Critiques Séries : Tulsa King. Saison 3. Episode 5.

Critiques Séries : Tulsa King. Saison 3. Episode 5.

Tulsa King // Saison 3. Episode 5. On the Rocks.

 

Cinquième épisode déjà pour la saison 3 de Tulsa King, intitulé « On the Rocks », et force est de constater que la série continue de naviguer à vue. Ce nouvel épisode, pourtant riche en promesses, confirme une impression que beaucoup de fans partagent : la magie des débuts s’éloigne, et la construction scénaristique commence à vaciller. Après un épisode 4 qui servait de transition maladroite, celui-ci tente de relancer la machine – sans toutefois retrouver l’équilibre ni la cohérence qui faisaient la force des premières saisons. Au début de l’épisode, tout semble aller pour le mieux dans le petit empire de Dwight Manfredi (Sylvester Stallone). 

 

La bande a récupéré la fameuse Montague 50, et la distillerie s’apprête à célébrer un lancement triomphal. Les affaires reprennent, les alliances semblent solides, et même Tyson trouve enfin un moment de répit aux côtés de son père. On se dit alors que la série va peut-être retrouver un peu de souffle après un début de saison chaotique. Mais comme souvent dans Tulsa King, la tranquillité n’est qu’un mirage. À peine a-t-on eu le temps de savourer ce calme relatif que tout part de travers. Le retour de Jeremiah Dunmire remet immédiatement le feu aux poudres, et son influence grandissante fait vaciller l’équilibre fragile que Dwight tente de maintenir.

L’idée d’un affrontement entre Dwight et les Dunmire promettait un duel intense et symbolique, mais la mise en scène peine à suivre. L’écriture, quant à elle, multiplie les détours et les dialogues creux, sans jamais oser aller au bout de ses enjeux. Ce qui saute aux yeux dans cet épisode, c’est à quel point Tulsa King s’éparpille. Entre les manipulations de Musso, les ambitions politiques de Margaret, la rivalité père-fils entre Cole et Jeremiah, et les manigances de Bill, on a presque du mal à savoir où donner de la tête. Dwight, censé être le cœur du récit, passe une grande partie de l’épisode à obéir aveuglément aux ordres de Musso, au lieu de reprendre le contrôle de son territoire. 

 

Cette sous-intrigue, censée créer de la tension, finit par diluer l’intérêt du spectateur. La série semble vouloir à tout prix entrelacer plusieurs arcs narratifs, mais sans cohérence ni progression claire. Résultat : au lieu d’un drame mafieux tendu et intelligent, on se retrouve avec une succession de scènes disparates, souvent dépourvues d’émotion. La tension entre Dwight et Bill aurait pu être l’un des fils rouges de la saison, mais elle est traitée de manière superficielle. Certes, la confrontation entre Stallone et Frank Grillo offre quelques étincelles, mais le tout manque de densité et de logique interne. Sur le plan visuel, Tulsa King nous avait habitués à une réalisation solide, parfois élégante dans sa brutalité. 

Ici, la caméra semble chercher sa place. Les scènes sont courtes, souvent hachées, comme si le montage avait été pensé dans la précipitation. Les dialogues, eux, paraissent improvisés, et Stallone, pourtant toujours charismatique, donne l’impression d’improviser plus qu’il ne joue. Le moment censé être le point culminant – la mort accidentelle de l’inspecteur de la santé – aurait pu marquer les esprits par sa tension tragique. Mais la scène vire à la caricature, transformant une situation dramatique en farce involontaire. Ce genre de maladresse illustre bien le problème de cette saison : Tulsa King ne sait plus sur quel ton jouer. 

 

Là où les premières saisons trouvaient un équilibre entre humour noir et tension mafieuse, cette troisième saison s’éparpille entre comédie involontaire et drame sans intensité. L’autre gros point faible de l’épisode réside dans ses arcs de personnages. Certains, comme Cole Dunmire, bénéficient d’un temps d’écran démesuré sans réelle utilité narrative. Son histoire de fils blessé cherchant la validation de son père est déjà vue mille fois, et la série n’y apporte rien de neuf. Pire encore, son flirt improbable avec Spencer, la fille de Stallone dans la vraie vie, frôle la gêne tant la dynamique sonne forcée. Pendant ce temps, des personnages secondaires plus intéressants comme Bodhi ou Grace sont relégués à de simples figurants. 

L’alchimie entre Dwight et Margaret, autrefois l’un des moteurs émotionnels de la série, s’essouffle également. Leur complicité semblait prometteuse ; elle n’est plus qu’un échange de répliques convenues. L’absence de Taylor Sheridan et de Terence Winter, les deux têtes pensantes qui avaient façonné l’identité de Tulsa King, se fait cruellement sentir. Sans eux, la série a perdu son mordant, son sens du rythme et sa cohérence. Le scénario paraît improvisé, sans véritable direction. L’univers de Tulsa King s’étend, certes – de Tulsa à Brooklyn, des distilleries aux cercles politiques – mais cette expansion se fait au détriment de la tension narrative. 

 

À vouloir tout raconter, la série finit par ne rien raconter de marquant. Même la musique et la photographie, autrefois soignées, semblent désormais standardisées. Là où les deux premières saisons avaient une patte quasi cinématographique, cette saison 3 ressemble de plus en plus à un spin-off de second plan. Soyons honnêtes : Tulsa King garde encore quelques atouts. L’aura de Stallone reste indéniable, et certaines scènes de confrontation fonctionnent malgré tout. Le concept d’un vieux parrain de la mafia réapprenant les codes du crime moderne avait de quoi séduire, et c’est probablement ce qui maintient une partie du public. 

Mais « On the Rocks » illustre une vérité que la série semble ignorer : sans une écriture solide, même la meilleure des idées finit par s’éroder. À force de vouloir multiplier les intrigues et les rebondissements, Tulsa King oublie ce qui faisait son charme : la simplicité d’un anti-héros vieillissant essayant de reprendre le contrôle de sa vie. En résumé, cet épisode 5 n’est ni catastrophique ni vraiment réussi. Il se contente d’occuper l’espace, d’étirer les intrigues et de préparer vaguement la suite. Quelques moments de tension surnagent – notamment autour de l’arrestation de Bill – mais l’ensemble manque de souffle.

 

Note : 4.5/10. En bref, un épisode qui peine à convaincre, plombé par des dialogues creux et un scénario dispersé. Tulsa King garde un certain charme, mais il s’effrite un peu plus à chaque semaine. Si Tulsa King veut éviter la sortie de route, il va falloir que la série retrouve sa voix : celle d’un récit mafieux sincère, brutal et intelligent, pas celle d’un soap déguisé en drame criminel.

Disponible sur Paramount+

 

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