Critique Ciné : Vermines (2023)

Vermines // De Sébastien Vaniček. Avec Théo Christine, Sofia Lesaffre et Jérôme Niel.

Le cinéma d’horreur français continue de me surprendre. Vermines fait même parti à mes yeux de ce qui s’est fait de mieux dans le genre en 2023. Il y a un vrai talent chez ce jeune réalisateur qui donne envie de voir ce qu’il a à proposer dans le futur. Vermines mélange intelligemment l’horreur (car oui, le film sait vraiment créer l’angoisse et des jump-scares), le social sans en faire trop (et cela ne vole jamais la vedette aux fameuses araignées) et la comédie (oui, Vermines sait être sarcastique et amusant). La tension est constante du début à la fin et le récit, aussi simple soit-il de prime à bord, développe rapidement des personnages et nous une sympathie pour eux. Vermines est une excellente surprise qui fonctionne de bout en bout, sait créer l’angoisse et en même temps prend le temps de créer des personnages et les développer tout au long de son récit. 

Face à une invasion d'araignées, les habitants d'un immeuble vont devoir survivre.

Plus qu’un très bon film d’horreur visuel, Vermines c’est aussi un film bien écrit. Le film fait forcément écho à ses pairs : Alien (le bruit des araignées dans la pénombre n’est pas sans faire écho au claquement des aliens dans le film de Ridley Scott) et parvient à utiliser la dimension sociale française (l’insalubrité des logements dans les banlieues - faisant d’ailleurs écho à Bâtiment 5 de Ladj Ly sorti en 2023 -, les violences policières face à des gens désarmés, etc.) sans jamais voler la vedette au groupe de personnage et à ces araignées terrifiantes. Le film sait jouer avec nos peurs et même si je n’ai jamais eu peur des araignées, je dois avouer que le film a su me coller au fond de mon siège à de nombreuses reprises. Plutôt que de tomber dans le gore tout venant, Vermines préfère l’angoisse et le côté particulièrement claustrophobe d’un immeuble confiné. On ne sort pas de l’immeuble et au fond cela permet de rapidement installer une angoisse constante. 

Le casting est quant à lui très bon. Théo Christine (B.R.I, Gran Turismo), Sofia Lesaffre (Deep Fear), Jérôme Niel (Visitors) et Lisa Nyarko ont tous quelque chose à proposer. Ils sont tous bons dans leurs rôles et clairement impliqués dans leurs personnages respectifs. Cela donne quelque chose d’assez fou car le casting semble même être amis ou proche depuis des années. Sans jamais laisser la pression retomber, le film joue sur son idée de départ sans jamais la laisser de côté. C’est vivant, flippant, drôle par moment et même engagé. Au fond, on ne pouvait pas rêver mieux qu’une telle histoire angoissante. Rien de mieux qu’un bon huis clos comme ça pour démarrer l’année (la terminée par rapport à son jour de sortie). Vermines va bien au delà de son sous texte social sur les banlieues françaises et le mal logement. Le choix de l’araignée n’est d’ailleurs pas anodin. C’est un symbole. La scène d’ouverture du film peut être interprétée comme une vengeance des pays du Sud contre la cupidité des pays du Nord. 

L’introduction est donc pour moi le début d’une malédiction envoyée aux pays du Nord qui, par leurs richesses, viennent piller les animaux (et insectes) en les sortant de leur habitat naturel. Car il y a aussi un message animaliste au delà du message social et du double sens du titre du film. Le film a beau être engagé, il n’en reste pas moins un film d’horreur. Il évite de répéter tout ce que le cinéma de Romain Gavras à Ladj Ly notamment ont pu faire ces dernières années. C’est engagé sans pour autant que cela soit collé sous nos yeux, rendant le propos d’autant plus intéressant et permettant de profiter pleinement d’un parti pris artistique. 

Note : 9/10. En bref, du vrai cinéma d’horreur à la française et qu’est-ce que ça fait du bien de voir ça. 

Sorti le 27 décembre 2023 au cinéma