Until I Kill You (Mini-series, 4 épisodes) : survivre au tueur en série John Sweeney

Until I Kill You (Mini-series, 4 épisodes) : survivre au tueur en série John Sweeney

La mini-série Until I Kill You, diffusée récemment sur ITV, a attiré mon attention non seulement pour son sujet bouleversant mais surtout pour la performance exceptionnelle des acteurs qui y jouent des rôles difficiles. En quatre épisodes, elle raconte l’histoire terrifiante de Delia Balmer, survivante d’un tueur en série, John Sweeney. Basée sur des faits réels, cette série plonge dans les profondeurs du traumatisme, de la violence, mais aussi des failles du système judiciaire. Pour moi, il est clair que la performance d’Anna Maxwell Martin, qui incarne Delia Balmer, est le point culminant de la série. Son interprétation va au-delà de la simple victimisation; elle explore les complexités psychologiques d'une femme qui a survécu à l'indicible. Martin incarne une Delia différente des stéréotypes habituels de la victime de violence que l’on retrouve souvent dans les drames télévisés. 

 

Elle est solitaire, socialement maladroite, avec une personnalité difficile à cerner. Ce n’est pas une héroïne traditionnelle à laquelle il est facile de s’identifier, mais c’est justement cette singularité qui la rend si fascinante. Delia est loin d’être une victime passive ou une figure de pitié. Au contraire, c’est une femme marquée par un passé compliqué, déconnectée des autres, et c’est cette personnalité complexe qui semble attirer Sweeney, joué par Shaun Evans. En tant que spectateur, on comprend vite que Delia n’est pas facile à approcher ou à cerner, même pour les gens autour d'elle, et c’est ce qui rend son histoire encore plus poignante. Shaun Evans, que beaucoup connaissent pour son rôle d’Endeavour Morse dans la série Endeavour, est ici méconnaissable. Evans incarne un John Sweeney profondément repoussant, dans un contraste total avec ses rôles précédents. Sa transformation physique — longue chevelure négligée, barbe, et accent de Liverpool — renforce son caractère vil. 

 

Son jeu est glaçant, mais Evans n'est pas omniprésent dans la série, un choix judicieux qui permet de maintenir la tension tout en évitant de trop s’attarder sur les actes de violence. L’accent reste sur Delia, son calvaire, et surtout, ses efforts pour retrouver un semblant de vie après l'horreur. L’un des aspects que j’ai trouvé particulièrement fort dans Until I Kill You est la manière dont la série aborde la lenteur et l’indifférence du système judiciaire. Bien que Delia ait survécu à son agression, son cauchemar ne s’est pas arrêté avec l’arrestation de Sweeney. La série montre avec un réalisme frappant les failles et la froideur des institutions censées protéger les victimes. Delia doit constamment lutter non seulement contre ses propres démons, mais aussi contre un système qui minimise la gravité de ce qu’elle a vécu. Cette représentation d'une justice lente et parfois complice dans son inaction est, selon moi, un point fort du récit. Cela permet de montrer à quel point la violence masculine, en particulier envers les femmes, est souvent traitée avec une négligence troublante.

 

Ce qui ressort de Until I Kill You, c'est que la série va au-delà du simple drame criminel. Certes, elle est basée sur une affaire de tueur en série, mais l’approche du scénariste Nick Stevens met en lumière les effets psychologiques profonds de la violence. Le scénario ne se contente pas de décrire les événements; il creuse dans les impacts émotionnels, dans la douleur quotidienne et la honte que ressent Delia. Le dialogue où elle avoue son malaise à utiliser le mot viol est particulièrement puissant. Ce n’est pas juste une scène, c’est une fenêtre sur l’état mental de Delia, son refus de se laisser définir par ce qui lui est arrivé. À cet égard, la série ne glorifie jamais la violence, mais montre avec sensibilité l’effort nécessaire pour la surmonter. Sur le plan narratif, je dois admettre que la structure non linéaire de la série, avec des sauts temporels imprévisibles, peut déstabiliser. Cela donne parfois l’impression que l’histoire avance par à-coups, rendant difficile une immersion complète dans certains moments clés. 

 

Les transitions entre les différentes périodes de la vie de Delia manquent parfois de fluidité, et cela peut perturber le rythme. Toutefois, je pense que cette approche fragmentée reflète aussi, à sa manière, l’expérience traumatique de Delia, qui ne peut jamais vraiment se reconstruire de façon linéaire. Le spectateur est ainsi invité à naviguer dans ces ruptures, un peu comme Delia doit constamment jongler avec son passé et son présent. L’un des moments les plus troublants de la série est certainement le traitement réservé aux autres victimes de Sweeney. Le fait que deux autres femmes aient été tuées et que leurs corps aient été jetés dans des canaux souligne la brutalité du personnage, mais ces détails sont presque relayés au second plan. En tant que spectateur, on ressent une certaine frustration face à l’impunité apparente du criminel pendant tant d’années, mais c’est aussi ce qui rend la série si percutante. Elle ne cherche pas à offrir une fin rassurante ou une justice simple. 

 

Le vrai méchant n’est pas seulement Sweeney, mais aussi un système entier qui échoue à protéger les plus vulnérables. La réalisation de la série est également à souligner. Bien que Until I Kill You ne soit pas une production à gros budget, les scènes sont filmées avec une sobriété qui sert le sujet. Il n’y a pas d’effets dramatiques superflus; l’accent est toujours mis sur les personnages et leur évolution. J'ai aussi apprécié la manière dont certains lieux, comme Amsterdam, sont utilisés avec parcimonie, renforçant ainsi l’idée que le mal est partout, sans frontières. Pour conclure, Until I Kill You est une mini-série qui mérite d’être vue, non seulement pour son traitement de la violence psychologique et physique, mais aussi pour ses performances d’acteurs remarquables. Anna Maxwell Martin brille dans un rôle difficile, qui exige à la fois vulnérabilité et force intérieure. Shaun Evans, quant à lui, s’éloigne définitivement des rôles auxquels il nous avait habitués, et offre une prestation effrayante dans le rôle du tueur John Sweeney.

 

Ce n’est pas une série facile à regarder, mais c’est précisément son honnêteté brutale qui la rend si puissante. Elle invite à une réflexion plus profonde sur la manière dont les victimes de violence sont traitées, non seulement par leurs bourreaux, mais aussi par la société et le système judiciaire. Si vous cherchez une série qui va au-delà des récits criminels classiques pour explorer des thématiques difficiles avec authenticité, Until I Kill You est une bonne idée, sinon vous ne serez pas forcément surpris par la structure ou l’ensemble.

 

Note : 6/10. En bref, l’histoire de la survivante du tueur en série John Sweeney. 

Prochainement en France

 

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