15 Avril 2025
The Equalizer (2021) // Saison 5. Episode 15. Deception.
Après un épisode 14 intense où la série flirtait avec le thriller psychologique et l'horreur, The Equalizer change complètement de ton avec son quinzième épisode. Ici, l’action laisse la place à une intrigue plus personnelle, plus douce en apparence, mais profondément humaine et chargée d’émotions. Un changement de rythme bienvenu, qui permet à la série d’explorer d’autres facettes de ses personnages et de leur donner, enfin, un peu d’espace pour respirer. Ce qui marque d’emblée, c’est la décision de Robyn McCall de lever le pied. Pour une fois, elle ne se jette pas dans une mission périlleuse ou un dossier complexe.
Elle décide de passer du temps avec sa fille, Delilah. Une décision qui, sur le papier, semble anodine… mais qui se révèle essentielle, tant pour le personnage que pour la série. Robyn, c’est avant tout une mère. Et cet épisode nous le rappelle avec tendresse, mais aussi avec lucidité. Delilah est en crise, perdue dans une période charnière de sa vie, où les échecs commencent à peser plus lourd que les espoirs. Rejetée par une université – en partie à cause de son passé militant et d’une arrestation – elle se met à déraper. L’alcool, les soirées, la perte de repères… Tout cela pourrait sembler classique, mais ici, c’est traité avec beaucoup de finesse.
Delilah n’est pas une ado rebelle pour le plaisir. Elle est en pleine panique existentielle. Voir ses meilleures amies être acceptées à Princeton, alors qu’elle accumule les refus, suffit à fissurer sa confiance. La série aborde subtilement un sujet souvent ignoré : la pression académique chez les jeunes, et ce sentiment d’échec quand on n’entre pas dans les cases prévues. Robyn, en mère attentive, ne condamne pas les choix de sa fille. Elle comprend, car elle aussi a pris de mauvais chemins dans sa jeunesse. Elle partage un moment fort : son arrestation pour vol de voiture à l’adolescence, et comment cette erreur l’a mise sur la route de l’armée… puis de la CIA.
Le message est clair : le succès ne suit pas un chemin linéaire. Et ça fait du bien d’entendre ça dans une série habituellement rythmée par l’urgence et les décisions immédiates. Si la relation mère-fille est le cœur émotionnel de l’épisode, la storyline de Mel apporte une couche plus sombre. Marquée par un syndrome de stress post-traumatique qu’elle tente encore de gérer, elle vit un épisode brutal en pleine rue, simplement pour une histoire de place de parking. Un homme agressif, verbalement menaçant, réveille en elle une violence défensive incontrôlable. Elle sort son arme, déclenche une crise, et fuit.
C’est un moment clé, car il démontre que même les plus forts peuvent s’effondrer. Mel tente de cacher ce moment de faiblesse, par honte. Mais c’est justement cette vulnérabilité qui la rend si attachante. Grâce à sa thérapeute, elle finit par ouvrir les yeux : elle ne peut pas porter ce fardeau seule. En parallèle, l’intrigue secondaire, centrée sur Aunt Vi et son amie Evelyn, vient ancrer l’épisode dans une autre forme de réalité : celle des escroqueries affectives. Nigel, un homme charismatique et "trop parfait", s’avère être un arnaqueur professionnel. Il promet monts et merveilles à des femmes vulnérables avant de leur soutirer de l’argent. Evelyn perd 250 000 dollars dans l’histoire, et frôle la tentative de suicide.
Là encore, l’écriture est fine. Pas de jugement, pas de pathos excessif. Seulement la démonstration que la manipulation affective peut arriver à n’importe qui. Et que les dégâts psychologiques sont souvent pires que les pertes matérielles. Ce qui rend cet épisode particulièrement intéressant, c’est qu’il ose ralentir. Il mise tout sur l’introspection, les relations humaines et les blessures invisibles. C’est un pari risqué dans une série qui mise souvent sur le rythme et la tension, mais il est réussi. Et même si l’action est plus discrète, le suspense reste présent. On retient son souffle lorsqu’il s’agit d’empêcher Nigel de fuir avec l’argent.
Et si la résolution est un peu limite d’un point de vue légal (merci Dante pour avoir contourné les règles), elle reste cohérente dans l’univers moral de la série. L’épisode 15 de la saison 5 de The Equalizer n’est peut-être pas le plus explosif, ni le plus spectaculaire, mais c’est l’un des plus humains. Il permet d’explorer les blessures intimes, les échecs, les regrets, mais aussi l’amour, la résilience et la capacité à se relever. Après un épisode 14 centré sur un tueur glaçant et une enquête haletante, cet épisode fonctionne comme un contrepoint parfait : plus personnel, plus doux, mais tout aussi fort. Un bel équilibre — et au fond, n’est-ce pas ce que la série promet dès son titre ?
Note : 6/10. En bref, l’épisode 15 de la saison 5 de The Equalizer n’est peut-être pas le plus explosif, ni le plus spectaculaire, mais c’est l’un des plus humains. Il permet d’explorer les blessures intimes, les échecs, les regrets, mais aussi l’amour, la résilience et la capacité à se relever.
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