4 Novembre 2025
Depuis des siècles, le mythe de Robin des Bois se réinvente à chaque génération, s’adaptant aux récits et aux sensibilités de son époque. La série Robin Hood diffusée sur MGM+ aux Etats-Unis et disponible sur M6+ en France, s’inscrit dans cette tradition, mais choisit de mêler récit historique et drame intime. Après les deux premiers épisodes, il est possible de discerner la direction que prend la série, ainsi que ses qualités et ses limites. La première particularité de cette adaptation réside dans son ancrage historique. L’histoire se déroule après la conquête normande, une période durant laquelle les Saxons ont été dépossédés de leurs terres et marginalisés.
Après l'invasion normande de l'Angleterre, Rob, le fils d'un forestier saxon, et Marianne, la fille d'un seigneur normand, tombent amoureux et s'engagent ensemble pour faire triompher la justice et la liberté. Alors que Rob se retrouve à la tête d'une bande de rebelles hors-la-loi, Marianne infiltre le pouvoir à la cour. Tous deux s'efforcent de contrecarrer la corruption royale et d'apporter la paix dans le pays.
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Ce contexte n’est pas seulement un décor, il conditionne directement le parcours de Rob, futur hors-la-loi. Les premiers épisodes montrent un jeune Saxon écrasé par la domination normande, loin de l’image du héros accompli que l’imaginaire collectif connaît. Cette introduction souligne que sa rébellion ne naît pas d’un goût du défi, mais de l’injustice qui le frappe et qui lui enlève toute alternative. L’intérêt de cette approche réside dans le fait que la série ne se limite pas à un récit d’aventures : elle prend en compte le contexte social et politique, ainsi que le rapport de force entre Saxons et Normands. L’un des éléments narratifs centraux de ces épisodes est la rencontre entre Rob et Marian, fille de l’Earl de Huntingdon.
Leur relation ne repose pas sur un coup de foudre ou une attirance immédiate, mais sur un contraste social marqué : un jeune homme opprimé et une noble élevée dans le confort d’un monde bâti sur l’injustice que subissent les Saxons. Marian n’est pas présentée comme une simple héroïne romantique. La série insiste sur son quotidien, ses contraintes et son rapport compliqué à son père. La découverte de la culture saxonne par Marian, avec ses incompréhensions et ses émerveillements, enrichit la dynamique entre les deux personnages sans précipiter leur romance. Le Shérif de Nottingham occupe également une place intéressante. Sean Bean incarne un personnage partagé entre ses obligations de représentant de la loi et sa vie de père.
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Le choix de lui donner une fille, Priscilla, change profondément sa dynamique. Il n’apparaît pas seulement comme un antagoniste : ses décisions sont conditionnées par son rôle de père, ce qui introduit un niveau de nuance inhabituel pour ce personnage traditionnellement caricatural. Priscilla, elle, se distingue par son attitude presque contemporaine, sa capacité à manipuler son environnement et sa personnalité affirmée. Ce contraste avec Marian, plus réfléchie et prudente, crée une tension intéressante et apporte un souffle différent à l’intrigue. Visuellement, la série parvient à installer une atmosphère médiévale crédible. Les décors, les costumes et l’ambiance sonore rendent l’époque tangible, sans tomber dans le fantaisiste ou le kitsch.
Cette attention au détail contribue à une immersion immédiate. Le récit progresse cependant avec prudence : il installe les personnages et les enjeux sans chercher à précipiter l’action. La transformation de Rob en hors-la-loi survient progressivement, soulignant que cette série préfère poser les fondations d’un mythe plutôt que de se concentrer sur des scènes d’aventure spectaculaires dès le départ. Après ces deux épisodes, il est possible de tirer quelques conclusions provisoires. La série souhaite raconter Robin Hood comme un drame historique, avec des personnages développés et un contexte social et politique fort. Les relations entre les personnages sont établies, les tensions apparaissent, mais la série n’a pas encore livré de moments qui marquent profondément le spectateur.
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Rien ne surprend véritablement, mais rien ne déçoit non plus. La mise en place reste solide et permet d’anticiper une progression naturelle de l’intrigue. L’impression générale est celle d’un début réfléchi et maîtrisé, mais encore un peu distant émotionnellement. La série prend le temps d’exposer ses personnages et son cadre historique, et c’est en cela qu’elle se distingue des adaptations plus légères. Reste à voir si les épisodes suivants sauront développer les enjeux et offrir une intensité dramatique capable de transformer un bon démarrage en véritable succès.
En conclusion, Robin Hood commence avec des intentions claires : raconter le mythe dans un cadre historique précis, explorer les conflits sociaux et politiques, et présenter des personnages aux motivations compréhensibles.
Note : 6/10. En bref, les deux premiers épisodes posent ces bases avec sérieux et soin. La série ne propose pas encore une expérience mémorable, mais elle installe un cadre solide qui pourrait s’étoffer et gagner en profondeur au fil des épisodes.
Disponible sur M6+
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