Critique Ciné : La Passion de Dodin Bouffant (2023)

La Passion de Dodin Bouffant // De Tran Anh Hung. Avec Juliette Binoche, Benoît Magimel et Emmanuel Salinger.

La Passion de Dodin Bouffant c’est une véritable histoire d’amour. Une histoire d’amour entre Eugénie et Dodin mais surtout une histoire d’amour de la cuisine française. La Passion de Dodin Bouffant est un film sensoriel qui nous fait vivre la cuisine à travers les images et les sons. On sent que Tran Anh Hung a un amour profond de notre cuisine et de nos grandes tablées où l’on parle de tout, boit du vin, déguste tout types de mets délicieux. La première heure du film est grandement utilisée afin de mettre en scène la cuisine avec ses arômes, ses saveurs et un silence de la part des personnages qui permet de profiter des sons du film. On entend alors les éléments crédités dans les casseroles, les liquides qui coulent dans des éléments de cuisine, l’eau bouillir, et finalement c’est l’une des plus belles choses qu’il y ait dans ce film.  Le son est un élément essentiel dans La Passion de Dodin Bouffant afin de nous permettre de ressentir toutes les images que le réalisateur veut nous montrer. 

Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin. Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l'admiration réciproque est née une relation amoureuse. De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle.

Bien plus qu’une histoire d’amour culinaire où l’on passe du boeuf bourguignon au Pot-Au-Feu en passant par le Vol-Au-Vent (créé par Marie-Antoine Carême). D’ailleurs, La Passion de Dodin Bouffant est aussi là pour nous apprendre des choses sur la cuisine française en parlant de l’origine des recettes et de l’importance que certains plats simples peuvent avoir. Je pense notamment à l’histoire du Pot-Au-Feu. Il n’y a pas plus français que ce plat emblématique de notre cuisine et pourtant, sa simplicité fait aussi tout son charme et toute sa complexité. L’histoire entre Eugénie et Dodin prend une dimension assez tragique dans la seconde partie du film, permettant de créer des enjeux dramatiques plus forts et de libérer de vives émotions. Dans sa mise en scène, Tran Anh Hung n’oublie pas l’importance de l’image. Que cela soit des gros plans sur la cuisine et les casseroles qui chauffent ou encore des scènes plus intimistes au bord de l’eau à profiter du son des insectes la nuit à la campagne. 

J’ai été particulièrement touché par La Passion de Dodin Bouffant car il a su allier ce que j’aime (la cuisine) avec une vraie passion. C’est gourmand et délicieux à regarder. Il ne faut pas avoir le ventre vide quand on va voir La Passion de Dodin Bouffant. Dans ce sens là, cela m’a beaucoup rappelé le brillant The Lunchbox (2013) qui mettait lui aussi en avant la cuisine et qui était tout simplement un film magnifique. Juliette Binoche et Benoît Magimel sont brillants. Les deux acteurs n’ont plus rien à prouver mais parviennent à faire vivre leurs personnages à travers des regards, des façons de délivrer les dialogues, des expressions sur leurs visages. C’est assez fort et participe encore plus à la réussite de La Passion de Dodin Bouffant. Finalement, je comprends aussi pourquoi on a envoyé La Passion de Dodin Bouffant aux Oscars plutôt que Anatomie d’une Chute. Loin de moi l’envie de dire que ce dernier ne le méritait pas mais La Passion de Dodin Bouffant représente aussi tellement la beauté de la France, tant par ses campagnes, sa convivialité à table que sa cuisine. 

Note : 9.5/10. En bref, une véritable expérience sensorielle à ne pas déguster le ventre vide. 

Sorti le 8 novembre 2023 au cinéma - Disponible en DVD et VOD