24 Août 2024
Les Rois de la Piste // De Thierry Klifa. Avec Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz et Nicolas Duvauchelle.
Les Rois de la Piste marquait cette année le grand retour de Thierry Klifa, réalisateur talentueux qui a su marquer le cinéma français avec des mélodrames touchants et profonds. Malheureusement, cette attente a été rapidement déçue, car Les Rois de la Piste ne parvient pas à s'élever au niveau des précédents films du réalisateur. Le film, qui se voulait être une comédie dramatique mêlant loufoquerie et émotion, se révèle être une succession d'échecs sur plusieurs plans. Dès les premières minutes, le film semble prometteur. Le prologue, qui nous plonge dans un casse familial minutieusement préparé, laisse entrevoir un mélange de tension et de comédie qui pourrait être captivant. Cependant, l'illusion ne dure pas. Très vite, l'intrigue s'enlise dans une série de situations invraisemblables et grotesques, rendant difficile l'adhésion à cette histoire de famille de petits trafiquants aux valeurs morales douteuses.
Rachel, sorte de Ma Dalton, a élevé ses fils Sam et Jérémie, et son petit-fils, Nathan, dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaitre sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste, une détective rusée et charmeuse, et Gauthier, son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite...
Le rythme du film oscille maladroitement entre des moments d'accélération feinte et des passages monotones, créant un décalage inconfortable qui rend la narration laborieuse à suivre. Là où le bât blesse particulièrement, c'est dans la construction des personnages. Ceux-ci, pourtant incarnés par un casting de rêve, manquent cruellement de profondeur et de cohérence. Fanny Ardant, actrice légendaire au charisme indéniable, est réduite à jouer une sorte de caricature de Ma Dalton, dont les excentricités finissent par agacer plus qu'elles ne divertissent. De son côté, Mathieu Kassovitz semble perdu dans un rôle de dépressif médicamenteux, un registre à contre-emploi qui ne parvient jamais à convaincre. Nicolas Duvauchelle, en travesti, peine à apporter de la crédibilité à son personnage, tandis que Ben Attal, bien que prometteur, est desservi par un personnage mal écrit, aux réactions souvent incompréhensibles.
Laetitia Dosch, quant à elle, est sans doute la seule à tirer véritablement son épingle du jeu. Sa prestation naturelle et spontanée apporte un peu de fraîcheur à un film qui en manque cruellement. Cependant, même son éclat ne suffit pas à sauver Les Rois de la Piste de la morosité ambiante qui l'enveloppe. Le scénario, bien qu'il essaie de surprendre par quelques rebondissements et un jeu de chat et de la souris entre les personnages, reste plombé par ses approximations et ses incohérences. L'intrigue, centrée sur un tableau volé et une famille de malfrats maladroits, aurait pu offrir une comédie dynamique et rythmée. Pourtant, le résultat est loin d'être à la hauteur. Les longueurs inutiles s'accumulent, le récit s'essouffle, et les rares scènes qui pourraient se démarquer sont noyées dans une mise en scène sans relief. Les échanges entre les personnages, censés être piquants et drôles, tombent souvent à plat, ne parvenant à susciter que quelques sourires timides.
Ce qui est particulièrement frustrant, c'est de constater que les ingrédients pour un bon film étaient là. Un casting prestigieux, une intrigue qui aurait pu être captivante, et un réalisateur connu pour sa capacité à jongler entre émotion et humour. Mais la mayonnaise ne prend pas, et on reste sur notre faim. En conclusion, Les Rois de la Piste est une déception, une œuvre qui peine à trouver son ton et son rythme, malgré un casting talentueux qui méritait mieux. Le film aurait pu être une comédie dramatique piquante et divertissante, mais il s’égare dans une intrigue confuse et des personnages mal construits. Thierry Klifa, après presque dix ans d'absence, revient malheureusement avec un film qui, sans être totalement raté, reste bien en deçà des attentes. Pour ceux qui espéraient une œuvre à la hauteur de ses précédents succès, Les Rois de la Piste ne sera qu’un souvenir rapidement oublié.
Note : 5/10. En bref, comédie passable mais j’attendais mieux de la part de Thierry Klifa.
Sorti le 13 mars 2024 au cinéma - Disponible en VOD
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