13 Avril 2024
Origin // De Ana DuVernay. Avec Aunjanue Ellis, Jon Bernthal et Vera Farmiga.
En adaptant le roman de Isabel Wilkerson, gagnante du prix Pulitzer, Ana DuVernay propose une étude ambitieuse du deuil et de comment s’en sortir émotionnellement. Du début à la fin, Origin m’a brisé. Oui, en milles morceaux. Aunjanue Ellis-Taylor m’a ému aux larmes. Je dois avouer que cela n’arrive pas tous les jours devant un film d’être ému mais elle mérite vraiment un Oscar pour sa prestation dans le film. Pour autant, Origin reste imparfait aussi. Le roman d’Isabel Wilkerson, Caste: The Origins of Our Discontents est inspiré de sa propre vie personnelle et professionnelle. Il y a toute une implication derrière que Ana DuVernay tente de coucher en images dans son film. Si Origin est joli et plutôt soigné dans l’écriture, c’est clairement Aunjanue Ellis-Taylor qui porte le film sur ses épaules. L’histoire de Origin est fascinante dans sa façon d’entreprendre l’idée de son livre. Qu’est-ce que le racisme des temps modernes. Cette façon de cristalliser la société dans l’écrit ressort en partie à l’écran. Mais je dois avouer que la charme émotionnelle ne transpire pas autant que dans son côté le plus littéraire.
Le roman démontre comment les vies actuelles de millions d'américains ont été définies officieusement par une hiérarchie de divisions humaines remontant à plusieurs générations.
Ana DuVernay prouve cependant qu’elle a une véritable dextérité visuelle. Elle expérimente une fois de plus des styles et les mélange. Aidée par la photographie de Matthew J. Lloyd, elle peut exprimer pas mal de choses dans ce qu’elle propose visuellement et c’est assez joli. Il y a une certaine poésie dans certaines scènes et je trouve ça juste magnifique. C’est dans ce genre de moments que Origin m’a complètement eu émotionnellement. Je ne sais pas si je peux pleinement être partial sur le film. Disons que Origin a énormément de défauts mais pas celui de créer quelque chose d’émouvant. Le récit implique tellement de charge émotionnelle qu’il est difficile de ne pas être touché en plein coeur (à moins d’avoir un coeur de pierre). Ana DuVernay démontre qu’elle n’est pas comme ces réalisateurs qui font des films du même acabit et qui rendent le tout trop lisse. 2h20 c’est long mais c’est ici assez malicieux. Disons que la réalisatrice apporte à chaque scène un petit truc en plus qui lui donne plus d’ampleur.
Ce n’est pas non plus facile de faire un film comme Origin. Transformer un roman documentaire en quelque chose un biopic dramaturgique. Bien que cela ne soit pas parfait dans l’adaptation en tant que tel, Origin sait tout de même trouver le spectateur et l’inclure dans l’histoire de ses personnages. Ellis-Taylor délivre une performance brillante, épurée de tout pathos. Cela permet d’ailleurs de rendre le personnage tout de suite touchant. On sent les émotions et leur simplicité. Origin est donc un très joli film sur le deuil et sur le besoin de comprendre la société. Pas facile mais en tout cas c’est une belle proposition. Ana DuVernay avec son directeur de la photo offrent quelque chose de moins consensuel que ce que l’on peut voir des drames américains et l’actrice principale est juste parfaite dans le rôle.
Note : 7/10. En bref, Origin m’a brisé et laissé en larmes. C’est imparfait dans son adaptation mais Ellis-Taylor est brillante et c’est juste beau de simplicité.
Prochainement en France
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