John Kramer, le tueur au puzzle, est de retour dans le volet le plus perturbant de la franchise SAW. Les événements se situent entre SAW I et II, on y retrouve un John, malade et désespéré, qui se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer, mais il découvre que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d'un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre, et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible « jeu » dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres.

On a de la sympathie pour Kramer dans Saw X. Il s’est fait rouler dans la farine par une société soi-disant spécialiste des traitements du cancer. L’horreur que pratique ces gens là méritait bien d’être racontée et finalement, il y a des gens terribles qui dans un film d’horreur méritent ce qui leurs arrive. Saw X ou Saw 1.5 (puisqu’il se déroule entre le 1er et le second volet) et Kramer ne s’est pas encore résigné à la nature terminale de son cancer. Il a de l’espoir et celui-ci a la forme d’une médecin peut scrupuleuse. Elle gère une clinique dans une ancienne usine désaffectée aux abords de Mexico. En soit le film ne brille pas forcément mais il est mieux construit narrativement parlant que les dernières incursions de la franchise. On retrouve alors ce qui faisait le charme de la franchise à ses débuts (même si le twist final est tout ce qu’il y a de plus prévisible). L’autre élément qui permet à Saw X d’être plutôt sympathique c’est son sens de l’humour bien sarcastique. 

Afin de délivrer quelque chose de neuf, les scénaristes accentuent aussi le côté gore. On a une jeune femme qui doit se couper la jambe et se prélever de la moelle en insérant une tige pour lui ponctionner et sauver sa vie, un anesthésiste (et accessoirement dealer de drogue) qui doit se couper le crâne afin d’ôter des morceaux de son cerveau pour avoir accès à une clé et le sauver, etc. En soit tous ces trucs bien tordus dont Saw a toujours eu le secret fonctionnent même si ce n’est pas parfait non plus. D’un point de vue narratif, Saw X n’a aucune raison d’exister. L’intrigue n’influe pas sur les autres volets de la saga étant donné qu’il se déroule entre deux volets déjà diffusé depuis plus de dix ans. Le but ici est d’user un peu plus le filon mais en donnant malgré tout une raison à son existence : Tobin Bell. Ce dernier devient le vrai héros de sa propre franchise et il était temps. 

Note : 5.5/10. En bref, ce n’est toujours pas parfait mais en mettant John Kramer au centre même du récit, Saw X parvient à faire une vraie proposition en plus d’un sens de l’humour aiguisé et d’une surenchère de gore plutôt maline.

Sorti le 25 octobre au cinéma